C’est une triste nouvelle : la France ne cesse de battre des records en matière de nombre de détenus. Récemment, la barre des 74 000 détenus a été dépassée, du jamais vu. Ces chiffres mettent forcément en lumière la surpopulation des prisons et maisons d’arrêt de l’Hexagone et des outre-mer. Parmi tous ces établissements, c’est celui de Mayotte, situé à Majicavo, qui est le plus surpeuplé de France : le centre pénitentiaire pointe à un triste 278,1% d’occupation, loin devant le deuxième du classement, situé à Perpignan (212,2%). Pour rappel, une augmentation exceptionnelle de détenus est enregistrée à Majicavo ces derniers mois : le taux d’occupation était de 180% en septembre 2022.
De la souveraineté française assumée à Mayotte !
Dans le concert des nations la defense des frontières constitue l’expression par excellence de la souveraineté de tout pays . Chacun sait que Mayotte est revendiquée par les Comores qui invoquent pour seul titre à cette fin la résolution de l’ONU qui affirme sans en apporter la moindre démonstration juridique que l’île fait partie de l’Etat comorien . De son côté la France invoque ses titres constitués de plusieurs actes dont le traité de cession qu’elle a signé en 1841 avec le sultan de Mayotte d’un côté et de l’autre le choix démocratiquement plusieurs fois exprimé par sa population de « vouloir rester français pour être libre » pour affirmer sa souveraineté sur l’île . Forte ces titres âgés de près de deux siècles sans discontinuer, elle a et à juste raison délimité ses frontières d’avec l’UNION DES COMORES et a déposé ses instruments de délimitation auprès du secrétariat de l’ONU conformément au droit international de la mer( convention de MONTEGO BAY) dès 2013.
Cela ressort des échanges entre le gouvernement français et votre serviteur en date de février 2021: « La Convention des Nations unies sur le droit de la mer (CNUDM) invite les Etats parties à donner la publicité voulue aux cartes ou listes de coordonnées géographiques concernant leurs espaces maritimes et à en déposer un exemplaire auprès du secrétariat des Nations unies. Le dépôt de ces documents a donc pour effet d’informer les différents Etats parties sur les limites maritimes des Etats côtiers ou sur leurs prétentions dans ce domaine. Cela ne constitue nullement une reconnaissance internationale mais il est urgent de réagir quand un Etat fait état de prétentions lésant les intérêts de la France. Le gouvernement n’a jamais transigé sur le statut de Mayotte au sein de la République française. La France a rappelé formellement en 2011 l’exercice de sa souveraineté pleine et entière sur ce territoire après la publication par l’Union des Comores d’un décret présidentiel du 13 août 2010. La France a également défini les lignes de base à partir desquelles est mesurée la largeur de la mer territoriale adjacente au département de Mayotte par décret 2013-1177 du 17 décembre 2013, qui venait abroger un décret plus ancien de 1977 ; la liste de ces coordonnées a été déposée auprès du secrétariat général des Nations unies le 29 janvier 2014 afin d’en donner la publicité voulue, comme le requiert le droit international de la mer, et plus précisément l’article 16 de la Convention des Nations unies sur le droit de la mer. Par ailleurs, dans le cadre de la politique de délimitation des espaces maritimes de la France, le gouvernement a procédé à la publication au Journal Officiel de la République française d’un décret établissant la limite extérieure de la mer territoriale de Mayotte, à la suite de quoi il sera procédé dans les meilleurs délais à son dépôt auprès du Secrétariat des Nations unies. Le gouvernement engage, par la publication de ce décret, une nouvelle démarche forte attestant de l’appartenance pleine et entière de Mayotte à la République française, dont elle est le 101ème département. S’agissant des limites de zones économiques exclusives (ZEE), la CNUDM précise que celles-ci sont effectuées « par voie d’accord conformément au droit international ». Il n’est donc pas recommandé de publier sur le site des Nations unies des limites de ZEE qui ont été fixées de manière unilatérale. Le gouvernement est également soucieux de donner de nouvelles perspectives de consolidation de l’intégration de Mayotte dans son environnement régional, comme en témoigne la visite officielle en France du Président de l’Union des Comores, du 22 au 25 juillet 2019, qui a permis d’ouvrir un nouveau chapitre, apaisé, dans les relations bilatérales de la France avec les Comores. Les élus de Mayotte ont été consultés à chaque étape de l’élaboration du document cadre de partenariat renouvelé qui a été signé lors de cette visite, et sont à présent associés à son suivi ».
À la suite de cette délimitation et de ce dépôt, la France a constaté que les Comores ont délivré des autorisations d’exploration de blocs hydrocarbures au large de Mayotte et en tout état de cause sur son territoire. Immédiatement, elle a formé opposition contre ces autorisations auprès du gouvernement comorien dans les termes suivants qui ne souffrent d’aucune ambiguïté quant à sa revendication de souveraineté territoriale: « Le ministre des Affaires étrangères – Direction d’Afrique et de l’océan Indien- présente ses compliments à l’ambassade des Comores en France et à l’honneur de l’informer qu’elle a pris connaissance de la publication du décret présidentiel n°14/009 du 10 janvier 2014 portant publication des zones maritimes de l’Union des Comores et de leur division en quarante blocs pétroliers. La France observe que la carte annexée au décret méconnaît la souveraineté qu’elle exerce dans les eaux territoriales de Mayotte, ainsi que ses droits souverains dans les espaces maritimes sous sa juridiction.
Ainsi, de nombreux blocs pétroliers visés par le décret présidentiel sus visé sont situés dans les eaux sous souveraineté ou sous juridiction française, soit une partie des blocs 11, 15, 21, 26, 30, ET 31et l’ensemble des blocs 16, 22, 23, 27, 28, 29, 32, 33, 34. En conséquence, la France tient à rappeler que dans cette zone, elle ne reconnaîtra pas les permis d’exploration délivrés par l’Union des comores, et les entreprises qui souhaiteraient entreprendre des activités de prospection de ressources minérales devront se soumettre à une procédure d’autorisation par les autorités françaises. La France rappelle qu’elle a publié les lignes de base de Mayotte par le décret n°2013-1177 du 17 décembre 2013 et a matérialisé ses espaces maritimes sous juridiction sur des cartes officielles. Conformément aux articles 16 et 75 la Convention des Nations-Unies sur le droit de la mer, ces informations ont été transmises à la division du droit de la mer de l’Organisation des Nations-Unies et sont publiées sur son site internet. L’Union des Comores n’a pas objecté à ces publications. Dans l’attente de la délimitation définitive de ses espaces sous juridiction, la France applique une ligne d’équidistance provisoire. Conformément au droit international et notamment à l’article 74 de la Convention des Nations-Unies sur le droit de mer, et compte tenu de la qualité des relations entre nos deux pays, la France tient enfin à rappeler sa disponibilité pour des négociations bilatérales sur la délimitation entre les zones maritimes sous juridiction française et comorienne ».
Ces deux actes démontrent à n’en plus suffire que la question de la souveraineté sur Mayotte qui est une affaire sérieuse et d’importance, il y a d’un côté ceux qui agissent dans le cadre du droit international : c’est la France ! De l’autre ceux qui chantent au son de la cloche des résolutions et autres pétitions politiques de l’ONU. Ce sont les Comores ! Ceci constitue la démonstration si besoin est que la posture comorienne d’une revendication territoriale sur Mayotte qui s’effiloche chaque jour un peu plus … désormais le seul obstacle à franchir qui nous reste c’est : notre adhésion à la COI . Mais cela est tributif du rythme que le conseil départemental avec le concours du quai d’Orsay donnera à notre diplomatie locale de coopération régionale dans les mois et les années à venir avec des ouvertures potentielles avec l’Afrique continentale et certaines îles dans le canal du Mozambique.
Jeux des Îles : le hand mahorais en or ?
Alors que les Jeux des Îles de l’océan Indien (JIOI) débutent dans quelques jours à Madagascar, les handballeurs et handballeuses de Mayotte ont été sélectionnés pour la compétition. Avec, à la clé, de bonnes chances de médailles.
Sept joueurs, un ballon et 60 minutes pour l’envoyer dans les cages plus souvent que l’adversaire. Voilà des règles que les Mahoraises et Mahorais connaissent bien, maîtrisent, même. Les sportifs de l’île au lagon, au fil des ans, se sont imposés comme des références du hand dans l’océan Indien. L’espoir de podiums, si ce n’est plus, est donc légitime à l’approche des Jeux des Îles, qui se dérouleront du 23 août au 3 septembre prochains à Madagascar. Dans la grouillante capitale qu’est Antananarivo, les handballeuses et handballeurs de Mayotte pourront en effet prétendre à des médailles significatives.
Si les deux équipes peuvent légitimement viser la finale, et donc l’argent au minimum, il faudra désormais vaincre nos voisins français, vêtus des maillots de l’adversaire pour l’occasion : les Réunionnais. Hommes et femmes avaient d’ailleurs tous deux échoué en finale contre les handballeurs de l’île Bourbon en 2015. Pour rappel, les équipes mahoraises étaient absentes de la compétition en 2019, lors de la dernière édition des Jeux des Îles de l’océan Indien.
Cette fois, la ligue régionale de handball envoie bel et bien deux belles sélections à Madagascar. Et les deux listes sont fortement imprégnées des trois clubs majeurs de la commune de Tsingoni (ASC Tsingoni, CH Combani et HC Select 976). Chez les garçons, on retrouve ainsi 7 pensionnaires des clubs de l’ouest, dont 5 du CHC, équipe masculine de l’année lors des derniers trophées du Sportif, organisés par la Somapresse. Les vedettes du championnat que sont Noureddine Yahaya ou les frères Zouhair et Zarouki Lassira feront ainsi tout leur possible pour porter haut les couleurs de Mayotte.
Chez les filles, elles sont 8 à représenter la commune de Tsingoni, dont 3 du tout-puissant ASC Tsingoni. On peut notamment signaler la présence dans la liste de Marie-Hélène Bitsch, Nirina Bacar ou de Chamsia Abdallah, cette dernière faisant partie du petit contingent de handballeuses de l’AJH Tsimkoura, récompensées après une belle saison 2022-2023. Retrouvez ci-dessous les sélections masculine et féminine du hand mahorais pour les prochains Jeux des Îles :
Handball masculin* :
Gardiens : Noureddine Yahaya (CH Combani), Assadillah Mouslim (Réunion/Mayotte), Sélémani Abdallah (Tchanga Handball).
Demi-centres et pivots : Kéran Orville (HC Select 976), Anli Daniel (Mahopolitain), Fardi Mouzidaliffa (Mahopolitain), Zouhair Lassira (CH Combani), Ndaka Dina Henri (Mahopolitain), Zarouki Lassira (CH Combani).
Arrières : Surtout Hedja (CH Combani), Anzilani Housseine (Mahopolitain), Ibn-El Hadj Daniel (Mahopolitain), Kayssani Boina (Tchanga Handball), Alexian Hernandez (TCO Mamoudzou), Mattew Ma-Ouard (ASC Tsingoni).
Ailiers : Maanrouf Saïd (Tchanga Handball), Sébastien Bacar (CH Combani), Saïtu Moussa (Tchanga Handball), Askalane Ali Bacari (TCO Mamoudzou), Ambdillah Hamidouni (Bandrélé HC).
Handball féminin* :
Gardiens : Nafissa Abdou (HC Select 976), Zaïna Ma-Ouard (ASC Tsingoni), Housna Saïd Omar (HC Bandrélé).
Demi-centres et pivots : Mélissa Faure (CH Combani), Marie-Hélène Bitsch (ASC Tsingoni), Yasmina Saindou (ASC Tsingoni), Moiriri Abdourahamane (PC Bouéni), Nirina Bacar (HC Select 976), Naimie Mohamed (La Réunion).
Arrières et ailières droit : Julia Randriamadimby (La Réunion), Saloua Salim (HC Kani Kéli), Chamsia Abdallah (AJH Tsimkoura), Choukourati Saïd (Métropole).
Arrières et ailières gauche : Routouba Soulaimana (HC Kani Kéli), Anzilati Boinaïdi (CH Combani), Clémence Hébert (HC Select 976), Astaoui Maoulana (PC Bouéni), Danouria Halidi (AJH Tsimkoura), Felina Boura (Métropole), Foudhoila Ahamada (AJH Tsimkoura).
* La majorité des handballeuses et handballeurs peuvent jouer à plusieurs postes.
DJ Bouyon, aux platines du 5/5
DJ Bouyon, figure emblématique de l’île aux parfums et surtout du 5/5, met l’ambiance pour tous les fêtards les vendredis et samedis soir. Une passion qui lui vient de son père, et qui l’a amené à se spécialiser dans la musique antillaise, même s’il se diversifie de plus en plus. Très observateur, l’artiste garde un œil sur les dernières tendances et est toujours en quête de devenir un meilleur DJ. Le musicien veut aussi encourager les jeunes à se lancer dans l’animation musicale.
DJ Bouyon, de son prénom Jimmy, commence à se faire un nom sur l’île aux parfums. Au sein de l’institution qu’est le 5/5, tous les vendredis et samedis, il est devenu emblématique du monde de la nuit. Son nom, à la base une blague avec ses amis, est resté et fait maintenant partie de sa carrière. Réunionnais et Comorien, l’amateur de musique est venu à Mayotte parce qu’il avait envie de découvrir de nouveaux horizons. Arrivé en 2018, il est d’abord resté deux ans à Mayotte avant de repartir en France un an. Il est ensuite revenu, pour cette fois-ci, y rester.
La passion pour le monde de la nuit l’anime et a d’ailleurs commencé lorsqu’il était très jeune. Son père biologique ayant toujours été absent, il s’attache donc à son père de cœur. Il trouve du réconfort dans la musique de cet homme, Antillais, d’où la musique que diffuse aujourd’hui DJ Bouyon. Grandir dans cette ambiance et avec ce type de musique a en quelque sorte créé son identité scénique d’aujourd’hui. Son père lui-même l’initie au métier de DJ, après une blessure en école de basketball. Un accident aux vertèbres et aux cervicales l’empêche en effet de reprendre le sport dont il voulait faire son métier. C’est alors qu’il se lance derrière les platines, il y a 12 ans maintenant.
L’empreinte locale de DJ Bouyon
Bouyon, dancehall, shatta ou encore kompa, les musiques des Antilles sont à l’honneur. « Je ne fais pas que du bouyon », explique le DJ, qui souhaite rester diversifié dans ce qu’il passe, et regarde ses confrères. « Quand je mixe à côté d’autres DJs parisiens par exemple, je les observe. Je suis quelqu’un de très attentif », explique-t-il. Il s’imprègne de ce que font les autres, mais ne les copie pas. Sa marque de fabrique au 5/5 est d’ailleurs connue de partout sur l’île : cette fameuse onomatopée indescriptible qui se confond avec un gémissement. « Quand tu l’entends au 5/5, tu sais que c’est moi aux platines », rigole le jeune homme.
Malgré sa notoriété locale, il reste humble : « Quand je vois un DJ meilleur que moi, j’écoute ses transitions, l’enchaînement des sons, comment elles se suivent et comment le public réagit ». Il pense qu’il a commencé à être connu après son retour à Mayotte. « Je suis parti deux ans et je suis revenu, le fait que je me sois fait oublier a, je pense, beaucoup joué », explique le DJ. « Peu importe où je vais à Mayotte, quelqu’un me reconnaît », se réjouit-il. Il y a deux ans, en pleine crise sanitaire, il a dû redoubler d’efforts pour relancer l’animation musicale du 5/5 et attirer de nouveau le public. « La vraie force, c’est les gens. S’ils n’appréciaient pas ce que je fais, je ne serais pas connu », explique-t-il. Toujours en recherche d’améliorations, il se décrit comme simple, pour s’adapter à tout public, sociable, parce qu’il fait énormément de rencontres dans le monde de la nuit, et observateur, pour ne pas se laisser dépasser sur les tendances. Des qualités importantes, selon lui, pour être un bon DJ, et qu’il voudrait transmettre aux jeunes.
« Qu’ils se lancent »
« Qu’ils se lancent. Mayotte manque de DJs », affirme Bouyon, qui espère un jour pouvoir ouvrir une école de DJing sur l’île pour développer de nouveaux talents. C’est, selon lui, un métier comme un autre, qui ne doit pas disparaître. Dans ses ambitions futures, il y a aussi le fait d’ouvrir un jour son propre établissement, à Mayotte ou ailleurs.
Le disc-jokey regrette que ses semblables ne soient vus que comme des tourneurs de platines. « Il faut rester informé des dernières tendances, des musiques appréciées du public. Je dirais même avoir une longueur d’avance et créer les tendances. Il y aussi les transitions, ne pas passer du coq-à-l’âne, que les musiques se suivent bien. Il faut aussi se démarquer », précise-t-il, ajoutant qu’il faut être rigoureux et patient, surtout en ce qui concerne la création de mixes, le tri des musiques et les enchaînements. Il y a enfin tout le côté technique : le fonctionnement des platines, des effets sonores… « C’est un apprentissage d’être DJ », soutient l’artiste.
Gilles Cantal, un « préfet de l’eau » pour endiguer la crise

Arrivé fin juin sur l’île au lagon pour épauler la préfecture au sujet de la crise de l’eau mahoraise, l’ancien préfet Gilles Cantal a six mois pour coordonner les actions mises en place en urgence. Mais aussi anticiper la production d’eau potable des prochaines années et la démographie galopante du territoire.

Flash Infos : Pourquoi le comité interministériel vous a-t-il fait appel pour cette mission, et pourquoi l’avez-vous acceptée ?
Gilles Cantal : Le ministère de l’Intérieur a créé une réserve préfectorale composée d’un certain nombre de collègues retraités et honoraires qui viennent en appui auprès des préfets en activité. J’ai donc été sollicité par les services du ministère de l’Intérieur et de l’Outre-mer pour amener un concours consolidé sur les démarches déjà entreprises, et elles sont nombreuses, par nos partenaires : l’ARS, les collectivités, les mairies, le syndicat des Eaux de Mayotte… Il n’était pas question que je réponde non, quand on a l’honneur d’être sollicité sur une telle mission, avec de tels enjeux pour l’ensemble d’une population. Aujourd’hui, je suis donc affecté dans une période d’urgence, pour six mois, avec pour m’assister des officiers des sapeurs-pompiers, en lien avec l’État major régional et le contrôleur général Éric Faure qui nous soutient auprès du préfet de région. Sans omettre, évidemment, de travailler, de réfléchir au futur.
L’objectif, pour être clair, c’est de supprimer les coupures d’eau. On ne va pas les supprimer dans les six mois qui viennent, mais il faut essayer de pénaliser le moins possible Mayotte, ses habitants et ses entreprises. Je remercie d’ailleurs les représentants des entreprises, qui croient à l’économie mahoraise et viennent nous proposer des solutions, ou qui prennent leurs responsabilités. On peut s’appuyer sur les Mahorais, si je peux m’exprimer ainsi, car ils démontrent chaque jour leur capacité à faire des économies dans leur vie quotidienne. Ils ont l’habitude d’être pénalisés et cette habitude ne doit pas devenir une certitude. Il faut donc que chacun fasse un effort, continuer, ne surtout pas lâcher prise parce que la situation n’est pas simple.
Les fuites, une perte de plus de 10 000 m3 d’eau par jour
F.I. : Quel diagnostic posez-vous sur la ressource en eau à Mayotte ?
G.C. : On a un besoin estimé entre 40 000 et 42 000 mètres cubes par jour. On a une capacité de production – retenues collinaires, ressources de surface, ressources souterraines, usine de dessalement – d’environ de 38 000 à 39 000 m3, en période normale. Notre objectif pour passer la période et permettre de continuer d’alimenter en urgence le réseau, c’est de diminuer cette consommation. Aujourd’hui, grâce aux efforts de chacun lors des tours d’eau ou du respect des arrêtés préfectoraux, on constate tout de même une légère diminution de la consommation. Malgré cela, il faut qu’on progresse encore.
F.I. : Durant cette période d’étiage et ces six prochains mois, qu’est-ce que vos équipes et vous pouvez et allez mettre en place ?
G.C. : Des actions sont déjà programmées, entreprises et validées en interministériel. Il faut savoir que le sujet est particulièrement appuyé par les ministères : l’Intérieur, le délégué aux Outre-mer, mais aussi le Budget, le Travail, l’Écologie, la Santé… Les crédits sont en place, les marchés également, à quelques exceptions près. On a mis en place des travaux d’amélioration du fonctionnement d’une conduite nord-sud SR2, le sud étant le plus en difficulté en termes de ressources, afin d’y amener 2 000 à 3 000 m3 de plus journaliers. On travaille sur la recherche des fuites. C’est un chiffre qui m’a complètement interpellé : nous perdons entre 10 000 et 12 000 m3 par jour. Nous avons donc un programme d’expertise des lieux de fuite, d’identification des ruptures les plus importantes, et de travaux de reprise du réseau.
La seconde usine de dessalement en 2024
On travaille sur le captage : six nouveaux captages vont être mis en place dans les jours qui viennent, ainsi que des travaux en Petite Terre pour faire en sorte qu’une partie de la production de l’usine de dessalement vienne s’intégrer dans le circuit de distribution de l’eau. Je vous confirme également que le nouveau ministre délégué aux Outre-mer, Philippe Vivier, a notifié samedi au président des Eaux de Mayotte son accord sur l’acquisition d’un osmoseur de 1 000 m3 par jour, qui va être implantée à M’tsangabeach. La commande va être passée dans les tous prochains jours, les crédits sont en place. C’est une décision extrêmement forte qu’il convient d’accompagner techniquement, nous avons un tableau de suivi. Nous travaillons évidemment sur l’installation de la seconde usine de dessalement, qui sera à Ironi Bé et qui fournira 10 000 mètres cubes à partir de fin 2024. Enfin, on ajoutera des cuves qui vont être livrées depuis La Réunion. Pour le moment, nous sommes sur 15 cuves d’une capacité de 20 m3 chacun.
F.I. : Les parents d’élèves ont-ils du souci à se faire en vue de la prochaine rentrée des classes ?
G.C. : Permettre de proposer de l’eau sanitaire pour les enfants lors de la rentrée scolaire est une question fondamentale : dans mon agenda de six mois, mon premier point, c’est la rentrée scolaire. Cette année, nous avons donc exceptionnellement livré des cuves dans l’ensemble des établissements scolaires. Ce programme comporte 1 000 cuves, qui sont gérées par le syndicat des eaux. Entre 300 et 350 ont été intégralement livrées aux établissements scolaires. 300 à 350 autres sont en cours de livraison aux établissements sanitaires. Il restera un reliquat que l’on va partager avec d’autres services si besoin est, et garder en cas d’urgence. J’ai entamé une tournée des communes, deux par jour pour aller vite, et je suis accueilli par les municipalités dans des conditions de dialogue exceptionnel. Je me rends donc compte de l’avancement des actions, avec également les réunions hebdomadaires du comité de suivi de la ressource en eau. Il faut maintenant qu’elles soient branchées d’ici le 20 août. Les communes prennent leurs dispositions et sont accompagnées avec des subventions qui peuvent aller jusqu’à 95% des montants.
Il y a un autre dispositif sur lequel je suis très attentif : celui des rampes à eau. Nous avons un programme de 200 rampes financé par les crédits de l’État. Parmi ces dernières, 120 rampes mises en place à l’occasion du Covid ont été rénovées, même si certaines ont été détruites. On va tout mettre en œuvre pour qu’en septembre, ces rampes soient en place. Il reste 80 rampes à créer, qui ne doivent pas être touchées par des actes de délinquance, ce serait extrêmement préjudiciable à l’ensemble de la société. La rampe d’eau peut à un moment donné être l’un des derniers moyens d’amener de l’eau potable dans un secteur.
Encore plus de coupures après la rentrée ?
F.I. : Les tours d’eau ont été multipliés plus vite que prévu. Ces prochains mois, les Mahorais doivent-ils s’attendre à de nouvelles restrictions ?
G.C. : Je ne serais pas responsable si je disais « tout va bien ». Nous étudions la ressource, son évolution. Et c’est au vu de cette évolution, notamment sur les retenues collinaires, que nous prendrons ou non des mesures complémentaires. Il s’agit d’anticiper et d’informer les habitants de Mayotte au plus près de ce qui se passe, pour qu’on soit encore plus efficace tous ensemble. Aujourd’hui, il y a des gros efforts faits par chacun. Il ne faut pas les relâcher. Après la rentrée scolaire, si le niveau de la ressource est bas, avec peu de perspectives d’amélioration, on devra probablement prendre de nouvelles mesures.
F.I. : Ce sera donc vraisemblablement le cas…
G.C. : Je suis quelqu’un qui regarde les choses objectivement. Je vous réponds qu’aujourd’hui, la ressource continue de diminuer. Je ne suis pas encore en mesure de proposer de nouvelles restrictions. Elles sont évidemment à l’étude. Elles seront peut-être imposées dans les semaines qui viennent, peut-être sectorisées. Tous les scénarios doivent être étudiés. On regarde les effets des coupures déjà en place, notre capacité à gérer les retenues collinaires, qui, malgré quelques effets économiques, continuent de diminuer. Les retenues collinaires fournissent en période normale 4 000 mètres cubes par jour. Nous sommes depuis quelques semaines entre 8 500 et 9 500 mètres cubes, comment voulez-vous que je puisse vous dire qu’on ne prendra pas de nouvelles mesures si on continue comme ça ?
F.I. : Météo-France prévoit une saison des pluies un peu au-dessus de la moyenne, mais pas suffisante pour rattraper le retard de pluviométrie de cette année. Avez-vous une vision sur l’état de la ressource en eau pour l’année prochaine ?
G.C. : Non. On a également des études, des données, mais vous dire que sur Mayotte, ce sera favorable ou non, ce serait se transformer en pythie sur son trépied, ce que je refuse de faire. Nous nous inscrivons dans une démarche de projet et de véritables dispositifs techniques, qui nous amèneraient de l’eau quelle que soit la météo. La deuxième usine de dessalement de l’eau amènera 10 000 puis 16 000 mètres cubes au final, sans compter l’amélioration de la production de l’usine de dessalement de Petite Terre.
F.I. : Justement, où en sont les travaux concernant les deux usines de dessalement et la troisième retenue collinaire ?
G.C. : Sur la troisième retenue collinaire, je ne suis pas en mesure de vous dire qu’elle sera réalisée dans les toutes prochaines semaines. Mais elle est prévue dans les contrats de programmation et les négociations foncières sont en cours. L’usine de dessalement de Grande Terre va être mise en chantier en 2024. Concernant les fuites, on ne va pas demain matin réinjecter 10 000 m3 parce qu’on les aura réparées, mais on va peut-être en récupérer quelques milliers. Avec tout ça, on arrive pratiquement à la moitié du besoin. Certes, on est dans une perspective démographique qui est celle que l’on connaît. Donc il faut aussi que l’on. Qu’on travaille sur ces questions-là.
F.I. : « C’est une vraie catastrophe. C’est la dernière année que nous faisons des concessions. On n’acceptera plus de vivre les mêmes problématiques l’an prochain. » Ces mots sont ceux de Carla Baltus, présidente du Medef Mayotte. Que diriez-vous aux entreprises de l’île ?
G.C. : Mon souhait, c’est de faire en sorte que les relations que nous avons avec le monde économique se développent. Avec sans doute, je l’espère pour Mayotte, la véritable sortie de ces crises. Il faut sortir des tours d’eau. Les entreprises ont raison, les habitants de Mayotte ont raison, ce n’est pas possible. L’année prochaine, il y en aura peut-être encore, ne rêvons pas. Et puis les suivantes aussi, mais il faut qu’ils soient de moins en moins impactants. Je ne ferais pas ce métier et ne viendrais pas à disposition d’un département si je n’avais pas un minimum d’optimisme !
Vingt-cinq ans d’école de musique à Mayotte

Cette année, l’école « Musique à Mayotte » fête ses 25 ans. Créée en juillet 1998, l’association compte désormais plus de 330 adhérents, répartis entre le siège à Mamoudzou et l’antenne de Petite-Terre. En 2023, cette structure connait un grand changement, avec le départ de Cécile Bruckert, directrice et membre fondateur. Le nouveau directeur pédagogique de la structure est désormais Nicolas Vatomanga, musicien dans l’âme.

Depuis 1998, la musique résonne dans les murs de l’école « Musique à Mayotte », située au cœur de Mamoudzou. A l’origine, ce lieu a vu le jour grâce à un regroupement de plusieurs familles, qui avaient décidé de créer une école de musique. « Il y a 25 ans à Mayotte, on ne pouvait même pas imaginer qu’on apprenne la musique dans une école, puisque la transmission ici est principalement orale », se remémore Cécile Bruckert. Sous forme d’association loi 1901, l’école accueille plus de 330 adhérents, majoritairement des jeunes de moins de 15 ans, répartis entre le siège à Mamoudzou et l’antenne de Petite-Terre, ouverte depuis 2014.
2023, l’année du changement de direction
L’année 2023 est synonyme de changement pour l’école de musique, avec le départ de Cécile Bruckert. Après plus de 25 ans de présence et d’investissement au sein de l’association, elle quitte son poste de directrice et laisse place à Nicolas Vatomanga, qui devient le nouveau directeur pédagogique. « Musique à Mayotte, c’est l’école du sourire. Il faut que les gens viennent avec joie, ce n’est pas une école d’obligation, mais d’engagement », souffle l’ancienne directrice.
L’association « Musique à Mayotte » ne comporte pas de « s » volontairement, car pour Cécile Bruckert, « cela serait trop restrictif de dire les musiques, c’est la musique dans son grand tout ». Pendant toutes ces années, il n’y a donc jamais eu de frontières entre le classique, le jazz, les musiques actuelles, les musiques improvisées, les musiques traditionnelles et « tout ce qui va pouvoir nous réserver comme surprise. C’est comme se laisser surprendre chaque année, par les personnes qu’on peut rencontrer ».
Tendre vers une démocratisation des enseignements artistiques
« Il y a eu un grand changement en 2017 », se rappelle-t-elle. Cette année-là, l’école a obtenu son premier conventionnement avec la direction des affaires culturelles (DAC) de Mayotte, « pour développer l’ouverture à d’autres publics qui n’avaient pas accès à la musique ». Cette convention a permis – et continuer de permettre – à l’association de développer la démocratisation des enseignements artistiques, elle en a alors fait « son cheval de bataille ». Depuis, l’école accueille des classes à option musique et a développé en plus de leur cursus, les pratiques et fabrications d’instruments traditionnels de l’île.
En parallèle aux programmes, une lutherie est attachée à l’école et propose un atelier de fabrication d’instruments. Un luthier travaille quotidiennement sur la création de prototypes, avec comme objectif l’adaptation d’instruments traditionnels, « pour qu’il puisse s’intégrer dans les jeux avec d’autres instruments harmoniques », explique Cécile Bruckert. Cet atelier de lutherie profite également aux élèves, avec des temps dédiés à la fabrication.
Seule structure musicale proposant un programme pédagogique, « Musique à Mayotte » porte un agrément du ministère de la Culture depuis 2018 et elle est affiliée à la Confédération Musicale de France (CMF) depuis sa création. L’école dispense un enseignement artistique spécialisé dans le domaine de la musique instrumentale et vocale. L’association est membre actif du collectif « Les Arts Confondus », qui œuvre pour développer les filières, les formations ou encore la reconnaissance des métiers du spectacle vivant.
Une équipe identique
L’association porte différents projets pour l’avenir, comme celui de la potentielle création d’un conservatoire. En parallèle, deux autres sont enclenchés, un travail partenarial avec le concours Voix des outre-mer et un second avec le projet Démos (Dispositif d’éducation musicale et orchestrale à vocation sociale), porté par la Philharmonie de Paris. Il serait prévu une rencontre entre les enfants participant à ce projet et les élèves de l’école Musique à Mayotte.
Une école qui continuera, dès la rentrée, à transmettre et à proposer une formation diverse et complète. La direction de la structure sera dorénavant scindée en deux pôles, l’un administratif et financier et l’autre pédagogique. En juillet et août, l’école ne dispense pas de formations, les cours reprendront en septembre. « Il n’y a pas de changement d’enseignant, on garde la même équipe », conclut Cécile Bruckert.
Les cours de l’école Musique à Mayotte reprennent le 11 septembre 2023. Pour en savoir plus, rendez-vous sur leur site : www.musiqueamayotte.com
Trois hommes liés au trafic de migrants condamnés

Les trois membres d’un réseau de passeurs actif à Mayotte ont été jugés, ce vendredi 28 juillet. Si leurs responsabilités ne sont pas similaires, la finalité est la même. Les trois hommes de nationalité comorienne passeront respectivement cinq ans, dix-huit mois et un an en prison.
« On n’est pas riches, nous, on n’est pas chefs. » Les trois prévenus qui font face aux juges du tribunal correctionnel de Mamoudzou, ce vendredi, ont eu le temps de réfléchir en détention. Arrêtés à la fin du mois de juin, ils avaient demandé un délai pour préparer leur défense lors d’une première audience en comparution immédiate. Un mois plus tard, les versions ont un peu changé, même s’ils reconnaissent chacun leur participation à un réseau de trafic de clandestins entre Anjouan et Mayotte. Sommes touchées, nombre des passages effectués, ils préfèrent minimiser pour réduire leurs peines. Cependant, les écoutes téléphoniques et leurs premières déclarations en garde à vue révèlent l’importance du réseau. Au moins depuis 2020, ce dernier faisait entrer des embarcations chargées d’une quinzaine de passagers en moyenne. Leur fréquence reste inconnue. Si l’un des prévenus a parlé de « trois à cinq bateaux quotidiennement », il évoque au tribunal « au moins un par semaine ». Au tarif de « 300 à 400 euros par personne », le chiffre d’affaires des passeurs atteindrait plusieurs centaines de milliers d’euros, voire quelques millions. Si les chefs se partagent les plus grosses parts, de l’argent est aussi versé au pilote, aux chauffeurs chargés de récupérer les clandestins et aux guetteurs qui surveillent les allées et venues des intercepteurs des forces de l’ordre.
« J’aide les kwassas à rentrer »
Tous originaires d’Anjouan, ils sont arrivés sur l’île aux parfums de manière illégale. Le premier, âgé de 32 ans, est un ancien pêcheur. Les écoutes ont montré qu’il avait un rôle prépondérant dans le trafic et qu’il donnait souvent les ordres. Si la tête du réseau est à Anjouan, il organise la réception des kwassas sur le sol mahorais. Lui se défend d’être le chef, mais plutôt l’homme de main de « Shoua », qui serait le frère de la tête de réseau. Les écoutes indiquent le contraire. Il serait même l’organisateur d’un voyage, le 4 avril 2023, au cours duquel trois personnes sont portées disparues. « J’en ai beaucoup souffert », tente-il d’expliquer à la barre. « Pourtant, quand on écoute vos conversations, vous semblez plus inquiet pour votre pilote que pour les autres », réplique Adrien Rosaci, le président du tribunal correctionnel.
Les deux autres semblent plutôt avoir des rôles secondaires et ont le point commun d’être mécaniciens. A 36 ans, fébrile devant les juges, le plus âgé affirme qu’il a servi de chauffeur en 2020, puis il a arrêté. Bénéficiant lui-même de trajets illégaux depuis Anjouan pour lui et sa femme, il a repris contact avec le premier prévenu pour devenir guetteur. « J’aide les kwassas à rentrer à Mayotte », admet cet homme, qui attendait pourtant l’obtention d’un titre de séjour, lorsqu’il a été interpellé, en juin. Il conteste quand il entend que son surnom, « Jack Bauer », serait très connu de la police aux frontières. Selon lui, une confusion est souvent faite avec un autre passeur d’Anjouan. Le troisième homme, 23 ans et habitant de Koungou, serait l’un des derniers recrutés. Il occupait la fonction de chauffeur du premier prévenu depuis février 2023. Alors que les autres ne sont pas connus de la justice, lui a été expulsé à plusieurs reprises du territoire mahorais.
Le tribunal correctionnel n’a pas suivi le Parquet, qui demandait trois ans de prison à l’encontre des trois. Il a préféré requalifier les faits et établir une hiérarchie entre les prévenus. Houmadi Anli écope de la peine la plus lourde, cinq ans de prison. Saenfane « Jack Bauer » Hamidoune est condamné à dix-huit mois de rétention. C’est un peu moins pour Ibrahim « Ibou » Mohamed (un an). Ils reçoivent chacun une interdiction de territoire français pendant trois ans.
« On ne lâchera pas sur le licenciement », assure la direction de Totalénergies Mayotte

Au cinquième jour de mobilisation, les relations semblent toujours tendues entre la direction de Total énergies Mayotte et la vingtaine de grévistes qui demandent le retour de leur collègue licencié. Lors d’un point presse, ce vendredi après-midi, la première évoque un transfert illicite de plusieurs milliers d’euros, qui expliquerait sa décision initiale. Côté stations-services, toutes fonctionnent normalement aujourd’hui (sauf Longoni pour des raisons techniques), après un début de semaine compliqué.
Chez Totalénergies Mayotte, les négociations tout comme les automobilistes cette semaine font face à un bouchon. Au cours d’un point-presse, ce vendredi, Yasmine Saïd confirme que la difficulté vient du fait que la vingtaine de grévistes n’ont qu’une revendication. « D’habitude, il y a plusieurs points et on peut négocier », regrette la directrice de communication. Pour rappel, un pompiste de la station-service de Kawéni a été licencié, la semaine dernière, après avoir effectué un transfert de fonds en présentant sa pièce d’identité à la place d’une autre personne, a-t-il expliqué. Depuis lundi, les grévistes, dont une majorité de pompistes, estiment que c’est « un coup de pouce donné à un client habituel » et que la sanction est « trop sévère ». « Plutôt que de revenir sur la sanction injuste, le groupe préfère créer un conflit social qui affecte l’île et ses habitants », estime FO Total Mayotte, le syndicat majoritaire parmi les salariés. Dans un communiqué (voir plus bas), l’organisation appelle « la direction à revenir autour de la table ». « Il y a des procédures. En cas de fraude, il y a zéro tolérance », répond celle en charge de la communication de TotalénergiesMayotte. De plus, le groupe pétrolier a découvert la faute quand le virement de plusieurs milliers d’euros vers un pays tiers a été bloqué et signalé par la plateforme « MoneyGram ».
Des ruptures de stocks dès le dimanche soir
Ce blocage des deux parties s’est traduit par des difficultés dans les stations-service de l’île dès dimanche. La menace de pénurie a poussé bon nombre d’automobilistes à faire le plein au cas où. Alors que la livraison a été rendue difficile, lundi, par le mouvement de solidarité des chauffeurs-liveurs (seuls deux intérimaires ont effectué des livraisons), la situation est revenue peu à peu à la normale au cours de la semaine. Ce vendredi, seule celle de Longoni était fermée, mais pour des raisons techniques. « Elles sont ouvertes. C’est le premier message que l’on veut faire passer », insiste Yasmine Saïd.
Pour mettre fin à ce conflit, la direction assure qu’elle ne peut pas réintégrer le salarié fautif. Elle invite les grévistes à aider l’ex-pompiste à faire reconnaître le licenciement abusif devant le tribunal des prud’hommes. « Si le licenciement abusif est reconnu, on sera obligé de le réintégrer », rappelle la directrice de communication, qui prévient : « on ne lâchera pas sur le licenciement ».
Concernant le responsable de la boutique qui a effectué le virement à la demande du pompiste (il est le seul habilité à le faire), la direction indique qu’il a lui aussi été pénalisé.
La préfecture de Mayotte met en garde contre les « sorties pêcheurs »
La préfecture de Mayotte informe les usagers de la mer des règles applicables aux activités d’excursion en mer et transport maritime. Elle soulève notamment qu’un cadre légal existe pour ceux qui désirent réaliser ces prestations. « Une vigilance particulière doit être portée aux offres de prestations payantes disponibles sur les réseaux sociaux ou via le bouche-à-oreille. Outre la concurrence déloyale envers les structures professionnelles habilitées, ces pratiques représentent un risque pour l’ensemble des personnes embarquées. Certaines obligations doivent être respectées : existence d’une entreprise référencée, assurance, qualification du pilote et des éventuels membres d’équipage, homologation du navire au titre de la sécurité des navires », détaillent les services de l’État, rappelant que les organisateurs, les pilotes de bateaux et même les clients de ces « sorties pêcheurs » peuvent faire l’objet de poursuites pénales.
Crise de l’eau : une légère augmentation des gastro-entérites

C’est l’un des enjeux de la crise hydrique que connaît actuellement Mayotte. L’eau consommée en cette période de coupures quotidiennes présente-elle des risques ? Pour l’instant, les effets sur la santé sont limités, assure Santé publique France, dans son point réalisé ce jeudi 27 juillet. L’organisme relève que « le taux de passages aux urgences pour gastroentérite est en légère augmentation depuis plusieurs semaines chez les enfants de moins de 5 ans ». Toutefois, « ce taux est à un niveau proche de celui observé en 2021 et inférieur à celui de 2022 », juillet marquant souvent le début de l’épidémie sur le territoire. Pareil pour les infections cutanées relevées chez les médecins sentinelles, Santé Publique France met ça « en parallèle avec baisse des passages aux urgences pour ce même motif du fait de l’activation du plan blanc avec une réorientation des cas les moins graves vers la médecine de ville ».
Concernant la vente d’anti-diarrhéiques, « elle se situe à un niveau supérieur à la moyenne des années précédentes depuis plusieurs semaines ». Les médecins ont bien constaté une hausse de cas ces dernières semaines. Mais comme pour les gastro-entérites, elle reste du même ordre que pour les années précédentes.
Pour rappel, Santé publique fait remarquer que « l’absence d’eau (ou la mise en place de coupures d’eau prolongées) comme cela a déjà été observé lors de la crise de 2016-2017, pourrait générer des flambées épidémiques : infections gastro-intestinales et maladies hydriques endémiques à Mayotte telles que la fièvre typhoïde ou les hépatites A, pour lesquelles des foyers de contamination sont détectés régulièrement sur le territoire ».
« A l’heure actuelle, à la SIM, on a plus de 1.600 logements en chantier »
L’inflation des coûts de production a pénalisé le secteur du bâtiment, cette année. La société immobilière de Mayotte, qui s’est fixée un objectif de 500 à 600 logements mis en chantier par an, n’est pas en reste. Ahmed Ali Mondroha, directeur général de la SIM, fait le point sur le bilan 2022 et les perspectives du groupe CDC Habitat à Mayotte.
Flash Infos : Vous venez de publier votre bilan de l’année 2022. Quel regard portez-vous sur vos chiffres ?
Ahmed Ali Mondroha : On s’était fixé un objectif de 500 mises en chantier en 2022, mais c’était avant l’explosion des coûts de construction. On n’a pas eu assez de retours pour nos appels d’offres. Maintenant, 477, ça reste dans une moyenne importante dans un contexte de crise. En 2020, on avait réussi à faire 600 mises en chantier. En 2021, on était dans les mêmes proportions. 2022 a été donc un petit fléchissement. Notre objectif à moyen terme reste entre 500 et 600 par an. Pour les livraisons, on n’est pas encore à cette vitesse de croisière de 600 logements par an. En 2021, on était aux alentours de 400. En 2022, on est descendu à 200. Mais cette année, on devrait de nouveau dépasser les 400.
F.I. : Sur un plus long terme, on voit quand même une multiplication des projets.
A.A.M. : Depuis 2017 et notre entrée en tant qu’actionnaire dans le groupe CDC (Caisse des dépôts) Habitat, la SIM est vraiment rentrée dans une dynamique très importante de production avec d’autres moyens, que ce soient financiers ou d’organisation. Il y a toute la force de frappe du groupe. Avant, quand on arrivait à faire 100 logements à Mayotte, c’était une année exceptionnelle. Aujourd’hui, on parle de 500 logements dans l’année, ce n’est même plus un événement. On s’est fixé comme objectif ce chiffre pour les dix ans à venir. Et on arrivera. On est aujourd’hui à 100 millions d’euros d’investissements par an.

F.I. : En quoi la SIM a changé ces dernières années ?
A.A.M. : On souffre d’une image un peu négative. On perçoit le logement social comme le logement des plus démunis. Alors que si vous regardez les opérations comme la rue du Stade, à Cavani, on fait vraiment de la mixité sociale et de la mixité fonctionnelle. Il y a du logement social, du très social, du logement libre, une petite école privée maternelle, des commerces, des bureaux. Si vous allez du côté de Combani, on fait du logement social, mais également du non-social. On a livré, il y a à peine un mois, 70 logements intermédiaires, dans la résidence du Golf.
F.I. : Le logement social reste très attendu à Mayotte. Est-ce que vous pouvez chiffrer le nombre de personnes en attente ?
A.A.M. : Oui et non. Nous avons la base du SNE (système national d’enregistrement). A ce jour, on est à 2.800 demandes actives. Évidemment, la demande à Mayotte dépasse largement ce chiffre. Sauf que tout le monde ne fait pas une demande enregistrée. A Mayotte, on a plutôt le phénomène de l’offre qui gère la demande. Par exemple, on lance une opération dans une commune. Quand les gens voient ce qui va se faire, ils courent faire leur demande. Donc la base ne reflète pas la réalité de la demande. Il suffit de lever les yeux et voir tous ces bangas pour se rendre compte qu’il y a un besoin de loger les gens ici. Et il faut comprendre qu’il n’y a pas que le logement social. Il y a aussi d’autres besoins. Quand on voit le nombre de personnes qui veulent habiter à Mamoudzou pour des raisons diverses. Même si elles ne rentrent pas forcément dans la cible du logement social, on tente aussi d’y répondre. Autour du lycée Younousssa-Bamana par exemple, ce sont des logements SIM aussi, mais ce n’est du logement social. Aujourd’hui, on a 80% de logements sociaux, contre 20% de non sociaux. Ces derniers incluent les logements intermédiaires, les logements libres et les commerces.
F.I. : Dans votre bilan, vous annoncez un objectif de logements très sociaux. Quels sont leurs caractéristiques ?
A.A.M. : Dans les logements sociaux, il y a le locatif très social (LLTS), le locatif social (LLS) et le prêt locatif social (PLS), qui est la gamme un peu au-dessus. A Mayotte, la plupart des gens sont éligibles au premier. Mais ce qui les différencie, ce n’est pas le produit, plutôt le financement. On peut avoir le même type de logement pour les trois. Ce n’est pas du low cost ! Pour le LLTS, il y a simplement plus de financements de l’État, d’où des loyers moins élevés.

F.I. : Olivier Klein (N.D.L.R. ministre délégué de la Ville et du Logement jusqu’au 20 juillet) est venu deux fois à Mayotte et a promis d’aider le territoire dans la construction de logements. De quelle manière l’État vous aide justement ?
A.A.M. : L’État nous aide par l’intermédiaire de la LBU (Ligne budgétaire unique), c’est le socle du logement social. Elle ne cesse de croître ces dernières années. Quand on monte une opération de logement social, on demande une convention pour la LBU. On fait aussi une demande auprès de la Caisse des dépôts et on bénéficie de crédits d’impôts. Toutes ces aides de l’État, ça représente presque la totalité du financement. Nous avons aussi des réunions bilatérales avec la Dealm (direction de l’environnement, l’aménagement, du logement et de la mer) presque chaque mois.
F.I. : Au dernier conseil interministériel des Outre-mer, des promesses ont également été faites, notamment sur l’allégement des normes.
A.A.M. : On attend ça impatiemment. Sur les normes de construction par exemple, elles seront plus adaptées à notre environnement. J’ai vu aussi qu’on va pouvoir s’approvisionner en matériaux dans notre région. Pour prendre un exemple simple, si on peut acheter du bois à Madagascar, on gagnerait en temps.
F.I. : Est-ce que les entreprises du bâtiment arrivent à suivre ?
A.A.M. : C’est un autre aspect des complications. Dès que vous lancez des opérations à plus de quarante logements, il n’y a que les trois grandes entreprises du BTP (Vinci, Colas, GTA) qui peuvent répondre au marché. Alors que beaucoup de nos opérations sont de taille moyenne, on a des difficultés parce qu’il y a moins d’entreprises structurées. A l’heure actuelle, on a plus de 1.600 logements en construction, soient 35 chantiers.
F.I. : Quel est le délai moyen pour un chantier ?
A.A.M. : ça dépend de la taille de l’opération. A Mayotte, on est sur un territoire complexe. On construit plus lentement qu’ailleurs pour faire simple. Si on compare avec un chantier de deux ans à La Réunion, il faut six mois ou un an de plus ici. Il peut y avoir des problèmes d’approvisionnement, des retards liés aux bouchons. Il y a des paramètres qu’on ne peut pas maîtriser.

F.I. : Vous parlez souvent de logements neufs. Mais quand est-il de l’existant ?
A.A.M. : On fait aussi de la réhabilitation. Le logement locatif social reste récent pour nous, on en fait depuis 2011. Avant, c’était la fameuse case SIM, donc de l’accession pour les familles. Dans notre parc le plus ancien, on a dépensé l’année dernière trois millions d’euros. On a un plan qu’on actualise tous les ans en fonction des années de construction. On sait exactement quels bâtiments vont être retouchés l’année prochaine par exemple. On a un département qui ne s’occupe que de ça.
F.I. : On a l’impression que beaucoup de choses se font à Mamoudzou.
A.A.M. : C’est lié au marché de Mayotte. La moitié de notre patrimoine est sur la commune de Mamoudzou. Sur nos 2.700 logements annoncés, 1.500 y sont. Il y en a 700 en chantier aujourd’hui. 70% de notre demande est sur Mamoudzou, Koungou et Petite-Terre. On va aussi dans des secteurs où il y a de l’activité économique. A Dzoumogné et Chirongui, on a déjà des chantiers en cours. Et pour Combani, quand le deuxième hôpital sera fait, il y aura déjà des logements. On essaye toujours d’anticiper.
Crise de l’eau : l’association des maires propose ses propres solutions pour dessaler

Avec les deux retenues collinaires étant à un niveau très bas, les têtes se tournent évidemment vers le dessalement de l’eau de mer comme solution. A Mayotte, seule l’usine de Pamandzi fournit péniblement 1.300 mètres cubes d’eau par jour. L’association des maires de Mayotte préconise donc de s’adresser à la société SM2D, qui promet un projet opérationnel en trois mois et une production de 5.000 m3 d’eau quotidiennement.
A peine arrivé sur le territoire, Gilles Cantal a rencontré les élus mahorais. Le préfet en charge de l’eau s’est entretenu notamment avec l’association des maires de Mayotte présidée par Madi Madi Souf. « Vous m’avez fait comprendre que la crise s’aggravait de jour en jour puisque les mesures prises pour économiser la consommation d’eau notamment par l’intensification des coupures n’apportaient toujours pas les effets escomptés. Vous avez également rappelé que les retenues collinaires étaient au plus bas de leurs capacités et qu’à ce rythme, notre île risquait de manquer d’eau vers le mois de septembre si la trajectoire de la consommation n’était pas inversée », raconte le maire de Pamandzi, dans un courrier en date du 25 juillet. Ni une ni deux, il lui propose « d’autres mesures complémentaires qui doivent être prises en urgence pour éviter ce scénario ». Brochure à l’appui, l’élu lui présente la solution proposée par la société SM2D. « Elle pourrait être opérationnel sous trois mois et serait en capacité de renforcer l’offre en eau actuellement disponible en attendant la mise en œuvre des projets structurants de long terme », avance-t-il, espérant ainsi une production de « 5.000 mètres cubes d’eau par jour » supplémentaires.
Un pied de nez à la SMAE
Le courrier de l’association des maires est un camouflet pour la SMAE, le délégataire du syndicat des Eaux de Mayotte (ex-Smeam). La filiale de Vinci gère la seule unité de dessalement d’eau de mer, installée à Pamandzi. Cette dernière produit 1.300 mètres cubes d’eau par jour, alors qu’elle devrait en faire trois, voire quatre fois plus. Pire, en 2018, une rallonge de huit millions d’euros avait été accordée pour améliorer la productivité, mais celle-ci n’avait pas eu l’effet escompté. A ce jour d’ailleurs, le syndicat des Eaux de Mayotte refuse toujours la réception des travaux. En 2022, un nouvel avenant d’une valeur de quatre millions d’euros, soumis cette fois à des pénalités en cas de retard ou d’une production trop faible, a été signé entre les deux parties. Dans sa récente réponse au député Mansour Kamardine, le ministère de l’Intérieur et des Outre-mer indiquait que ces nouveaux travaux « en cours » devraient être achevés en « novembre 2023 » (voir par ailleurs). En déplacement à Mayotte en juin, le désormais ex-ministre délégué aux Outre-mer, Jean-François Carenco, tablait plutôt pour « décembre ».
En parallèle, d’autres projets doivent toujours voir le jour, dont des nouvelles usines de dessalement à Ironi Bé, Longoni et Sada, ou la retenue collinaire d’Ourovéni. « D’autres investissements, financés également en grande partie par l’État et le Feder [N.D.L.R. Fonds européen de développement régional], viendront également augmenter la capacité de production d’eau quotidienne afin de limiter au maximum les tours d’eau à l’avenir », avait promis l’État en août 2022, lors de la signature de l’avenant pour Pamandzi. La sécheresse s’est installée et aucune de ces usines n’est en travaux actuellement. Pourtant, d’autres sociétés sont intéressées. C’est le cas du groupe Suez, déjà présent à Mayotte dans le domaine des déchets (avec la Star). Si celui-ci n’est pas motivé pour le moment à reprendre la délégation pour tout le réseau mahorais (la DSP doit se terminer en 2026), la maîtrise d’ouvrage de nouvelles usines l’intéresse davantage, sachant qu’il développe des solutions dans les pays du Golfe.
Est-ce que la proposition de l’association des maires d’une autre société sera donc entendue ? Rien n’est moins sûr.
La liberté d’expression aux Comores se rétrécit selon le département d’État américain

Contrairement à l’an dernier, aucun cas de disparition n’a été relevé aux Comores en 2022. L’impunité en revanche, surtout au niveau des forces de sécurité, police et militaire constitue toujours un problème, déplorent les États-Unis. Washington publie chaque année un rapport retraçant l’évolution des droits humains dans le monde.
Le département d’État américain a publié le 20 mars son rapport de l’année 2022 sur les pratiques en matière de droit de l’homme. Ce document très attendu rassemble les données de près de 198 pays et territoires à travers le monde. Aux Comores, le rapport dont les Nations Unies obtiennent copie est presque passé inaperçu. Pourtant, il a été très critique envers les autorités étatiques. En effet, le département d’Etat a passé en revue plusieurs volets de la liberté : les violations et abus des droits de l’homme, l’insécurité, le respect de l’intégrité physique de la personne, les droits des minorités entre autres. « Comparé aux années précédentes, aucun meurtre arbitraire ou illégal n’a été signalé. Pas de rapport non plus faisant état d’une disparition par ou au nom des autorités gouvernementales », a d’abord relevé l’équivalent du ministère américain des Affaires étrangères. Néanmoins, l’impunité était un problème dans les forces de sécurité tant au sein de l’armée que la police. Rappelons que pas plus tard que le 1er mars dernier, l’opinion était scandalisée après l’éclatement de l’affaire Aymane. Ce jeune de 24 ans est décédé alors qu’il se trouvait en détention. Le corps qui présentait des sévices avait été emballé dans des sacs plastiques quand les gendarmes le remettaient à ses proches. Sa famille a accusé les forces de l’ordre de l’avoir « torturé à mort ». Face à la gravité des faits, le délégué chargé à la Défense, Youssoufa Mohamed Ali, a annoncé l’ouverture d’une enquête au niveau de l’état-major. Mais personne n’a jusqu’à lors vu les conclusions de celle-ci.
Peur de critiquer le pouvoir
Le département d’Etat déplore aussi une dégradation des libertés civiles. « Les individus ne peuvent pas critiquer le gouvernement ou soulever des questions d’intérêt public sans contrainte. Les autorités auraient détenu des personnes pour avoir fait des déclarations publiques, critiques à l’égard du président y compris en ligne », dénonce le rapport d’une vingtaine de pages. Parallèlement, dans les médias, tout comme il a été noté l’an passé, l’autocensure perdure. « Les médias indépendants étaient actifs et exprimaient une variété de points de vue, mais avec un niveau croissant de restriction et d’autocensure en raison des représailles du gouvernement. Certains journalistes, la pratiquent en raison du risque de violence et de harcèlement », nous apprend le rapport. Celui-ci, a souligné par contre, que le gouvernement n’a pas limité ou perturbé l’accès à Internet, ni censuré le contenu en ligne. Aucun rapport crédible n’a relevé une surveillance exercée sur les conversations privées en ligne bien que des soupçons, avaient été relayées. Quant à la liberté de se rassembler, le tableau n’est pas du tout reluisant. « La constitution et la loi prévoient la liberté de réunion, mais le gouvernement ne la respectait pas souvent. Les organisateurs étaient tenus d’obtenir des permis et d’autres approbations pour des manifestations de quelque nature que ce soit sans oublier le risque potentiel d’être arrêté pour avoir organisé une manifestation illégale », dénonce le département d’Etat. Le cas cité est celui de la marche que des citoyens ont voulu organiser au moins de juin 2022 pour protester contre la cherté de la vie, notamment la hausse des prix des carburants.
Harcèlement des journalistes
Après avoir délivré son autorisation, le préfet de la capitale Moroni a sorti une autre note la veille, interdisant la tenue du rassemblement pour des raisons de sécurité. Le lendemain, les forces de l’ordre ont quadrillé la place de l’Indépendance, où la population devait se retrouver. « Un journaliste qui tentait de couvrir la manifestation a vu son téléphone portable détruit par la gendarmerie. Les autorités ont par la suite arrêté temporairement un étudiant qui a publié sur sa page Facebook des remarques sur cet acte », ont relevé les auteurs du rapport, dont les données sont compilées par les ambassades et consulats américains à l’étranger, et des responsables gouvernementaux étrangers. Dans la même période, les avocats du barreau de Moroni avaient été empêchés d’organiser un sit-in en soutien à un confrère suspendu suite à des propos tenus à l’endroit du chef du parquet. Sur la participation au processus électoral, il a été constaté que des partis d’opposition n’étaient pas libres d’organiser de rassemblements publics. Des pratiques qui restent toujours d’actualité. Malgré la publication fin avril d’une note du ministère de l’Intérieur assurant la levée de ces verrous, l’opposition était obligée de réunir ses troupes le 27 mai dernier dans un foyer pour dénoncer la politique d’Azali Assoumani et l’opération Wuambushu actuellement en cours à Mayotte.
Arrestations arbitraires
Dans les régions reculées, l’armée empêchait même les sympathisants de regagner Moroni. Le département d’État a épinglé également l’Union Comores pour son manque de transparence au sein du gouvernement. « Le personnel résident des diplomates, des Nations unies et des agences humanitaires a déclaré que la corruption était monnaie courante à tous les niveaux. Les citoyens paient des pots-de-vin pour se passer de la règlementation douanière, éviter des arrestations ou obtenir des rapports de police falsifiés », rapporte le document. Les arrestations arbitraires qui pourtant sont interdites par la constitution avaient été relevées en 2022. « Il y a eu des rapports faisant état de personnes détenues temporairement pour avoir organisé des manifestations politiques, exprimé leurs opinions politiques ou critiqué le gouvernement. En octobre, les gendarmes ont arrêté le militant politique Hachim Said Hassane à la suite de sa rencontre avec une délégation étrangère », a énuméré le bureau de la démocratie et des droits de l’homme du département d’État qui produit tous les rapports.
Dans le milieu carcéral, les conditions de la prison et du centre de détention sont restées difficiles et mettent la vie en danger, en particulier dans la prison d’Anjouan, en raison du surpeuplement et l’absence d’eau, et d’installations médicales adéquates.
La Ville de Mamoudzou adapte ses horaires aux tours d’eau
Mayotte traverse une crise de l’eau sans précédent et le territoire communal n’est pas épargné. A Mamoudzou, l’eau est désormais coupée tous les jours, de 16 heures à 8 heures le lendemain. Dans ce contexte, la Ville de Mamoudzou optimise le fonctionnement de ses services et l’accueil du public. Depuis ce lundi, les services de la Ville accueillent le public du lundi au jeudi, de 7h à 14h, et le vendredi, de 7h à 11h30.
Football : Faïz Selemani signe en Arabie Saoudite
D’origine mahoraise, l’ailier Faïz Selemani vient de rejoindre le club d’Al-Hazem, tout juste promu en première division d’Arabie Saoudite. A 29 ans, celui-ci qui vient de passer cinq saisons pleines dans le championnat belge (à l’Union Saint-Gilloise et Courtrai) s’est engagé pour deux saisons. Le natif de Marseille avait auparavant commencé sa carrière de footballeur professionnel à Marseille Consolat, aux Chamois niortais, puis avait peiné à obtenir sa chance au FC Lorient. Proche de la communauté comorienne de Marseille, il a accepté d’intégrer la sélection des Coelacanthes en 2017 et en est devenu un cadre depuis.
Politique : Bruno André devient préfet de Saint-Pierre-et-Miquelon
Dans la valse des préfets orchestrée le 13 juillet, l’ancien secrétaire général de la préfecture de Mayotte (2014 à 2016), Bruno André, a été nommé préfet de Saint-Pierre-et-Miquelon. Ce Breton d’origine avait quitté l’île aux parfums, sa première expérience dans les Outre-mer, pour être directeur de cabinet du préfet de la région Ile-de-France. Il a pris ensuite la direction de la Guadeloupe en 2020 en devenant sous-préfet de Pointe-à-Pitre, avant cette nouvelle nomination dans l’un des territoires ultramarins les moins peuplés (environ 6.000 habitants).
La Fedom soutient le nouveau ministre délégué aux Outre-mer
Le président de la Fedom (fédération des entreprises d’outre-mer), Hervé Mariton, et les membres du conseil d’administration saluent la nomination de Philippe Vigier comme ministre délégué chargé des Outre-mer, et remercient Jean-Francois Carenco pour son engagement.
L’essor des entreprises et le développement économique des Outre-mer, seules voies durables de création de valeur et d’emplois, doivent être une priorité du Gouvernement. La Fedom continuera d’apporter son concours en ce sens.
Accès haut débit et très haut débit : Mayotte reste loin derrière
L’Autorité de régulation des communications électroniques, des postes et de la distribution de la presse a révélé les chiffres des opérateurs de communications électroniques sur l’année 2022 dans les territoires ultramarins. Ainsi, le nombre d’abonnements internet à haut et très haut débit s’élève à 780.000 à la fin de l’année 2022 dans les départements et collectivités d’outre-mer, ce qui représente 2,4 % du nombre total d’abonnements internet en France. Si à La Réunion, cela représente 337.000 personnes, le chiffre tombe à 29.000 pour Mayotte. Évidemment, le retard pris dans le développement de la fibre y est pour beaucoup. « A La Réunion, département dans lequel les déploiements FttH ont été les plus importants, 90 % des abonnements à très haut débit sont en fibre optique de bout en bout », donne comme exemple l’Arcep, rappelant ensuite que les déploiements FttH à Mayotte ne sont pas toujours pas faits.
Il y a un autre domaine dans lequel se démarque l’île aux parfums, c’est la forte croissance du nombre de forfaits qui atteint + 24,1 % en 2022. « Cette progression importante du nombre de forfaits a un faible impact sur l’évolution du nombre de cartes SIM, car le nombre d’utilisateurs de forfaits reste encore minoritaire à Mayotte (37 % du nombre total de cartes SIM en service en 2022) », note l’instance. En effet, même si elle est en recul, la part du prépayé y est toujours aussi importante (63% en 2023, elle descend à 34% chez le deuxième, la Guyane).
Autre chiffre intéressant, le nombre de SMS ne cesse de diminuer, notamment avec le développement d’applications de messagerie. 511 millions de SMS étaient comptabilisés à Mayotte en 2018, il y en a eu 350 millions en 2022.
Le pôle culturel de Chirongui clôt juillet avec un concert de Wakiiz
Dans le cadre de la dernière semaine du dispositif national « été culturel 2023 » au pôle culturel de Chirongui, c’est l’artiste afrobeat Wakiiz qui assure le concert, ce vendredi soir, à 20h30. L’entrée libre se fait uniquement sur réservation sur le site : yurplan.com/events/Wakiiz/107782
Policier mis en examen : Reconquête apporte son soutien à l’agent
Dans la soirée du dimanche 23 juillet, des affrontements ont eu lieu dans le quartier de Cavani, après la tenue d’un match de football. Agressé, un policier alors hors service est rentré chez lui pour prendre son arme et l’utiliser, blessant deux mineurs. Il a été placé en garde à vue, puis mis en examen pour violences volontaires, ce mardi 25 juillet. Nouvellement implanté à Mayotte, le parti d’Éric Zemmour affirme dans un communiqué « son soutien aux forces de police et de gendarmerie ».
« Reconquête rappelle sa volonté d’instaurer la présomption de légitime défense pour les forces de l’ordre ainsi que la défense excusable pour les citoyens. Nous considérons qu’il n’est pas normal de ne pas pouvoir se défendre face à un agresseur, de ne pas avoir le droit de défendre ses biens, sa vie, la vie de sa famille. La place d’une victime n’est pas en garde à vue ! », estime Aurélia Maillard, la représentante de Reconquête à Mayotte.