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« On n’est pas obligé de faire la guerre »

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Ces jeunes de Kawéni ont l’habitude de se réunir sur les hauteurs. Ils appellent à la paix entre villages sur les réseaux sociaux avec leur compte « Disma et vos aventures ».

Vidéos sur Instagram, rencontre en zone ennemie à Majicavo… Une petite dizaine de jeunes de Kawéni tentent, depuis janvier, de convaincre les autres jeunes à faire la paix pour mettre fin aux rivalités entre les villages. Ce samedi 23 mars, nous les avons rencontrés.

« On veut surtout que ça s’arrête », pose le « grand-père » du groupe, Edanis Abdou, appelé comme ça parce que du haut de ses 22 ans, il est le plus vieux de la bande. Dans les hauteurs de Kawéni, derrière les bâtiments qui longent la route nationale, quasiment en face du tribunal, ils sont environ une dizaine de jeunes, réunis ce samedi pour nous rencontrer, à réclamer la paix pour mettre fin aux rivalités entre les villages. « On en a marre. On ne peut pas circuler librement. Tous les jours, on entend que quelqu’un s’est fait agresser, ou s’est fait tuer », poursuit celui qui est employé en tant qu’agent de sécurité. Ceux qui se connaissent depuis l’enfance, voisins d’habitations en tôles, se réunissent chaque week-end, pendant les vacances scolaires et parfois le soir, sur cette espèce de promontoire.

Pour eux, le danger immédiat se dresse plus au nord : Majicavo, village frontalier où la majorité d’entre eux n’a pas remis les pieds depuis des années. Le simple fait d’appartenir à l’autre alliance de villages peut les exposer au danger. Les Terroristes (Kawéni, Koungou, Dzoumogné, Passamaïnty…) contre les Watoros (Majicavo, Doujani, Tsoundzou, Vahibé…).

C’est donc à l’orée du chemin qui mène à Disma, leur quartier, partie du bidonville de Mavadzani, que le groupe d’amis a commencé à tourner et diffuser des vidéos humoristiques sur Instagram. Leur compte « Disma et vos aventures », créé en décembre dernier, comptabilise plus de 2.800 abonnés. « Au début, c’était pour s’amuser », informe Sahel, un lycéen de 17 ans, et l’un des « plus sérieux » du groupe. Mais dès janvier, conscients de leur audience et de l’impact qu’ils peuvent avoir, les vidéos portent un message : celui d’arrêter de se faire la guerre entre les uns et les autres, à coups de mises en scène pour dénoncer les faits de violence.

Le 10 mars, ils vont encore plus loin. Trois d’entre eux rencontrent trois jeunes hommes, « plus influents », de Majicavo, dans le village de la commune de Koungou. Une sorte de pourparlers en zone ennemie entourée d’adultes du Conseil citoyen de Kawéni, à la demande de ces jeunes qui souhaitaient une entrevue sécurisée. « Ils nous ont dit que, par contre, ça doit venir de nous. Ils n’ont fait qu’encadrer », précise Sahel. Si ce premier entretien d’environ une heure s’est « bien passé » et a même donné lieu à une vidéo sur leur compte, le groupe espère que ceux qu’ils ont rencontrés sauront convaincre les autres de cesser le cycle infernal des violences. Car ils savent que la « guerre », qui avait déjà fait rage en 2020, peut reprendre à tout moment.

« Il y a deux champs de guerre »

« C’est de là-bas qu’ils nous insultaient et nous balançaient des pierres », montre Sahel, le bras dirigé vers le haut de la colline. Entre octobre et décembre derniers, « c’était la guerre ». Le 10 décembre, un jeune homme de 17 ans avait trouvé la mort au cours d’affrontements entre les deux bandes rivales. Plusieurs interpellations ont depuis eu lieu. L’enquête est toujours en cours.

Si ceux qui prennent le plus la parole pour le groupe, Sahel, Edanis et Djalimou, affirment ne pas vouloir participer aux bagarres en général, ils admettent avoir dû plusieurs fois « se défendre ». « Pour les gros affrontements dans la rue, certains sont appelés et tout le monde peut arriver », indique Sahel. Et concernant les attaques directes sur la colline : « On prévient mais personne n’est forcé de venir. » Mais impossible, selon lui, de ne pas agir. « Ma mère ne veut pas que je m’en mêle quand ceux de Majicavo sont dehors, mais si on n’est pas là, ils brûlent nos maisons », contrecarre celui qui confie avoir gardé chez lui, avant de s’en débarrasser, une barre de fer, au cas où ça dégénère.

C’est même sur l’un des « deux champs de guerre », qu’il a reçu sa première pierre. Ces endroits sont le haut de la colline, « le bassin », désormais recouvert de végétation, d’où on discerne leur promontoire, plus bas. Un espace surplombant où l’on voit tout Kawéni, Majicavo, mais aussi le lagon et Petite-Terre. En contraste, derrière une porte métallique et un muret, plusieurs carcasses de voitures « incendiées » jouxtent la casse locale régulièrement ciblée. L’un de ces jeunes confie d’ailleurs avoir dû fuir avec sa famille pour installer leur banga en tôle plus bas.

« On est prêts à pardonner »

Le deuxième champ de guerre, c’est ce qui reste du quartier d’Hamaha où l’on perçoit des tôles rougies et du mobilier en bois calciné. En novembre, « tout est parti, la gazinière, des cartes de séjour… Tout a brûlé », raconte Djalimou. Alertés par la fumée, ce sont ces jeunes qui ont appelé les pompiers. Un incendie volontaire que nous n’avons néanmoins pas réussi à confirmer auprès de la police. « Chaque village veut se montrer plus fort que l’autre », explique le jeune homme qui, comme les autres, ne sait pas trop expliquer les origines de toutes ces violences. « On ne sait pas quelle bouche suivre. Il y a des rumeurs qui disent que c’était pour une affaire de chiens, d’autres qui disent que c’était à cause d’un match. »

« On est prêts à pardonner », déclare Sahel. « On n’est pas obligé de faire la guerre. » Même si « beaucoup sont têtus », constatent-ils, en commentaires sur les réseaux sociaux, ils sont convaincus que, sur le long terme, la paix pourrait s’installer entre les jeunes, peu importe leur territoire, peu importe leur origine. La bande compte poursuivre sa campagne sur les réseaux sociaux. Et, en parallèle, programmer une nouvelle entrevue avec des jeunes de Majicavo. Mais cette fois-ci, de l’autre côté de la ligne de front, à Kawéni.

« On a déjà vu plus d’une centaine de jeunes descendre »

« On est intervenu à de nombreuses reprises », indique le commissaire Philippe Friedrich, qui évoque des « affrontements très violents » d’octobre à décembre, sur le secteur de Kawéni et Majicavo, au niveau du quartier « Disma-haut » (derrière le siège d’Électricité de Mayotte), à raison « d’une à deux fois par semaine ». « Nous sommes très régulièrement intervenus pour repousser car les jeunes de Majicavo descendent, repoussés à coups de cailloux par ceux de Kawéni. On a déjà vu plus d’une centaine de jeunes descendre. Parfois ceux de Kawéni remontaient et les poursuivaient », raconte le directeur de la sûreté publique.

La crête de la colline départage aussi la zone police et gendarmerie : police pour Kawéni, gendarmerie pour Majicavo. « Nous, notre but premier, c’est de protéger la population », fait-il remarquer. La police se retrouve donc souvent placée en contrebas, « pour les empêcher d’aller jusqu’à la route nationale ». La gendarmerie, de l’autre côté. Les forces de l’ordre faisant aussi « parfois rideau entre les bandes ». « On est sur une rentrée des vacances de février plutôt calme mais on sent des tensions », énonce le commissaire. Sur la zone de Kawéni-Majicavo, « on est obligés de rester vigilants. On adapte le dispositif selon les tendances mais on garde un œil ». Jeudi matin, la police a d’ailleurs réalisé une opération de contrôles d’une heure, en piétons sur la route nationale et dans les cases en tôle. « Ce n’est pas parce qu’il ne se passe plus rien, que c’est effectivement le cas. Il nous arrive de discuter avec ces jeunes. Ils se vengent toujours de quelque chose », détaille-t-il. « Et même eux n’arrivent pas vraiment à remonter l’historique. »

Endométriose : « On ne peut pas en mourir, c’est ça le pire »

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Christiane a 30 ans. Cette anonyme a découvert la raison médicale de ses douleurs de menstruations il y a seulement deux mois. À loccasion de la journée mondiale de lutte contre lendométriose, le jeudi 28 mars, elle a témoigné de son parcours dans le denier Mayotte Hebdo, « Endométriose : le combat d’une vie ». Dans lespoir désormais daider à libérer la parole sur ce sujet.

« Jai été diagnostiquée il y a deux mois. Aujourdhui jai 30 ans. J’ai mal depuis mes 13 ans. » Pour Christiane, le verdict est tombé : elle est atteinte d’adénomyose focale. Cette pathologie considérée comme, « l’endométriose interne à l’utérus », est une anomalie de la zone de jonction entre l’endomètre (muqueuse qui tapisse l’utérus) et le myomètre (muscle de la paroi utérine). Cette Mahoraise qui choisit de rester anonyme, témoigne de son parcours d’errance médicale mais aussi de sa propre acceptation de son état. « Je me disais que c’était normal », se souvient-elle, pas encore tout à fait adolescente. Pourtant ses douleurs au ventre sont apparues dès ses premières menstruations. « Les médecins me disaient de prendre le fameux Spasfon, mais ça ne passait pas. » À la maison, personne ne comprenait. Le temps passe. Elle aussi, pense que ça va passer. « Cest un mal physique et psychologique. Le ventre gonfle, les seins gonflent et dégonflent… »

À 25 ans, les migraines s’ajoutent. Un gynécologue l’informe que les douleurs sont sans doute liées aux menstruations. Elle prend une pilule en continu qui stoppe le processus de règles et lui permet un répit. « Aujourdhui je sais que les maux de tête sont le syndrome prémenstruel. » Une pause dans ses douleurs qui lui permet de faire ses études. Avant d’arrêter la pilule, inquiète des dangers sur sa santé à long terme. « Et là, ce sont des grosses crises tous les deux mois. » Il y a des allers-retours chez le médecin avant de se tourner vers la sophrologie pour apaiser. « On laisse passer. On se dit cette fois ce nest peut-être pas aussi douloureux que la dernière », livre-t-elle.

L’incompréhension de l’entourage

À 29 ans, pliée sur une chaise, ne pouvant pas se lever, et toute seule chez elle, la jeune femme est à deux doigts d’appeler le Samu. Mais elle se souvient d’une conversation avec son frère au sujet d’une femme qui avait appelé les secours pour des douleurs de règles. « Et puis quoi encore ? Cest à ça que servent les impôts ? Cest à son mari de… », se souvient-elle encore de ses mots, comme si c’était parce qu’elle n’avait pas eu de rapport sexuel. « Mais je ne peux pas lui en vouloir. Ma propre mère qui ma mise au monde ne comprend pas. » Alors Christiane n’ose pas appeler. « Ça aurait été ridicule pour eux. » Et comme à chaque fois, la douleur finit par passer. « On ne peut pas mourir de tout ça, cest ça le pire. Il faut juste supporter. Jai même oublié de faire des grimaces. On ne montre plus sa douleur, personne ne va la comprendre. »

Comme en octobre dernier, lorsqu’elle a changé de poste professionnel alors qu’elle avait ses règles accompagnées de fortes douleurs. « Je suis partie au travail le sourire aux lèvres, en rictus et crispée. Le choix nexiste pas, tu avances. »

« Je sais ce que j’ai, je peux aller de l’avant »

Quand soudain le déclic. Une énième rencontre médicale, son médecin est remplacé par une remplaçante de La Réunion. Elle lui partage sa propre histoire. Une endométriose détectée à ses 18 ans, au Canada, qui affecte une femme sur dix dans le monde. Peut-être est-elle atteinte de la même maladie. « Même moi je me suis dit qu’elle exagère peut-être. » Christiane laisse traîner plusieurs mois, se convainquant que la dernière crise était supportable. Et puis il y a trois mois, alors qu’elle était de passage en métropole, la jeune femme réalise une échographie pelvienne. Soulagée, elle apprend sa pathologie il y a deux mois. « Quand jai récupéré mes résultats, jai pleuré. Je devais les montrer à ma famille pour quelle comprenne que je nexagérais pas. Je me suis totalement déchargée. Je sais ce que jai, je peux aller de lavant », réagit celle qui raconte l’épreuve psychologique ne pas savoir jusqu’ici et se dire que « peut-être, jen fais trop ». La jeune femme a repris sa pilule, prescrite par un gynécologue, « car les crises s’aggravent avec le temps », explique celle qui, trois mois plus tôt, sans encore connaître ses résultats, a adhéré à EndoMayotte. L’association locale de lutte contre l’endométriose créée en 2022 par une amie d’école.

« Il faudrait commencer par ne plus rendre tabou les règles »

« Je ne suis pas toute seule », sait-elle dorénavant. Depuis sa participation à un échange public au sujet de la charge mentale, lors la journée internationale des droits de la femme, « je me suis rendu compte que presque toutes les femmes sont ou ont un parent confronté à ça », raconte celle qui s’apprête à prendre de plus en plus la parole sur ces sujets. Elle a d’ailleurs consulté sa mère d’abord pour connaître son point de vue quant au fait d’exposer son intimité. « Car tu es pointée du doigt dès que tu parles ce qui se passe dans ta culotte », dénonce-t-elle. « Dans la société, parler des règles cest secret, sale. Il faudrait commencer par ne plus rendre tabou les règles. Pourquoi les gens disent que cest normal d’avoir mal quand on a ses règles alors que pour nimporte quelle autre douleur on va voir le médecin ? », soulève cette femme célibataire sans enfants qui a déjà entendu l’idée que la douleur passera quand elle aura un foyer.

Habituée au silence, elle souhaite désormais en faire sortir. Des femmes confrontées à ces douleurs, anormales, qui pourraient, si cela est détecté, être prises en charge médicalement, pour en guérir ou bien obtenir un traitement à vie pour les soulager, selon leur intensité. « Sur une échelle de douleur de 1 à 10, si on me demande, je dirais 30. Mais il y a des personnes qui narrivent pas à marcher, rampent et vomissent. » Elle a en tête un dessin partagé sur les réseaux sociaux d’une femme tenant une disqueuse comme pour couper son ventre du reste de son corps.

Retrouvez notre dossier sur l’endométriose dans le Mayotte Hebdo numéro 1082.

Une organisation bien rôdée aux Comores pour les migrants d’Afrique continentale

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Venus d’Afrique de l’Est pour leur majorité, des candidats à l’immigration vers Mayotte ont passé près de vingt jours dans une localité côtière située au nord de la Grande Comore, où est originaire leur passeur. Contactées, les autorités comoriennes n’ont pas répondu et semblent préférer fermer les yeux concernant cette route de l’immigration.

Une femme enceinte, d’autres qui allaitaient encore et des jeunes âgés entre 14 et 18 ans. Les profils des migrants d’Afrique continentale qui ont résidé à la Grande Comore, dans l’espoir de pouvoir se rendre à Mayotte sont variés. Selon des témoignages recueillis auprès des villageois, environ une cinquantaine d’africains ont pris le large depuis vendredi et se prépareraient probablement pour rejoindre l’île aux parfums, leur destination finale. Arrivés début mars, à Bangwa Kouni, localité située au nord de Ngazidja (Grande Comore), les migrants y ont passé pas moins de vingt jours, a-t-on appris auprès de sources locales, contactées ce lundi. On y retrouvait plusieurs nationalités : des Burundais, des Djiboutiens, des Tanzaniens, voire des ressortissants de la République démocratique du Congo (RDC), pays dont la partie orientale est en proie à une violence inouïe. Pour ce qui est de la tranche d’âge, elle variait entre 14 à 40 ans, excepté les bébés. « Un bateau les a transportés jusqu’au large. Et leur boss, c’est-à-dire le passeur, a envoyé une vedette les récupérer jusqu’à la terre ferme. Ce jeune passeur est d’ici. Il avait loué une maison pour les installer avant de disparaitre sans jamais revenir. On dit qu’il se trouvait en Tanzanie. En gros, ces pauvres étaient livrés à eux-mêmes », déplore notre interlocuteur.

Jusqu’au départ du dernier contingent, ce vendredi 29 mars, les migrants rencontraient pas mal de difficultés. Ils peinaient à joindre les deux bouts. A un moment, le propriétaire de la maison qui est en construction, les a chassés à cause des impayés. « Les femmes dormaient chez la famille du passeur et y mangeaient là-bas tandis que les autres se débrouillaient comme ils le pouvaient. Aussi étant donné que nous sommes en plein mois de ramadan, des villageois invitaient les migrants musulmans à rompre le jeûne ensemble, chez eux », a poursuivi notre source sous couvert d’anonymat. Il a noté un manque d’hospitalité de la part de la communauté envers les migrants qui, selon nos informations, se rendaient chez les proches du passeur pour les menacer. Ils affirmaient lui avoir remis de l’argent pour acheter un moteur d’un kwassa-kwassa. C’est peut-être la raison pour laquelle, une embarcation est venue les prendre vendredi dernier. « Un groupe de sept personnes est partie dans un premier. Puis les autres ont suivi quelques jours plus tard. On pense qu’ils se dirigeaient vers Anjouan afin de préparer le voyage à destination de Mayotte », a indiqué notre source qui a souligné que le passeur est quelqu’un de très connu. Il aurait même déjà été incarcéré, dernièrement à Anjouan, toujours pour des histoires de migrants qui voulaient rejoindre Mayotte.

Silence des autorités

La question que tout le monde se pose en ce moment est la suivante : comment se fait-il que des migrants aient pu passer un très long séjour comme celui-ci sans qu’une unité de police ne fasse le déplacement pour les interroger ? Nous avons écrit au ministre comorien de l’Intérieur, Fakridine Mohamed, pour savoir s’ils avaient eu vent de ce débarquement, mais ce dernier n’avait pas donné suite au moment où nous rédigions ces lignes. Est-ce une façon pour les autorités comoriennes d’éviter toute prise en charge de tout ce beau monde ? Possible, croit savoir notre source, qui rappelle qu’arrêter ces migrants reviendrait à les loger et à les nourrir avant de les rapatrier vers leurs pays de départ. Ainsi, les laisser partir en fermant les yeux sur leur présence était la meilleure solution. Rappelons qu’en 2021, dix-huit ressortissants malgaches qui tentaient de se rendre à Mayotte avaient dû être logés dans un hôtel d’Anjouan. Sauf qu’au bout de deux mois, les conditions d’hébergement se dégradaient progressivement. L’État peinait à régler les facteurs des sept chambres occupées par les migrants. A un moment, le propriétaire de l’hôtel avait demandé l’autorisation d’engager certains d’entre eux comme agents. Depuis deux ans, les Comores sont devenues une plaque tournante, un point de passage pour les candidats à l’immigration clandestine en provenance de la région des Grands Lacs. Nombreux sont les des migrants d’Afrique continentale qui y transitent avant d’embarquer dans des kwassa-kwassa pour Mayotte clandestinement.

Souvent, les passeurs les bernent en les débarquant dans les plages des autres îles sans jamais revenir les chercher.

Les collégiens de Kani-Kéli laissent leurs traces sur la plage de M’bouini

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Près de 160 élèves du collège de Kani-Kéli, tous niveaux confondus, ont œuvré ce vendredi matin pour réaliser un tableau temporaire dans le sable, sur la plage de M’bouini. Il s’agit du projet Maths Ephe’mer, qui se tient généralement pendant la semaine des Mathématiques, du 13 au 20 mars, et qui consiste pour les élèves à dessiner une œuvre inspirée de formes géométriques dans le sable. Sur 600 mètres-carré de plage et encadré par une quinzaine de professionnels de l’établissement, les élèves ont dû travailler ensemble pour effectuer les bonnes mesures et les tracés correctement avec des cordes. Bien-sûr, le dessin est préparé en amont, pour organiser au mieux la matinée.

« Pour cette troisième édition, nous avons fait un clin d’œil aux Jeux olympiques. Les élèves ont dû tracer les anneaux des jeux dans le sable et des formes à l’intérieur », précise la principale adjointe, Valérie Martiale. La première édition avait été consacrée à l’arbre de Pythagore, et la deuxième à des formes géométriques.

Cette activité a pour but de proposer un moment ludique autour des mathématiques, mais aussi de l’art. Il vise aussi à valoriser le travail en équipe et à sensibiliser les élèves à l’environnement. En effet, ils doivent ramasser les déchets sur leur « toile » pour pouvoir y dessiner, et la mer qui vient ensuite balayer leur tableau leur apprend avec poésie la force de la nature. Pour Valérie Martiale, Ephe’mer vise aussi à valoriser les collégiens : « Les élèves sont très heureux à chaque fois. Je suis très fière d’eux. Ce projet leur montre aussi qu’ils peuvent avoir confiance en eux et qu’ils sont capables de faire de grandes choses ».

Le prix de l’essence augmente légèrement à partir du 1er avril

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Le prix de l'essence augmente de deux centimes à partir du 1er avril.

Comme chaque mois, le préfet a fixé les prix maximums des produits pétroliers.

Pour le mois d’avril 2024, le prix de l’essence passe de 1,83 euros le litre à 1,85, « en raison des cours moyens mondiaux du pétrole et de l’appréciation du dollar par rapport à l’euro », détaille la préfecture dans un communiqué du 29 mars. Ce n’est pas le cas du gazole et de la bouteille de gaz. Le gazole passe de 1,57 euros le litre à 1,55 et la bouteille de gaz de 12 kg reste, elle, à 25 euros.

« La baisse des cours moyens mondiaux du gazole (-2 %) et la stabilisation du prix du butane permettent une diminution du prix à la pompe de 2 centimes par litre du gazole », explique la préfecture.

Le prix du pétrole lampant baisse lui d’un centime (de 1,13 euros à 1,12 euros), celui du mélange détaxé augmente de deux centimes (1,28 euros à 1,30 euros) pendant que celui du gazole marin baisse de deux centimes (1,16 euros à 1,14 euros).

 

Baignade interdite à Sakouli et Dzona

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La baignade est interdite plage Sakouli et Dzona.

Pour cause de contamination fécale des plages de Sakouli et de Dzona, les deux sites sont interdits de baignade, informe la mairie de Bandrélé sur Facebook sans donner plus de détails, ce vendredi.

Brest : un organisateur présumé de mouringués convoqué au tribunal

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Pendant la période du ramadan, des mouringués (ici à Kawéni) sont organisés régulièrement en métropole. photo d'archives

Un homme âgé de 26 ans est soupçonné d’avoir organisé plusieurs mouringués en pleine rue dans le quartier de Bellevue, à Brest, vendredi 22 et samedi 23 mars. Nos confrères du Télégramme rapportent qu’il lui est aussi reproché d’avoir refusé de donner le code d’accès de son téléphone au cours de sa garde à vue « pour provocation à la commission d’un délit », qui a débuté mardi. En fin de semaine dernière, les forces de l’ordre ont dû utiliser des gaz lacrymogènes dans la sous-préfecture du Finistère afin de disperser les participants aux combats. Le quotidien régional précise que le mis en cause a été déféré, ce jeudi, et qu’il devrait être jugé dans la journée. Afin d’empêcher la tenue de nouveaux combats, le préfet du Finistère a pris un arrêté « visant à interdire ce type de rassemblement dans l’ensemble des communes de Brest métropole » du vendredi 29 mars au mardi 2 avril.

Seize recrutements pour le tribunal judiciaire de Mamoudzou d’ici 2027

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Eric Dupond-Moretti, ministre de la Justice, ici au tribunal judiciaire de Mamoudzou en mars 2022, a promis des renforts pour la juridiction mahoraise.

Le ministre de la Justice, Éric Dupond-Moretti, a dévoilé ce jeudi la répartition des effectifs supplémentaires au sein de l’ensemble des juridictions. Le tribunal judiciaire de Mamoudzou va bénéficier de seize recrutements d’ici 2027. Il sera ainsi doté de cinq magistrats en plus, dix greffiers et un attaché de justice. Pour les deux premiers, ce sont des augmentations d’effectif important prévues sur cinq ans, avec 24% d’augmentation du nombre de magistrats et 32% pour les greffiers. 

Du son côté, le tribunal judiciaire de Saint-Denis-de-La-Réunion bénéficiera de quinze recrutements, celui de Saint-Pierre, de onze, et la cour d’appel de Saint-Denis-de-La-Réunion, de quatre.

Ces recrutements sont prévus dans la loi de programmation de la Justice, un plan d’embauche “historique” pour cette dernière. “Ce plan de recrutement constitue une nouvelle étape majeure dans le réarmement judiciaire de notre pays”, déclare le garde des Sceaux dans un communiqué. La répartition des recrutements a été confiée aux chefs de cour, pour coller avec les besoins du terrain. Une “première”, selon le ministère. D’ici 2017, sur la totalité du territoire national, ce sont 1.500 magistrats, 1.800 greffiers et 1.100 attachés de justice qui seront déployés pour renforcer les rangs de la Justice. 

Séquestration au lycée de Coconi : de lourdes peines requises

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Pour Albert Cantinol (photo), avocat général, un « faisceau d’éléments » qui vont « au-delà des aveux » des cinq accusés établissent leur culpabilité. Jugés depuis mardi à la cour d’assises de Mayotte pour vol, enlèvement et séquestration en bande organisée de l’ancien secrétaire général du lycée agricole de Coconi, dans la nuit du 30 septembre au 1er octobre 2020, les cinq jeunes hommes, dont trois étaient mineurs au moment des faits, seront fixés sur leur sort judiciaire, ce vendredi. A la veille du verdict, le représentant du ministère public a décrit le surnommé « Satche » comme un « leader », en somme celui qui, plus âgé que ses comparses, a donné les consignes lors du cambriolage, avant de conduire la voiture de la victime, ligotée à l’arrière. L’arbre auquel le secrétaire général a été attaché seize heures durant, « le lieu du supplice », a-t-il poursuivi, aurait été le dernier endroit visité par le responsable d’établissement si ce dernier n’avait pas réussi à se libérer de son bâillon avant d’appeler à l’aide. « Les protagonistes ont tous pris part à l’enlèvement alors que [Monsieur G.] a demandé sa libération à plusieurs reprises », a estimé l’avocat général. Vingt ans de réclusion criminelle ont été requis contre « Satche », 23 ans au moment des faits. Pour ses comparses, l’avocat général demande respectivement dix-huit ans, quinze ans, et dix ans concernant les deux derniers.

Une journée de sensibilisation au cancer du col de l’utérus

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Ce mercredi, l’Association pour la condition féminine et l’aide aux victimes (Acfav) a organisé une journée de sensibilisation sur la contraception et le cancer spécifique de la femme, ce mercredi, dans le cadre de ses journées thématiques avec les parents. L’objectif de cette journée était de sensibiliser la population sur les différentes méthodes de contraception, ainsi que sur le cancer du col de l’utérus. Ce cancer peut se développer à la suite de la contraction du papillomavirus humain (HPV). Il peut être évité grâce à la vaccination contre le HPV (chez la femme comme chez l’homme) et aux dépistages qui permettent de détecter les lésions précancéreuses. Le dépistage chez les femmes commence dès 25 ans puis il est conseillé de le refaire tous les cinq ans. Pour plus d’information sur le dépistage des cancers, il est possible de se rendre sur la page Facebook du Centre Régional de Coordination des Dépistages des Cancers de Mayotte (CRCDC), anciennement Redeca.

Pour la plage de Sohoa, c’est quoi la suite ?

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Des équipements destinés à l’entretien physique ont déjà vu le jour.

A Chiconi, la municipalité fourmille de projets au sujet de la plage de Sohoa. Après la création d’un parking et la mise en place d’installations sportives et ludiques aux abords de la plage, un terrain de beach-volley et une aire consacrée à l’apprentissage de la natation devraient prochainement voir le jour. Pour en savoir plus, nous avons rencontré Warda Halifa, cheffe de projet en politique de la ville et développement du territoire.

Flash Infos : Les travaux d’aménagement de la plage de Sohoa n’ont finalement pas totalement abouti en décembre 2023, date initialement annoncée. Quand est-ce qu’ils seront finalisés ?

Warda Halifa : Les travaux ne sont pas totalement terminés. Nous n’avons pas encore mis en place les marchés pour sélectionner les opérateurs, notamment des restaurateurs, qui seront sur site. On est encore en train de finaliser les démarches administratives. Cela dit la plage reste ouverte. On a accusé des retards sur les livraisons de matériaux.

F.I. : On peut remarquer que le parking et l’installation des équipements sportifs sont finalisés.
W.H. : Oui, le parking permettant d’accueillir les usagers, une aire de jeux et des équipements sportifs ont été installés. D’ailleurs, nous envisageons aujourd’hui de rendre le parking payant. Il faudra pour cela accueillir un concessionnaire qui organisera et sécurisera le site pour un service complet. Sur l’aménagement, ce qui est embêtant, c’est qu’une des entreprises qui a reçu un lot n’a pas pu réaliser les travaux à temps. Cette entreprise a été mise en demeure et nous avons lancé la procédure de sélection pour en avoir une autre. Cela a repoussé la livraison terminale du chantier.

F.I. : Pourquoi la municipalité a-t-elle fait le choix de rendre ce parking payant ? Cela pourrait « refroidir » certains usagers qui viennent en voiture.

W.H. : C’est une décision qui est en cours d’étude, ce n’est pas définitif. L’idée est de permettre d’entretenir le site. Et puis, aujourd’hui, les collectivités ne peuvent plus se permettre de mettre à disposition des sites gratuitement. Il faut qu’on puisse entretenir ces sites-là, les protéger et promouvoir des activités commerciales pour que ce soit aussi un site touristique et attractif.

F.I. : L’an dernier, le maire de Chiconi, Madi Ousseni Mohamadi, évoquait la mise en place de trois sites de restauration aux abords de la plage. Vous pouvez nous en dire plus ?

W.H. : Il y aura trois sites, donc trois emplacements destinés à des opérateurs dans la restauration, qui seront là de manière permanente, mais aussi des emplacements pour des food trucks. L’idée est de pouvoir installer des restaurateurs en permanence sur site. Beaucoup de monde s’est déjà manifesté pour cette activité.

F.I. : En dehors de la restauration, qu’est-ce que la municipalité envisage de développer sur la plage ?

W.H. : Au-delà de l’aspect économique, il y aussi l’aspect ludique, attractif et sportif. On souhaite mettre en place un terrain de beach-volley. L’espace disponible ne nous permettra pas de faire un site homologué, mais on souhaite quand même faire en sorte de mettre en place un équipement qui permettra à des clubs de s’entraîner. Nous avons déjà rencontré la ligue et les comités, c’est en cours. Ces installations restent conditionnées à la livraison des travaux. On travaille aussi avec l’association sportive du collège Ali Halidi [à Chiconi] pour initier des cours de natation. On accompagne déjà cette association pour que les habitants et les élèves bénéficient de cours de natation à Tahiti plage. L’idée serait de rapatrier ce type d’activité chez nous. Ça pourrait aussi nous permettre de mettre en place des formations pour les futurs surveillants de baignade. Des promoteurs nous ont aussi sollicité pour mettre en place des randonnées palmées et des balades sur la zone. Cela s’inscrit dans un des axes de travail de la mairie, puisque nous souhaitons créer une sorte de balade de santé, en mer, entre la plage de Sohoa et la baie de Chiconi.

Défenseur des droits : Un rapport qui pointe de nombreux manquements aux droits à Mayotte

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Le dernier rapport du Défenseur des droits comporte plusieurs passages concernant Mayotte. Deux délégations, dont une menée par Claire Hédon en novembre 2023, sont venues sur le territoire l’an dernier.

Venue sur le territoire en novembre 2023, Claire Hédon avait promis une attention particulière pour le département mahorais dans le dernier rapport du Défenseur des droits, publié ce mardi 26 mars. Alors que le second volet de l’opération Wuambushu va bientôt commencer, les soucis d’accès aux droits, que ce soient pour les étrangers, les services publics, voire l’eau, ressortent du texte.

https://www.mayottehebdo.com/abonnements/flash-infos/

RSMA : Les formés visent d’abord la confiance avant d’apprendre un métier

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Abdou, 20 ans, à gauche, en train d’aider son camarade Houmadi, pendant un cours de français et de mathématiques.

Direction le régiment du service militaire adapté (RSMA), à Combani, où une section de jeunes en formation militaire initiale apprend ou révise du français et des mathématiques, ce jeudi 21 mars. S’ils se destinent à intégrer une formation professionnelle, une prise de confiance en eux et en les autres sont aussi à la clé.

« Tu as bien refait ta phrase ? », questionne le caporal Frédérique. « Oui, j’ai remplacé « ils sont vêtus » par « il est vêtu » », répond, souriant, le jeune homme assis à côté de lui, stylo en main et un polycopié d’exercices de français placé devant lui. Comme sa trentaine de camarades âgés entre 18 et 25 ans, il fait partie d’une des quatre sections – mixtes -en formation militaire initiale (FMI) que compte le régiment du service militaire adapté (RSMA), basé à Combani. Ce jeudi 21 mars, une partie de leur journée est dédiée à un cours de français et de mathématiques. Il est encadré par un volontaire technicien répétiteur (personne diplômée en contrat d’un an au RSMA, renouvelable quatre fois), faute de professeurs en nombre suffisant (six mis à disposition par le rectorat). Les niveaux se mélangent et des duos d’entraide se forment. « Y en a qui sont bons, d’autres qui ont des oublis ou qui n’ont pas pu terminer le lycée. Mais tous ensemble, on peut y arriver », maintient le caporal. Sur les deux mois de FMI à effectuer, il ne leur reste qu’environ un mois de théorie avant d’intégrer la filière professionnelle choisie.

« Les plus à l’aise peuvent aider les autres », explique le sergent Cédric. Si ces remises à niveau pourront leur être utiles pour trouver un travail à l’issue, c’est aussi et surtout cette « cohésion » qui est visée au RSMA. Ce sous-officier adjoint de la section les suit depuis leur arrivée, au quotidien. Il la voit déjà à l’œuvre. « Souvent la première semaine, ils ont une petite appréhension. Mais ils arrivent ensemble à un endroit qu’ils ne connaissent pas, doivent marcher au pas au même rythme… » Et il y a le partage d’un même cadre de vie pour les former au « savoir vivre » et « vivre-ensemble » : en internat la semaine, une dizaine par chambrée, sans téléphone portable.

« Dès la deuxième semaine, on commence à voir les résultats. On voit une certaine rigueur », reprend le sergent, qui cherche à les responsabiliser. Le planning, comme les lits, sont au carré. Levé à 4 heures, puis rasage de la barbe, mise en tenue et rassemblement à 6 heures devant le commandant de la troisième compagnie en charge des sections pour connaître les activités de la journée. Sport de 6 heures à 8 heures. Et déroule des activités, jusqu’à 17 heures, comme ce cours de français et de mathématiques, ou encore le suivi d’une intervention pour interroger les rapports hommes-femmes. Puis dîner, chants, révisions, douches… « Et extinction des feux à 21 heures. »

« Je suis fier de moi »

« Ça fait du bien », lâche Abdou, 20 ans, en train d’aider son camarade Houmadi à poser des calculs d’opérations sur sa feuille. « On nous donne des ordres. On nous dit « fais ceci, fais cela ». Et puis on a fait « ceci » ou « cela ». Plus on écoute, plus ça rentre dans la tête. Je me sens actif », détaille celui qui intègrera bientôt la nouvelle formation de poseur de fibre optique, pensée pour répondre aux besoins du département. « La dernière fois que je suis rentré voir ma famille pour le week-end, mes parents m’ont dit qu’ils étaient fiers de moi. Avant, je ne m’entendais pas avec eux », décrit celui qui dit avoir pris conscience en Première qu’il n’écoutait pas à l’école. « J’ai réalisé que je dois faire ma vie, être responsable, trouver un travail. » Il « s’accroche » pour obtenir son bac professionnel logistique avant d’intégrer le RSMA. « Aujourd’hui, je suis fier de moi. »

« Moi, ça fait longtemps que je veux venir ici », évoque son voisin de table, 22 ans. Quatre ans au lycée de Coconi, quelques mois de travail en tant qu’agent d’espaces verts à Bandraboua, puis une inscription à la mission locale… Et deux ans d’attente, dit-il, pour entrer au RSMA. « Quand je ne foutais rien, je ne me voyais pas heureux. Je voyais des jeunes de mon âge travailler, avoir le permis de conduire. Et pourquoi pas moi ? Je veux faire tous les efforts pour leur montrer qu’il n’y a pas qu’eux à pouvoir le passer. » Un défi auquel il pourra se confronter, directement au régiment durant les six à huit mois de formation professionnelle.

« Une claque salvatrice »

« Avant, je restais enfermée chez moi. Quand je parlais à une personne, je tremblais », confie Nasra, avec une voix à peine audible, timide, mais qui dit avoir déjà fait des progrès. Et pouvoir compter sur le soutien des autres jeunes filles de sa section avec qui elle partage sa chambre. « Ici, je sors de ma zone de confort. » Elle pourra, si elle le souhaite, parler librement à un psychologue qu’elle peut, comme tous ceux de sa promotion, solliciter à tout moment. Idem pour les assistants sociaux qui peuvent aider à réaliser des démarches administratives et pallier l’illectronisme de certains.

Pour le capitaine Arnaud qui cumule plusieurs casquettes, dont chargé de formation professionnelle, ce souci de confiance en soi que peuvent ressentir les jeunes s’explique aussi par leur difficulté à s’exprimer « face à quelqu’un qui maîtrise les mots ». « On veut qu’ils s’entraînent à parler français et en confiance », appuie-t-il. En cours de français et y compris sur des interventions socioculturelles qu’essaient de programmer le RSMA : lors des sessions de découverte de jeux vidéo, ateliers de sculpture au bambou, de danse hip-hop, ou de fresque collaborative dès lundi 25 mars, avec l’association Mihono, pour les peintres en formation. Le RSMA envisage même de trouver des intervenants pour les initier au théâtre, voire de mettre en place un concours d’éloquence. L’occasion aussi de leur faire « découvrir autre chose ».

« On ne forme pas des soldats ici. C’est une claque salvatrice. Le but est de les insérer professionnellement et socialement », résume le capitaine, ouvert à toute proposition d’intervention de l’extérieur pour proposer des activités. « Ils ne sont pas nuls comme ils peuvent le penser à leur arrivée. On est tous bons quelque part. Il faut juste trouver où. »

68 % des nouvelles recrues atteints d’illettrisme

Additions, soustractions à poser sur le papier, puis décomposition de nombres décimaux… Si pour certains, lors de ce cours, ce sont des révisions de connaissances déjà acquises, beaucoup présentent des lacunes scolaires. Selon les chiffres du RSMA, 68 % des nouvelles recrues sont atteints d’illettrisme lourd à très lourd, selon les tests réalisés à leur entrée, en plus de ceux réalisés au moment de la sélection. « On rattrape difficilement », admet le capitaine Arnaud. « Il faut essayer de les intéresser en utilisant le vocabulaire du métier pour les exercices. L’idée n’est pas de travailler sur le COD (complément d’objet direct). »

En interne, ces savoirs de base permettront de valider l’un des quatre modules : le certificat de formation générale. Les apprenants devront ensuite encore obtenir l’attestation de formation citoyenne, le certificat de sauvetage et secourisme ainsi que l’attestation de formation à l’emploi, qui permettront, à la fin du cursus au RSMA, de délivrer le certificat d’aptitude personnelle à la formation (Capi).

À leur sortie, au moins 70 % des jeunes perdent au moins un degré d’illettrisme selon le cadre de référence de l’Agence nationale de lutte contre l’illettrisme (Anci), informe le capitaine. Et 85 % trouvent à l’issue un contrat à durée indéterminée (CDI) ou déterminée (CDD) de six mois.

Une grande cagnotte pour venir en aide aux plus démunis

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En 2023, Ibrahim et d’autres bénévoles avaient réalisé une maraude dans différents quartiers de Mamoudzou.

Soumaya Hadjy Mamode et Ibrahim, porteurs de deux initiatives citoyennes, s’allient pour organiser une grande maraude à destination des plus démunis le dimanche 7 avril, à Mamoudzou. Une cagnotte est en ligne.

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Pour Ibrahim, ces maraudes permettent aussi aux volontaires présents lors de la distribution de discuter avec des personnes « qu’on ne saurait peut-être pas comment aborder autrement ».

« Dans la nuit, je n’ai pas arrêté de cogiter », relate Soumaya Hadjy Mamode, après être passée le long du stade de Cavani, où plus de 200 personnes dorment dehors, depuis la fin du démantèlement du camp. Voire, selon nos informations, jusqu’à même 300 personnes dans les environs, de façon éparse. « Il pleuvait, ils étaient tous au sol sur des tapis ou des matelas… Je me suis dit que je ne pouvais pas ne pas bouger. » Dès dimanche, la chargée d’évènementiel dans une entreprise du quartier décide d’organiser une grande maraude, action qu’elle n’a encore jamais faite. Elle lance, dans la foulée, une cagnotte en ligne. Objectif : récolter 3.000 euros. Et « pour montrer que c’est possible », elle verse les premiers 100 euros.

Dès lundi, elle est rejointe par Ibrahim, un ami qui a l’habitude des maraudes comme celle qu’il a organisé l’an passé. Ils feront front commun. Lui, pour la logistique. Elle, pour le côté financier.

« Au lieu de diviser nos ressources, on s’est dit pourquoi pas s’allier », explique celle qui a créé et partagé une affiche sur les réseaux sociaux : la grande distribution aura lieu dimanche 7 avril, dans différents quartiers de Mamoudzou. Pour éviter la polémique mais, surtout, aider le plus grand nombre, elle ne se focalisera pas uniquement sur les personnes migrantes, qu’elle ne « peu[t] cependant pas ignorer ». « On ne va pas pouvoir sauver tout le monde. Mais l’objectif est d’aider le plus grand nombre. Tout dépendra de la participation », détaille celle qui dit déjà recevoir des messages de mamans qui veulent préparer des repas.

Une collecte de produits de première nécessité

Ibrahim acquiesce. Lui, a passé environ une heure à discuter avec les personnes près du stade. Il revient avec plusieurs feuilles et une liste d’environ 250 personnes, pour une première estimation de besoins. Une liste qui peut aussi servir « de preuve », ajoute l’initiatrice, pour essayer de convaincre d’éventuels donateurs. Ou des associations, que démarche le jeune homme, pour tenter de « créer une synergie ».

« À nous de démarcher, les épiceries, en parler dans les lycées… », ajoute la jeune femme de 25 ans. Riz, farine, œufs, conserves, eau, tout produit de première nécessité, alimentaire ou non (protections hygiéniques par exemple), peut être récolté directement chez les habitants qui souhaitent donner. Il suffit de se manifester par message ou sur les réseaux sociaux et ainsi recevoir les informations pour pouvoir participer à la distribution. L’argent de la cagnotte, servira, lui, à acheter des kits alimentaires. Ce jeudi, celle-ci affichait 700 euros. Et environ une centaine a pu être récoltée par le biais de dons directs en physique ou par Paylib.

Contact (Paylib) : +262 692 73 10 95

Quelques distributions pour les migrants

Plus ou moins proches du stade de Cavani, ancien lieu de camp, primo arrivants, demandeurs d’asile et réfugiés dorment dehors. En métropole, l’Office français de l’immigration et de l’intégration (Ofii) verse des allocations aux demandeurs d’asile. À Mayotte, ce système n’est pas applicable. Seule l’association Solidarité Mayotte donne aux demandeurs d’asile des bons d’achat de trente euros, et dix euros par enfant, par mois. Ce mois-ci, à cause des barrages, ils recevront celui de février en plus de mars. Et ceux qui auraient pu obtenir le statut de réfugié il y a six mois, n’y ont plus droit.  Aucune aide n’est prévue à Mayotte pour les primo-arrivants, pas encore enregistrés sur les registres de la préfecture pour faire leur demande d’asile.

La Croix Rouge, dans le cadre de ses maraudes du lundi au vendredi, a cependant pu distribuer des « bouteilles d’eau, une collation et du réconfort », informe son directeur du pôle urgence sociale. Des protections hygiéniques également, nous indique Harun, somalien. Des kits d’urgence auraient été distribués par Solidarités International. Et quelques packs d’eau, bouts de pain, de temps à autres par des passants. Selon nos informations, les structures d’hébergement (Acfav, Mlezi Maore, Solidarité Mayotte et Coallia) sont saturées. Les 450 places dont dispose Solidarité Mayotte sont, ce jeudi, toutes occupées, au profit des plus vulnérables (femmes et enfants, personnes malades).

Question hygiène, des toilettes de chantier ont été déposées aux abords du stade, pour le marché de Cavani, à Mamoudzou, dans le cadre de la foire du ramadan. Une cabine fermée à clés en dehors des heures de marché.

Un faré avant une future résidence sur les hauteurs d’Hajangoua

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La première pierre du futur faré d’Hajangoua a été posée, ce jeudi soir. Ces travaux, réalisés dans le cadre du projet d’aménagement du quartier M’ro M’titi, permettront dans un premier temps la création d’un « lieu d’échange multigénérationnel », selon le président de la communauté d’agglomération Dembéni-Mamoudzou (Cadema), Rachadi Saindou. En lieu et place des cases en tôle détruits il y a environ un an, la bâtisse sera aussi un point de rassemblement en cas de cyclone ou de séisme. Coût total de l’opération : 1.139.898 euros. L’État prend en charge 80% du montant des travaux, la Cadema, les 20% restants. Aux côtés du maire de Dembéni, Moudjibou Saïdi, Rachadi Saindou a aussi annoncé pour septembre 2024 le début des travaux visant à créer dix logements, dont quatre accessibles aux personnes à mobilité réduite, en contrebas du prochain faré.

Crash Yemenia Airways : La peine maximale à nouveau requise en appel contre la compagnie

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La stupeur était terrible à Marseille, le 30 juin 2009. Une partie des passagers du vol qui s’est abîmé en mer étaient partis de la cité phocéenne, puis avaient changé d’avion au Yémen.

En première instance, le tribunal correctionnel de Paris avait reconnu coupable Yemenia Airways pour blessures et homicide involontaires. La même sentence est encore réclamée ce mercredi 27 mars encore par la cour d’appel de Paris. Des erreurs de pilotages au cours de l’accident qui a fait 152 morts, le 30 juin 2009, au large des Comores, ont été relevées. Le verdict est attendu au 10 septembre 2024.

Comme en 2022, la peine maximale a été requise, ce mercredi 27 mars, contre la compagnie Yemenia Airways, qui était jugée en appel depuis le 4 mars, suite à l’accident survenu le 30 juin 2009 ayant causé le décès de 152 personnes, au large des Comores. Le procureur a demandé une amende de 225.000 euros contre la Yemenia Airways. La cour d’appel doit rendre son verdict le 10 septembre 2024. Au mois de juin 2022, la compagnie avait été reconnue coupable pour « blessures et homicide involontaires ». Mais ses avocats ne cachaient pas leur intention de vouloir faire appel. Puisque la loi ne l’interdisait pas, la cour d’appel de Paris a donc abrité un nouveau procès qui a duré presque quatre semaines. Voilà que la sentence réclamée par les procureurs ne diffère pas des décisions prises en première instance, il y a presque dix-huit mois. L’un des avocats de la partie civile s’en est réjoui. « Mes clients présents [mercredi] à la salle d’audience ont écouté avec soulagement les réquisitoires des deux avocats généraux qui non seulement ont requis à la culpabilité de la compagnie Yemenia Airways, mais demandé aussi l’aggravation de la peine », a déclaré l’avocat franco-comorien, maître Saïd Larifou. A l’en croire, la cour a exigé à ce que la peine soit publiée sur le site de la compagnie pour une durée de quatre mois.

Erreurs de pilotage

« C’est une satisfaction affichée par mes clients et je partage sans réserve le sentiment de justice vécu par eux. D’autant qu’ils ont suivi ma plaidoirie et demandé à ce que justice soit rendue aux 152 personnes décédées sans distinction de nationalité », a ajouté l’avocat selon qui le combat n’était pas fini. « Car nous allons devoir demander à l’Agence pour la sécurité de la navigation aérienne en Afrique et à Madagascar d’assumer ses responsabilités. Ce crash aérien était prévisible », a-t-il insisté. Ce procès en appel à la différence de celui qui s’est tenu devant le tribunal correctionnel de Paris au mois de juin 2022, a permis aux conseillers de prendre du recul et d’écouter toutes les parties. « Dans mes réquisitoires, j’ai beaucoup insisté sur le risque évident de déni de justice dans la mesure où le tribunal correctionnel avait rejeté je le rappelle les prétentions des parties civiles des proches des victimes de nationalité comorienne », a détaillé maître Larifou contacté par Flash Infos. Depuis le 4 mars, un nouveau procès était ouvert. Durant les premières semaines, la cour avait fait intervenir des experts de renom et des pilotes pour tenter de déceler les causes du crash du vol de l’A310 de la Yemenia, qui s’est abimé dans les eaux de la Grande Comores, voilà maintenant quinze ans. A la barre, ces experts ont indiqué que l’accident aurait pu être évité si les pilotes n’avaient pas commis autant d’erreurs. C’est le cas par exemple de l’absence constaté d’un préparatif avant l’atterrissage. « Il n’y a pas eu de briefing. Du coup, les pilotes ont pris des décisions incompréhensibles. Ils auraient également dû utiliser le pilote automatique, mais il s’avère qu’ils ne le maitrisaient pas », ont décortiqué les experts convoqués par la cour, pendant l’audience du 11 mars.

La formation des pilotes a été remise en cause également. Ces derniers n’étaient pas suffisamment formés pour atterir dans un aéroport comme celui de Moroni a rapporté l’Association des familles des victimes de la catastrophe aérienne de la Yemenia Airways (AFVC). Le parcours du copilote est qualifié de laborieux, lui qui a commencé à piloter des gros avions après 17 ans passés dans un autre domaine. Toujours selon le compte-rendu de l’association des victimes, il a été conclu que les séries d’erreurs de pilotage, tout comme le maintien de ce vol de nuit, qui aurait dû être déprogrammé, ont incontestablement contribué à ce drame. Les défauts des feux clignotants n’ont aucun lien avec le crash a précisé la batterie d’experts. On a noté une manipulation catastrophique dès l’entame de la procédure d’atterrissage. Autre particularité de ce procès en appel, un responsable de la compagnie a comparu en visio-conférence depuis la Jordanie. La seule survivante, Bahia Bakari, âgée de 27 ans aujourd’hui, a décrit la nuit cauchemardesque qu’elle a vécue dans l’océan. « En me réveillant, je ne voyais plus rien. Je me demandais comment je me suis retrouvée là. J’entendais des femmes appeler à l’aide en shikomori », a raconté la jeune femme, qui vient de vivre un nouveau procès douloureux.

Corsair annonce « jusqu’à 4 vols par semaines » entre Mayotte et Paris

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Corsair, au cours de la saison "d'été", proposera quatre vols par semaine pour rejoindre Mayotte depuis Paris.

La compagnie aérienne renforce son programme de vols pour la saison « d’été ». Si Mayotte ne figure pas parmi ses destinations les plus plébiscitées en outre-mer (dans l’ordre la Guadeloupe, suivie par la Martinique et La Réunion), Corsair ajoute tout de même un vol par semaine sur la ligne Paris-Dzaoudzi. Dès la fin du mois de juin, Corsair desservira Mayotte depuis la France hexagonale à hauteur de quatre vols par semaine, contre trois actuellement. A titre comparatif, le nombre de vols proposés à destination de La Réunion et Pointe-à-Pitre sera trois fois plus élevé (respectivement 12 et 13 vols par semaine) au cours de cette période. Au départ de la « province », Corsair desservira aussi La Réunion au départ de Lyon et Marseille à raison de deux vols par semaine, avec des connexions possibles vers Mayotte et l’île Maurice.

Jean-Hugues Ratenon et Estelle Youssouffa déterrent la hache de guerre

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Par interventions à l’Assemblée nationale et communiqués interposés, Jean-Hugues Ratenon, député La France insoumise de la cinquième circonscription de La Réunion, et Estelle Youssouffa, députée Liot (Libertés, indépendants, outre-mer et territoires) de la première circonscription de Mayotte, affichent leurs désaccords. Déjà pointé du doigt par la communauté mahoraise de La Réunion en raison des propos qu’il a tenus suite aux violences urbaines à Saint-Benoît et Saint-André, le parlementaire réunionnais a été cité, ce mardi, au cours d’une intervention d’Estelle Youssouffa à l’Assemblée nationale. En critiquant vivement la motion de rejet déposée par La France Insoumise dans le cadre du vote de la loi contre les ingérences étrangères, la députée mahoraise a estimé que « le collègue Ratenon » s’était récemment lancé dans « une politique de mahophobie » et un « discours de haine contre les Mahoraises et les Mahorais qui vivent à La Réunion ». Le député originaire de Saint-Benoît s’est empressé de lui répondre dans un communiqué adressé à la presse, le lendemain (mercredi 27 mars). D’emblée, Jean-Hugues Ratenon « persiste et signe » ses propos. « En effet, qu’est-ce que j’ai déclaré ? Nous avons nos problèmes de violences propres à La Réunion et nous nous efforçons de les endiguer. Des problèmes auxquels il faut, oui, ajouter les phénomènes de violences importées à la vitesse grand V sur notre territoire et j’accuse l’État. Et je dis stop ça suffit », défend le Réunionnais, évitant cette fois de cibler la communauté mahoraise en parlant de « violences importées ». Le député se dit étonné par le tollé qu’a suscité sa lettre au préfet de La Réunion, et estime qu’il a « défendu la départementalisation en 2011 », à tel point, selon ses dires, qu’en 2017, une fois élu, « certains se demandaient si j’étais le député de Mayotte ». Pour le parlementaire LFI, qui rappelle avoir voté pour les amendements présentés par Estelle Youssouffa au cours du vote sur la loi Immigration, la députée mahoraise « préfère désigner La Réunion comme seule responsable de leurs malheurs ». Il poursuit et les attaques vont crescendo : « Elle préfère jouer le jeu, être la faire valoir et être la marionnette du gouvernement qui elle le sait abandonne Mayotte ». Et de conclure, tambour battant, en demandant à la députée : « Ne vous comportez pas comme la Poutine de l’océan Indien. Vous jouez avec le feu ». Ces deux-là ne partiront pas en vacances ensemble.

Par interventions à l’Assemblée nationale et communiqués interposés, Jean-Hugues Ratenon, député La France insoumise de la cinquième circonscription de La Réunion, et Estelle Youssouffa, députée Liot (Libertés, indépendants, outre-mer et territoires) de la première circonscription de Mayotte, affichent leurs désaccords. Déjà pointé du doigt par la communauté mahoraise de La Réunion en raison des propos qu’il a tenus suite aux violences urbaines à Saint-Benoît et Saint-André, le parlementaire réunionnais a été cité, ce mardi, au cours d’une intervention* d’Estelle Youssouffa à l’Assemblée nationale. En critiquant vivement la motion de rejet déposée par La France Insoumise dans le cadre du vote de la loi contre les ingérences étrangères, la députée mahoraise a estimé que « le collègue Ratenon » s’était récemment lancé dans « une politique de mahophobie » et un « discours de haine contre les Mahoraises et les Mahorais qui vivent à La Réunion ».

Le député originaire de Saint-Benoît s’est empressé de lui répondre dans un communiqué adressé à la presse, le lendemain (mercredi 27 mars). D’emblée, Jean-Hugues Ratenon « persiste et signe » ses propos. « En effet, qu’est-ce que j’ai déclaré ? Nous avons nos problèmes de violences propres à La Réunion et nous nous efforçons de les endiguer. Des problèmes auxquels il faut, oui, ajouter les phénomènes de violences importées à la vitesse grand V sur notre territoire et j’accuse l’État. Et je dis stop ça suffit », défend le Réunionnais, évitant cette fois de cibler la communauté mahoraise en parlant de « violences importées ». Le député se dit étonné par le tollé qu’a suscité sa lettre au préfet de La Réunion, et estime qu’il a « défendu la départementalisation en 2011 », à tel point, selon ses dires, qu’en 2017, une fois élu, « certains se demandaient si j’étais le député de Mayotte ». Pour le parlementaire LFI, qui rappelle avoir voté pour les amendements présentés par Estelle Youssouffa au cours du vote sur la loi Immigration, la députée mahoraise « préfère désigner La Réunion comme seule responsable de leurs malheurs ». Il poursuit et les attaques vont crescendo : « Elle préfère jouer le jeu, être la faire valoir et être la marionnette du gouvernement qui elle le sait abandonne Mayotte ». Et de conclure, tambour battant, en demandant à la députée : « Ne vous comportez pas comme la Poutine de l’océan Indien. Vous jouez avec le feu ». Ces deux-là ne partiront pas en vacances ensemble.

*Les députés examinaient ce mardi 26 mars une proposition de loi contre les ingérences étrangères portée par Sacha Houlié, président de la commission des lois, en visite à Mayotte la semaine dernière. L’Assemblée nationale a adopté le texte à la majorité. Sur 200 votants, 171 députés ont voté « pour » le texte, tandis que 25 parlementaires étaient « contre ». Les députés La France Insoumise, tous « contre », ont fait part de leurs inquiétudes, cette loi étant selon eux liberticide.

Justice : une « hausse des moyens » en Outre-mer

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Ce mardi 26 mars, la première édition de la journée « Justice Outre-mer » a été l’occasion, pour le garde des sceaux Éric Dupond-Moretti (photo), d’évoquer la nécessité de « renforcer les synergies ultramarines ». A l’intérieur de l’auditorium du ministère, dans le XIXe arrondissement de Paris, l’ancien avocat a décliné sa feuille de routes, dont les trois axes principaux sont, dans l’ordre, « l’amélioration des conditions de travail », « un meilleur accès à la justice » ou encore « la prise en compte des spécificités » des territoires ultra-marins. Selon la Chancellerie, les brigades de soutien déployées début 2023 à Mayotte et en Guyane sont une « réussite », notamment parce que des « brigadiers » sont restés sur leur lieu d’affectation. Quant aux ressources humaines « pérennes », le gouvernement avance une « hausse de moyens » pour « renforcer le service public de la justice ». Concrètement, cela représente dans les Outre-mer, 68 magistrats, 76 greffiers et 44 attachés de justice supplémentaires. La répartition de ses nouveaux effectifs n’a pas été précisée dans l’immédiat.

Des coupures d’eau en raison d’un problème à l’usine d’Ourouvéni

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Le sud de Grande-Terre va connaître un décalage des horaires des tours d’eau, ce mercredi. La Société mahoraise des eaux (SMAE) a en effet connu « un incident technique », au cours de la nuit de mardi à mercredi, sur son usine de potabilisation de l’Ourouveni. Les villages faisant partie du secteur 2 voient l’interruption de l’alimentation en eau potable avancée à midi au lieu de 14h. Les villages de Bandrélé, Chirongui, Chiconi, Ouangani, Ironi-Bé, Kani-Bé, Miréréni (Chirongui), Moinatrindri Bas, Musicale Plage (Bandrélé), M’zouazia et Tsararano sont dans ce cas.

A l’inverse, un report de l’ouverture à 17h a été décidé pour le secteur 1, dans tout le sud de Mayotte :  Bambo Est, Bambo Ouest, Barakani (Ouangani), Coconi, Hagnoundrou, Iloni, M’bouanatsa, M’ramadoudou, Nyambadao, Poroani, Sohoa, ainsi que les villages de Dembéni et Kani-Kéli.

Mayotte Hebdo de la semaine

Mayotte Hebdo n°1116

Le journal des jeunes