Au Salon de l’agriculture qui s’est clôturée, ce samedi 1er mars, le Premier ministre a promis, devant le stand de l’Office de développement de l’économie agricole d’Outre-Mer, un « envoyé spécial » pour la filière agricole mahoraise. « La totalité des cultures vivrières ont été soufflées (…), 95 % des arbres ont été arrachés » et parmi eux, l’ylang-ylang, essence emblématique de Mayotte qui lui a donné le surnom d’île aux parfums. « Il y a un travail à conduire pour choisir la bonne génétique, des arbustes qui résistent autant que possible », estime François Bayrou. Cet envoyé spécial sera chargé « d’apporter des réponses les plus adaptées possibles aux questions sur la reconstruction après catastrophe », notamment grâce à des fonds européens.
Les mosquées préparées à faire les dons pendant le mois de Ramadan

En confiant la distribution alimentaire et d’eau aux mosquées, la préfecture de Mayotte veut impliquer les autorités religieuses en cette période de Ramadan. Le lieu de culte de Mangajou est ainsi l’une des premières à avoir reçu des dons, ce mercredi matin.
En accueillant les denrées déchargées, ce mercredi, la mosquée de Mangajou ouvre le chapitre des distributions confiées aux autorités religieuses par les services de l’État. Le lieu de culte fait en effet partie du dispositif qui sera propre au mois de Ramadan, pendant lequel 88 tonnes de nourriture doivent être apportées aux familles dans le besoin après les passages du cyclone Chido, puis de la tempête Dikeledi. “C’est un mois d’autant plus sacré que Chido a durement atteint la population mahoraise, fragilisé chacun d’entre nous. Par conséquent, apporter de la nourriture et de l’eau dans les mosquées pour permettre aux autorités religieuses de les distribuer aux personnes qui sont dans la plus grande nécessité, c’est une façon de montrer l’importance de cette période pour l’ensemble de mes compatriotes”, justifie le préfet de Mayotte, François-Xavier Bieuville. Si les pompiers étaient en charge de la livraison, ce mercredi, le reste de l’organisation dépend de la communauté religieuse. “Je fais confiance aux personnes qui sont en charge. Je suis sûr que les choses seront bien faites. C’est justement dans cette période-là qu’on a besoin de solidarité, de prières, de vivre ensemble. Et le futari est un moment qui en fait partie”, estime le préfet, devant l’édifice religieux de la commune sadoise.
“Pas dans les polémiques”
Cette distribution n’est pas un désaveu des municipalités remontées contre les critiques relayées dans les journaux nationaux. “Je ne veux pas rentrer dans les polémiques sur le système de distribution que j’ai mis en place avec les maires et sur lequel je n’ai rien à redire”, affirme le représentant de l’État. Il dit réitérer sa confiance envers les maires et affirme que les communes et le conseil départemental de Mayotte sont prévenus de la distribution. “Tout ça se fait dans la plus grande transparence”, ajoute-il.
Il n’exclut pas d’ailleurs de reprendre les distributions avec les communes ensuite.
Solidaires réclame un plan d’urgence pour Mayotte et l’égalité des droits

Une délégation des syndicats composée de Sud Santé Sociaux, de Sud Éducation, de Sud PTT, et du secrétariat national de Solidaires s’est rendue à Mayotte jusqu’au 2 mars pour constater les conséquences de Chido. Dans un communiqué intitulé “N’oublions pas Mayotte”, elle fait un point sur la situation post-cyclone et notamment le retard en matière d’égalité sociale.
“Deux mois et demi après le passage du cyclone Chido qui a soufflé avec des rafales à plus de 220 km/h pendant 45 minutes, les dégâts causés sont toujours très visibles. 90 % du bâti a été détruit ou endommagé, les maisons sont encore sans toits ou simplement bâchées, des ruines partout, des constructions en cours arrêtées, des tôles arrachées et des montagnes de déchets à ciel ouvert. Les collines auparavant couvertes de végétation tropicale sont comme rasées, malgré déjà une repousse, les arbres sont tombés ou étêtés. La sécurité civile a contribué au déblaiement, mais se voit aujourd’hui rapatriée sur l’île de La Réunion qui a subi le cyclone Garance, au grand désespoir des Mahorais·es.
La population est en grande souffrance et précarité et doit faire à un ensemble de soucis quotidiens. Les conséquences du cyclone sont encore actuellement : de l’eau au robinet uniquement un jour sur trois et pas toujours potable, et l’accès à l’eau en bouteille difficile (arrivée par à-coups dans les magasins, rationnements, et prix exorbitants), impossibilité d’avoir des fruits et légumes frais (plus d’agriculture maraîchère) ou d’avoir certains produits, blocage de marchandises au port. Avec nos camarades de Solidaires Mayotte, nous avons pu visiter des collèges, des lycées, des dispensaires, des hôpitaux, des bureaux de Poste. Nous avons pu constater que les services publics sont très dégradés : pas ou peu de transports publics (les bouchons sont récurrents, et s’ajoutent à l’insécurité sur la route du fait de pillages ponctuels à des barrages improvisés). Les lycées, collèges, écoles ont réouverts, mais les cours se tiennent par intermittence faute de salles ou d’enseignant-es. Les hôpitaux et dispensaires sont débordés, car certains sont fermés faute de personnel, et de même pour les établissements postaux. La situation a tenu, et ne tient encore que grâce aux salarié-es, aux agent-es resté-es sur place ou en état de travailler. Les salarié-es, les agent-es des services publics sont retournés travailler rapidement, en ne comptant pas leurs heures week-end compris, et en faisant passer très souvent leurs missions au détriment de leur situation personnelle. La très grande majorité est épuisée et au bord du burn-out.
“Mayotte doit cesser d’être un département d’“exception””
Mais tous les problèmes sur Mayotte ne datent pas de Chido. Les rationnements d’accès à l’eau potable, les services publics débordés ou sous équipés, et une grande précarité étaient déjà le lot quotidien. La départementalisation de Mayotte date d’avril 2011. Elle a suscité beaucoup d’espoirs, mais aussi beaucoup de déceptions. Il est temps que Mayotte cesse d’être un département « d’exception » : ni le droit du travail, ni les droits sociaux, ni la liberté de circulation ne sont les mêmes que dans les autres départements français. Par exemple, le Smic n’est toujours pas au même niveau, ni les prestations sociales ou encore le minimum vieillesse. Les instances dans les entreprises ou dans les administrations ne fonctionnent pas ou peu.
Le cyclone Chido (Chido veut dire « miroir ») n’a fait qu’éclairer l’abandon de Mayotte par les gouvernements successifs. Nous savons que la situation est complexe, mais l’argument de l’immigration pour ne pas mettre en place un plan d’urgence d’investissements sur Mayotte, dans les services publics, dans l’économie, n’est pas entendable. Il laisse perdurer une situation de mainmise post-coloniale, sans tenir compte des besoins de la population (70 % en dessous du seuil de pauvreté). La multiplication des catastrophes climatiques est une réalité qui a touché dramatiquement Mayotte, mais aussi il y a quelques jours La Réunion, et nous exprimons également notre soutien à toute la population réunionnaise, qui voit également ses services publics de plus en plus sacrifiés. La bifurcation écologique doit être mise en place avec des mesures d’urgence dès maintenant pour espérer éviter de voir ces catastrophes écologiques se multiplier et s’intensifier.
Un plan d’urgence pour Mayotte et l’égalité des droits, c’est la véritable priorité pour donner les moyens aux Mahorais et Mahoraises de pouvoir vivre et non survivre !”
Solidaires
Crise de l’eau : une non-conformité de l’eau relevée à Vahibé
La Société mahoraise des eaux prévient, ce mercredi, que des contrôles font ressortir “une non-conformité de la qualité de l’eau sur les paramètres bactériologiques” pour Vahibé. Il est ainsi demandé à la population de ce village de la commune de Mamoudzou de faire systématiquement bouillir l’eau afin de la stériliser. “L’ébullition permet de stériliser l’eau et d’éliminer ainsi toutes les bactéries présentes. L’eau bouillie peut ensuite être utilisée pour boire, faire à manger et se brosser les dents, sans aucun danger pour la santé. Elle doit être stockée dans un récipient dédié, conservée à l’abri de la chaleur et peut être utilisée pendant 48 heures”, rappelle la SMAE, qui ajoute que de nouvelles analyses permettront de suivre l’évolution de la situation.
Un premier cas importé de chikungunya détecté à Mayotte

Ce mercredi, un premier cas de personne infectée par le virus chikungunya a révélé à Mayotte. Selon l’Agence régionale de santé, il s’agit d’une habitante de Mamoudzou revenue d’un voyage à La Réunion où l’épidémie est en grande progression, ces dernières semaines.
Selon l’Agence régionale de santé (ARS) de Mayotte, une personne porteuse du virus de chikungunya a été recensée à Mayotte, ce mercredi. Il s’agit “d’une habitante de Mamoudzou, récemment revenue d’un séjour à La Réunion. Suite à cette identification, l’ARS de Mayotte a immédiatement mis en place des actions de lutte antivectorielle afin de repérer les gites larvaires autour du domicile de la personne”. Touchée récemment par le cyclone Garance, l’île des Mascareignes est confrontée à une épidémie depuis le mois d’août 2024, 3.390 cas y ont été déclarées et “une nette augmentation” y a été relevée, ces dernières semaines. Du fait du flux régulier de voyageurs entre les deux territoires français, l’ARS mahoraise avait déjà activé son plan Orsec en fin d’année 2024, mais n’avait pas connu de cas jusqu’alors. Dès ce dernier connu, “des agents de lutte antivectorielle de l’ARS de Mayotte se sont rendus au domicile de la patiente. Une opération de recherche et de destruction des lieux de ponte autour de son habitation a été menée. Les actions de traitement et de sensibilisation des habitants, visant à éliminer les gîtes larvaires et à se protéger des piqûres de moustiques, s’organiseront tout au long de la semaine”, explique l’agence, qui a aussi informé de la santé les professionnels de santé et les urgences. Le virus se transmet par les piqûres de moustique, en l’occurrence celle des Aedes aegypti ou albopictus.
Se protéger en arrivant à Mayotte
Plusieurs recommandations sont faites à l’attention des voyageurs venant de La Réunion, il leur est demandé de “se protéger contre les piqûres de moustiques dans les jours suivant l’arrivée pour ne pas transmettre la maladie dans le cas où vous l’auriez contractée”. Les symptômes du virus incluent “une fièvre élevée d’apparition brutale souvent accompagnée de douleurs articulaires touchant principalement les articulations des extrémités (poignets, chevilles, phalanges)”. Ils apparaissent en moyenne quatre à sept jours après la piqûre. Dans ce cas-là, il faut consulter rapidement un médecin en lui signifiant que vous avez un séjour à La Réunion et continuer à se protéger de nouvelles piqûres au moins une semaine.
Manuel Valls attendu à La Réunion les 6 et 7 mars
Marquée par le passage du cyclone Garance, le vendredi 28 février, l’île de La Réunion déplore la mort de cinq personnes et autant de blessés. A peine revenu de Nouvelle-Calédonie, Manuel Valls, le ministre de l’Outremer, s’y rendra, ces jeudi et vendredi. “Il sera sur place pour être aux côtés des Réunionnais et pour définir, en concertation avec le préfet (N.D.L.R. Patrice Latron) et les élus du territoire, les aides nécessaires pour faire face à l’ampleur des dégâts causés”, annonce son ministère.
A Koungou, les permanences sociales de Carobolé reprennent
La Ville de Koungou annonce la reprise des permanences sociales à Carobolé, une étape cruciale pour l’accompagnement des habitants concernés par la démolition. De ce mercredi 5 mars au 5 avril, la municipalité ouvre ce service, tous les mercredis et jeudis de 8h à 12h à l’espace social de Koungou. Pour les habitants qui justifient d’avoir habité ce quartier au cœur du village de Koungou depuis plus de dix ans, une indemnisation de l’Etat est possible pour un relogement dans le nouveau quartier.
Ces permanences ont pour vocation de préparer le retour sur site des habitants avec le démarrage des travaux de terrassement, ainsi que d’accompagner les ménages éligibles aux indemnités Letchimy dans l’instruction de leur dossier, remis aux services de l’Etat. Ces indemnités seront versées dans le cadre de leur relogement prioritaire sur site. Selon la municipalité, c’est la première fois que ce type d’indemnité est mise en place à Mayotte.
Pour toute information complémentaire, veuillez contacter Vanille Guichard, directrice du service aménagement et renouvellement Urbain au 06 39 21 53 36 ou par mail à vanille.guichard@koungou.fr
L’association Kaza récupère le matériel informatique obsolète de l’académie
Le rectorat de Mayotte et l’association Kaza ont signé une convention visant à la récupération et la valorisation des équipements informatiques et périphériques issus des collèges et lycées du territoire. Cette initiative s’inscrit dans une démarche de réemploi et d’insertion, en partenariat avec l’atelier solidaire de Kaza. La première opération se déroulera, le 14 mars, au collège de Bouéni (à 9h), puis à celui de Ouangani (à 11h).
À cette occasion, une cinquantaine d’ordinateurs, écrans et souris retirés des inventaires des deux établissements seront récupérés par Kaza. Ces équipements seront ensuite recyclés, reconditionnés et redistribués à des personnes en situation de précarité ainsi qu’à des associations. Dans le cadre de cette convention et afin de réduire la fracture numérique, 10 % du matériel recyclé sera redistribué aux écoles du premier degré qui en feront la demande. Cette initiative vise à renforcer l’équipement des écoles du territoire, où les besoins restent importants.
La Drane assurera la supervision des opérations et veillera particulièrement à la redistribution du matériel dans les écoles du premier degré.
Des interpellations à Tsararano à la suite de troubles à l’ordre public
Touchée par des affrontements en marge de ses établissements scolaires (qui a même débouché sur un homicide, le 21 février), la commune de Dembéni fait l’objet d’une attention particulière des forces de l’ordre. Ainsi, une opération conjointe entre la gendarmerie de Mayotte et la police nationale de Mayotte a eu lieu, ce mardi matin, à Tsararano. La première précise que 18 personnes ont pu être interpellées. “Tous les jours et sans relâche, gendarmes et policiers s’engagent sur le terrain pour protéger les Mahoraises et les Mahorais. L’effort se poursuit. La violence n’a pas sa place à Mayotte !”, ajoute-elle.
Cinquante jeunes Mahorais accompagnés par la Fondation CMA-CGM
Dans le cadre de la signature d’un partenariat entre la Fondation CMA-CGM et le Service militaire adapté (SMA) au ministère des Outre-Mer à Paris, en présence de Tanya Saadé Zeenny, présidente de la Fondation CMA-CGM, et Jean-Pierre Metz, président de la Fondation du Service militaire adapté, cinquante jeunes Mahorais auront l’opportunité de recevoir un accompagnement dans leur recherche d’emploi, leur formation ou la création de leur entreprise.
En tout, 400 jeunes ultramarins bénéficieront, sur trois ans, d’un soutien personnalisé pour faciliter leur insertion professionnelle. Il s’agit également, pour le groupe de transport maritime, d’offrir « d’un appui spécifique à la formation professionnelle dans le domaine de la logistique, permettant de créer des passerelles vers les métiers de CMA-CGM », comme l’indique Tanya Saadé Zeenny. La Fondation CMA-CGM devient ainsi le partenaire principal de la Fondation du Service militaire adapté.
« Ce qui émerge est un besoin de soutien psychologique »

Bruno Bonnefoy est responsable régional écosystème zone océan Indien à la Mutuelle générale de l’Éducation nationale (MGEN). Sa structure tente de répondre au besoin de ses adhérents ainsi qu’aux enjeux éducatifs de Mayotte dans un contexte post-cyclone Chido. Interview.
Flash Infos : Comment vos locaux ont été touchés par le cyclone ? Quels sont les services que vous avez pu offrir à vos adhérents au lendemain de Chido ?
Bruno Bonnefoy : Notre agence a été peu impactée, mis à part le rideau métallique. Par chance, nous avons pu rouvrir très tôt et répondre physiquement à nos adhérents sur des questions d’aide financière, de soutien psychologique, de reprise pédagogique, notamment sur les changements d’académie des enfants, etc.
F.I. : Avez-vous pu déployer un accompagnement spécifique pour vos adhérents suite au cyclone ?
B.B. : Lorsqu’il y a des événements de ce type, qu’ils soient climatiques ou d’attentat, comme l’attaque sur Samuel Paty, nous avons un dispositif à la MGEN appelé « Auprès ». Il comprend du soutien psychologique et des aides financières. Deux jours après le cyclone, il a été déclenché, ce qui a donné lieu à l’ouverture d’une ligne téléphonique de soutien psychologique, disponible 24 heures sur 24, 7 jours sur 7. Nos adhérents peuvent s’entretenir à distance avec un psychologue. Ce dispositif va encore couvrir jusqu’au mois de mars. Même si culturellement le distanciel n’est pas idéal, nous avons fait venir des psychologues en présentiel, que nous avons prêtés au rectorat, financés par la MGEN, adhérents à la mutuelle ou non. Cela a permis au rectorat de déployer le dispositif auprès également des élèves.
F.I. : Plus de deux mois après le passage du cyclone, avez-vous remarqué une demande spécifique de la part de vos adhérents ?
B.B. : Ce qui émerge de manière très importante est un besoin de soutien psychologique. Beaucoup étaient en action durant les premières semaines et n’ont pas pris le temps de s’interroger sur leur état psychique et leur santé mentale. Il y a autant d’enfants que d’adultes avec des troubles du sommeil, de l’humeur, etc. C’est ce qui ressort des semaines. La question de la santé mentale va devenir centrale à Mayotte. Mais au-delà des moyens financiers, trouver des psychologues qui veulent rester à Mayotte n’est pas évident.
F.I. : Que représente ce coup financier pour votre mutuelle ?
B.B. : La MGEN a mis sept millions d’euros sur la table pour l’ensemble des dispositifs suite au cyclone. Ce qui inclut des suspensions de cotisations pendant un mois, et pour certains, pendant deux mois. Un mois de cotisation sur Mayotte représente 800.000 euros. De même pour les impayés et les recouvrements qui aussi été suspendus. Il existe aussi un dispositif d’action sociale sans demande de justificatif : un montant de 1.000 euros est accordé sur simple déclaration. Deux mois après, nous commençons actuellement à demander davantage de justificatifs. Mais le ministère de l’Éducation nationale lui-même a souhaité donner 2.000 euros par agent. D’abord, c’était automatique pour tous les agents ayant un salaire inférieur à 448 euros. Suite aux protestations, le ministère a estimé ne pas avoir les compétences pour étudier ces demandes, et a donc transmis cette mission à la MGEN. Nous étions donc gestionnaires des demandes de prime de 2.000 euros, ce qui a créé une confusion entre les 1.000 euros de notre action sociale et les 2.000 euros dont nous étions les gestionnaires auprès de l’Éducation nationale.
F.I. : Quel dispositif avez-vous imaginé pour soutenir la scolarité des élèves mahorais ?
B.B. : Nous sommes à un stade de projet avancé qui n’a pas encore démarré. L’avantage de notre mutuelle, c’est que nous avons environ trois millions d’adhérents, et l’essentiel de nos adhérents sont des professeurs. Nous avons envoyé un message à l’ensemble expliquant que tous les élèves ont besoin de leur aide et leur demandant s’ils accepteraient de prendre en tutorat un élève de Mayotte. Le recteur est plutôt favorable à cette idée. Il a souhaité se concentrer sur les classes d’examen. Les élèves qui passeront le bac et les élèves en BTS sont donc concernés. Les listes de ces volontaires sont transmises aux lycées, aux chefs d’établissement ou aux professeurs principaux, assureront la mise en contact avec les élèves. Dans notre rêve le plus fou, nous souhaitons qu’un élève qui réussirait son bac et irait en métropole rencontre son tuteur, qui l’aiderait à se loger et l’appuyer dans ses démarches administratives diverses. Tous les feux sont au vert, le rectorat est favorable et les discussions sont en cours, mais ce n’est pas encore déployé. Nous espérons que cela sera mis en place à la prochaine rentrée scolaire.
Le Debaa fait son entrée au patrimoine culturel immatériel
Ce traditionnel chant mahorais, à la fois artistique et spirituel, rejoint le m’biwi et le maoulida shengué patrimoine culturel immatériel (PCI) national. Pratiqué uniquement par des femmes, il vient de la tradition soufie et n’est pas rare lors des évènements marquants de la vie locale. Ben Issa Ousseni, président du conseil départemental de Mayotte, se félicite de cette inscription. “Son rayonnement dépasse aujourd’hui les frontières de Mayotte, s’épanouissant à La Réunion, en métropole, ainsi qu’aux Comores et à Madagascar. Depuis 2008, grâce au soutien du conseil départemental et de Zaman Production, il trouve une visibilité internationale. En 2009, il a été récompensé par le Prix France Musique des musiques du monde, témoignant de son excellence artistique. Ce travail de reconnaissance a été porté par le musée de Mayotte (MuMA) et soutenu par la direction des affaires culturelles (Dac) de Mayotte, avec l’engagement précieux des communautés et des acteurs culturels locaux”, fait valoir la collectivité mahoraise.
Un marché en Petite-Terre pour remonter le moral

Un marché paysan pour encourager les producteurs de Petite-Terre a été organisé à la veille du mois de Ramadan, ce samedi. Cette initiative de l’office de tourisme de l’intercommunalité de Petite-Terre a plutôt été bien accueillie.
Une quinzaine d’exposants (tout type commerce confondu) ont répondu à l’invitation de l’office de tourisme de Petite-Terre, ce samedi, qui a organisé une foire commerciale spécial Ramadan. Conscients des difficultés qui attendent la population au cours de ce mois sacré, débuté ce dimanche, les organisateurs de cette foire ont cherché à atténuer quelque peu le traumatisme généré par les conséquences du cyclone Chido, qui a traversé l’archipel le 14 décembre. « Nous avons décidé d’organiser ce marché paysan pour d’abord soutenir les producteurs locaux et les artisans. Comme vous pouvez le constater par vous même, ce rendez-vous est ouvert à d’autres produits que l’alimentaire, de façon à permettre aux habitants de faire leurs courses pour le début et la fin du Ramadan qui sera marqué par l’Aïd El-Fitr”, justifie l’office.
Le public lui ne s’est pas défaussé, une grande affluence a été noté dans la matinée pour ce marché paysan qui est le seul organisé pendant le mois sacré. Des produits agricoles (fruits et légumes), des spécialités locales cuisinées, des décorations pour la maison, des poteries, des bijoux, bijoux fantaisie, des produits cosmétiques et autres ont été proposés par les seize exposants originaires de Pamandzi et Labattoir. Cette année, à défaut de bananes vertes, manioc, fruits à pain et songes (les légumes constituant la base alimentaire du Mahorais durant la période du Ramadan), les pommes de terre ont le vent en poupe et deviennent un substitut apprécié du consommateur.
La banane (importée d’Europe) est vendue mûre sous un kiosque à l’entrée du marché de Labattoir, de l’autre côté de la rue, face au parvis de l’Office du tourisme de Petite-Terre.
Politique : une consultation lancée auprès des jeunes ultramarins
Les travaux ayant conduit à la réalisation des différents rapports adoptés par le COJ au cours des dernières années ont montré la place singulière qu’occupent les jeunes vivant ou ayant vécu dans un territoire d’outre-mer. En effet, ces jeunes sont confrontés à des problématiques spécifiques qui nécessitent des réponses adaptées. Au regard de ce constat, le président du COJ a souhaité lancer une mission flash portant sur ces jeunes dont l’objectif est de formuler des propositions claires, opérationnelles et pragmatiques pour améliorer le quotidien des jeunes des territoires d’Outre-Mer. Ces recommandations seront portées à la connaissance des décideurs dans le cadre de la préparation du comité interministériel aux Outre-mer dont la réunion a été récemment annoncée par le ministre des Outre-Mer. Dans ce cadre, une consultation ouverte à tous les jeunes ultramarins a été mise en ligne (www.jeunes.gouv.fr/COJ/consultation-jeunes-ultramarins). Elle viendra nourrir la réflexion des membres du COJ qui aboutira à l’adoption d’un document de synthèse. Comme le souligne Hugo Huet, président du COJ, “associer les jeunes ultramarins aux travaux du COJ qui les concernent est une évidence. Leurs contributions seront essentielles pour nous permettre de formuler des propositions concrètes et efficaces qui répondront, demain, à leurs besoins en matière de mobilité, d’insertion professionnelle, d’engagement ou encore de santé”.
Environnement : des conseils pour sauver les roussettes
Le réseau d’éducation à l’environnement et au développement durable de Mayotte (EDD976) conseille de laisser pousser la végétation pour permettre aux roussettes de retrouver leur milieu naturel. Depuis le passage du cyclone Chido, c’est toute la biodiversité de Mayotte qui est mise à mal. Qu’en est-il des roussettes, ces grandes chauves-souris que l’on voit voler dans le ciel au coucher du soleil ? Le régime alimentaire des roussettes de Mayotte est principalement composé de fruits et de nectar. Aussi, le cyclone ayant détruit une grande part de la végétation et des écosystèmes forestiers, trouver de la nourriture est devenu difficile pour elles. Ces chauves-souris sont cependant essentielles au bon fonctionnement de nos écosystèmes. Elles participent notamment à la régénération des forêts, en pollinisant les plantes et en disséminant les graines. Comment pouvons-nous les aider ? Les écosystèmes sont naturellement résilients et la végétation est déjà en train de repousser.
La meilleure façon d’aider les roussettes est de permettre la régénération de leurs habitats naturels, afin qu’elles puissent de nouveau y trouver refuge et nourriture. Pour cela, on peut par exemple laisser la végétation repousser sans intervenir. Si l’on décide de replanter, il est préférable de privilégier les espèces indigènes aux espèces exotiques. De plus, lorsque les arbres commenceront à avoir des fruits, on peut décider de ne pas tous les cueillir, afin d’en laisser une partie pour la faune sauvage. Il est aussi possible de contribuer à l’étude et au suivi scientifique des roussettes et autres chauves-souris. Pour cela, il suffit d’entrer ses observations sur faune-France.org, ou de les envoyer au groupe chiroptères de l’océan Indien (GCOI), en indiquant l’espèce, la nature de l’observation (visuelle, auditive, restes de nourriture…), la date, le point GPS, ainsi qu’une photo de l’animal dans la mesure du possible. Que faire en cas de découverte d’une roussette en détresse ?
Pour toute chauve-souris en difficulté, il est possible de contacter le groupe chiroptères de l’océan Indien au +262 692 67 65 72. Intervenir soi-même est fortement déconseillé, car manipuler un animal sauvage nécessite certaines compétences, afin de ne pas le blesser, limiter son stress et se protéger soi-même d’éventuelles blessures et maladies.
Le collectif Ré-Ma demande la dissolution de l’association Wuzur wa Dini
Opposé à l’initiative de l’association Wuzuri wa Dii de se rendre à Moroni, le collectif de Mahorais installés à La Réunion, le Ré-Ma, a rédigé une lettre à l’attention du président du conseil épartemental de Mayotte, les maires de Mamoudzou et de Dembéni, des représentants des autorités religieuses, les parlementaires mahorais, le ministre de l’Intérieur et le préfet de Mayotte. Le mouvement alerte sur des pratiques religieuses qui ne seront pas en accord avec l’Islam pratiqué à Mayotte, comme un ramadan qui ne suit pas celui annoncé par le conseil cadial. Mais c’est surtout le rassemblement aux Comores qui inquiète, le Ré-Ma demandant “une surveillance accrue pour empêcher toute ingérence étrangère dans les affaires religieuses des mosquées, des quartiers de Mayotte et un engagement clair des élus et du préfet pour faire respecter les principes républicains et l’ordre public face à cette menace”.
Il demande surtout la dissolution de l’association Wuzuri wa Dini qui a participé à la réunion de Moroni, en présence du président comorien Azali Assoumani. “Cette anarchie religieuse ne se limite pas à des désaccords entre croyants. Elle fracture les familles, divise les quartiers et alimente un climat de tension dangereux. Chaque année, cette fracture s’aggrave et pourrait bientôt dégénérer en affrontements ouverts. Sommes-nous prêts à voir nos mosquées devenir des lieux de conflits ? Sommes-nous prêts à accepter que des factions religieuses fassent la loi dans nos quartiers ?”, questionne le collectif.
Ramadan : les horaires de la Ville de Mamoudzou aménagés
Depuis ce lundi 3 mars, et en raison du ramadan débuté la veille, la municipalité de Mamoudzou modifie ses horaires d’accueil du public. Ses services sont donc désormais ouverts, de 7h30 à 14, du lundi au jeudi, puis de 7h30 à 11h30, le vendredi. Cette organisation est en vigueur “durant le mois de ramadan et les six jours de chawal”, précise la mairie.
Ben Issa Ousseni rend hommage à Thamarati Boina
Décédée ce dimanche, Thamarati Boina était l’une des dernières Chatouilleuses de Mayotte. Le président du conseil départemental de Mayotte, Ben Issa Ousseni, dit avoir appris avec émotion sa disparition. “Figure historique, “Ma’Aynou” fut l’une des dernières « Chatouilleuses », ces femmes courageuses qui ont mené le combat pour Mayotte française avec détermination et abnégation. Son engagement, sa ténacité et son amour indéfectible pour notre île resteront une source d’inspiration pour nous tous. Au nom du conseil départemental de Mayotte, j’adresse mes sincères condoléances à sa famille, à ses proches et à toutes celles et ceux qui ont partagé son combat. Mayotte ne vous oubliera jamais ! Que votre âme repose en paix”, partage le président de la collectivité mahoraise.
Une grève a débuté dans la juridiction mahoraise ce lundi

Dénonçant leurs conditions d’exercice de plus en plus compliquées depuis le passage du cyclone Chido, le personnel du tribunal judiciaire de Mamoudzou entreprend une grève depuis ce lundi. Il espère attirer l’attention de Gérald Darmanin, le Garde des sceaux, dans une lettre ouverte.
Voulant alerter le ministre de la Justice, Gérald Darmanin, sur un travail rendu plus compliqué par le passage du cyclone Chido, magistrats, greffiers et personnel administratif du tribunal judiciaire de Mamoudzou, ont débuté une grève, ce lundi. Un mode d’action qu’ils comptent renouveler à raison d’un lundi sur deux. Onze revendications sont portées et ont été transmises par lettre ouverte au Garde des sceaux. Elles concernent aussi bien les conditions d’exercice depuis la mi-décembre que les problèmes récurrents d’effectif, d’insécurité ou de vie chère. “Si la juridiction est encore aujourd’hui en « capacité » de fonctionner, cela est uniquement dû à l’engagement et à la conscience professionnelle du personnel contractuel, des fonctionnaires et des magistrats. Il est devenu « normal » de jongler d’un service à un autre, de prendre une audience au pied levé, et tout cela au mépris de la pénibilité et du manque de formation”, est-il expliqué dans la missive. Ainsi, un seul bâtiment sur trois du tribunal installé à Kawéni est aujourd’hui fonctionnel. “Cette « marche forcée » nous oblige à travailler pour certains dans un local de 25m2 à six ou plus”, font remarquer les grévistes, rappelant qu’une nouvelle cité judiciaire avait été annoncée, il y a trois ans. Concernant la sécurité, ils rappellent que trois agents ont été victimes d’agression et de vol depuis le début de l’année et souhaitent mettre en place un système de navettes pour pallier aux habituels embouteillages de Mamoudzou.
Suivant l’exemple d’autres fonctionnaires sur l’îles, les grévistes espèrent que leur ministère leur octroiera une prime post-cyclone Chido. Selon eux, “l’aide octroyée par la fondation d’Aguesseau n’est qu’une aide qui dédommage des pertes matérielles des agents et tout le monde n’a pas pu en bénéficier”. Ils rappellent aussi qu’il existe une différence d’indexation entre les fonctionnaires mahorais et ceux de La Réunion (elle est de 40% à Mayotte et 53% à La Réunion), alors que la vie est plus chère à Mayotte. En outre, les grévistes souhaitent que Gérald Darmanin, déjà venu plusieurs fois à Mayotte en tant que ministère de l’Intérieur et de l’Outremer, fasse le déplacement pour constater leurs difficultés. Ils rappellent que d’autres ministres, le Premier ministre François Bayrou et le président de la République, Emmanuel Macron, sont venus dans le contexte post-Chido. “Une visite de la juridiction pour se rendre compte de nos problématiques et apporter son soutien est-elle envisageable ?”, demandent-ils.
En attendant, ils invitent leurs soutiens à rejoindre leur mouvement, un lundi sur deux, devant le tribunal judiciaire de Mamoudzou.
Un centre de détention à plus de 300%
La justice à Mayotte est aussi pénalisée par une prison de Majicavo-Koropa devenue bien trop petite. Les derniers chiffres de l’administration carcérale font état, au 1er février, d’un centre de détention à 303,5% (346 détenus pour 114 places) et une maison d’arrêt pleine à 191,5%. Le quartier des mineurs est lui à 90% de ses capacités.
Construction : « On a réussi à réduire nos délais de fabrication à deux semaines »

Bruno Baratte est directeur de Tôles de Mayotte. Depuis plus de vingt ans, il fournit les entreprises de BTP et les particuliers. Acteur-clé de la reconstruction, il a accepté de revenir sur l’après-cyclone Chido. Témoignage.
« On a gardé nos prix d’avant-cyclone. On a subi ses effets comme tout le monde. Ainsi, pendant qu’on en produisait, il fallait nous même qu’on répare », raconte Bruno Baratte. Située dans la zone industrielle de Longoni, son entreprise Tôles de Mayotte existe depuis 2002. Le 14 décembre dernier, comme dans l’ensemble de Mayotte, son entrepôt a été frappé de plein fouet par l’événement climatique. « Dès la fin du cyclone, on est venu voir, on s’est dit que c’était fini. L’eau s’est infiltrée partout. Le temps de tout remettre en état pour que ce soit fonctionnel, on a dû tout nettoyer », raconte-t-il. « On a perdu la façade, une bonne partie de la toiture. »
Sur son téléphone, il conserve les photos des dégâts. « Pendant un moment, on a travaillé à ciel ouvert. On a rouvert la semaine du cyclone. Il nous a fallu une semaine pour remettre tout en état. Aujourd’hui, on continue de travailler en mode dégradé. Les matériaux ont beau avoir séché, ils continuent à s’oxyder, et avec le temps, ça provoque des pannes », explique-t-il, espérant l’arrivée d’un technicien au cours de cette semaine.
Revenant sur le contexte post-Chido, Bruno Baratte déplore le manque d’aide de la part des autorités : « Personne ne nous a aidés. On s’est débrouillés nous-mêmes. Jusqu’à aujourd’hui, j’attends que le Sidevam (N.D.L.R. syndicat intercommunal d’élimination et de valorisation des déchets de Mayotte) ramasse nos déchets, mais je n’ai vu personne. » Aux abords de l’entrepôt, de la laine de verre usagée est encore entassée sur le site de la zone industriel. Devant nous, le directeur rappelle sur son cellulaire le Sidevam, il reste sans réponse.
« Les tôles chiffonnées ne sont pas industrielles »
Malgré les difficultés, il reste fier de son entreprise. « On travaille avec des tôles conformes aux normes des bâtiments, avec les épaisseurs nécessaires. La qualité d’une tôle, c’est aussi la couche de zinc et celle de peinture qu’il y a dessus », précise-t-il. Lorsqu’on l’interroge sur les tôles chiffonnées qu’on peut retrouver entre les branches des arbres, il répond : « Les tôles que vous voyez chiffonnées dans les arbres ne sont pas des tôles industrielles. Nous, on utilise des tôles avec les épaisseurs requises. Nous avons un minimum de 0,60 millimètres pour le bardage et 0,75 millimètres pour la toiture. Les tôles chiffonnées que vous avez vues sont des tôles de bangas faits à la va-vite ».
Son entreprise reste non réapprovisionnée, mais elle fonctionne grâce aux stocks encore conservés. Il souhaite à présent tenir les délais de fabrication de ses clients*. « On a été dépassés par la charge de commandes. On avait même des délais de fabrication qui sont montés jusqu’à cinq semaines. Aujourd’hui, on a réussi à réduire ces délais à deux semaines. »
*L’entreprise vend ses tôles sur présentation de pièce d’identité, conformément à l’arrêté préfectoral du 3 janvier.