Le conseil des citoyens de Miréréni veut enterrer la hache de guerre

Après une semaine de terreur au mois de septembre, les violences sont reparties entre Combani et Miréréni depuis décembre. Bis repetita ce lundi, avec un nouveau barrage découvert au petit matin. Une situation de terreur qui devient invivable pour une grande partie des habitants, malgré la présence sur place de la gendarmerie mobile. Face à l’immobilisme des élus et au statut-quo des négociations pour apaiser les tensions, le conseil des citoyens de Miréréni sort du bois pour rétablir sa vérité.

vioe,ces-mirereni-mayotte-2« Là, il y avait 11 voitures cassées ! Je n’aurais jamais cru vivre ça… » Depuis sa voiture, Anziza se remémore les violences vécues quatre mois plus tôt dans la rue du bassin. Durant son tour du pâté de maisons situées à Miréréni, l’émotion remonte rapidement à la surface. Et les horreurs qui vont avec. Le bilan entre le 4 et 11 septembre fait froid dans le dos : 35 véhicules caillassés, dont 2 calcinés, et 2 maisons incendiées. Et laisse des traces indélébiles dans les têtes. « On est fatigués », répète-t-elle inlassablement. À l’instar d’une chanson qui tourne en boucle.

Une réunion de médiation vient finalement mettre fin à ce conflit. Le temps d’un instant… Les affrontements reprennent avec la même intensité, si ce n’est pire, à la suite de l’agression d’un jeune de Vahibé à l’entrée du RSMA. L’étincelle de trop en ce vendredi 11 décembre. Une nouvelle fois, le chaos et la terreur s’invitent dans les habitations. « Ce règlement de compte concernait la bande de Vahibeni et celle de Serpent », s’époumone l’infirmière, qui plusieurs jours durant, a dû passer par Tsararano pour se rendre au centre médical de référence de Kahani. Et la position géographique de Miréréni joue en sa défaveur. « Comme les jeunes sont passés par chez nous pour aller à Combani, tout le monde a cru qu’on était de mêche », souffle Khadafi, complétement déboussolé par l’orientation des discussions entre les deux villages voisins.

 

« On a été accusés de barbares »

 

vioe,ces-mirereni-mayotte-3Preuve en est avec l’expulsion de vendeuses miréréniennes du marché communal et le décès d’une Combanienne. Impossible dans ces conditions hostiles d’enterrer le corps en tout tranquillité dans le cimetière de Miréréni. La nouvelle goutte d’eau qui fait déborder le vase. Et surtout qui débouche sur une manifestation mi-décembre, puis à un nouveau barrage érigé ce lundi 11 janvier avec les grilles des caniveaux. « Cette marche, qui était censée être pacifique, ne l’était en rien puisqu’on a été accusés de barbares. Comment peut-on laisser s’exprimer librement cette dame qui appelle à la haine et au trouble à l’ordre public ? », s’interroge Anziza. « Est-on vraiment dans un pays de droit ? Ou est-ce la loi du plus fort? »

En réponse à ce témoignage, le conseil de citoyens de Miréréni, qui a vu le jour en septembre dernier dans le but que des bénévoles effectuent des rondes dans les quartiers de 21h à 4h, décide de prendre la parole et de rétablir sa vérité. « On veut que les choses soient claires et que la paix règne », insiste Khadafi. Sauf que ses membres, dont font parties Valdes, le capitaine de l’Olympique de Miréréni, et Faika, la présidente de l’association Waparawo, se sentent complètement délaissés par les autorités. « La municipalité brille par son absence », s’emporte Zabibou, derrière son écran pour mettre à jour la chronologie des événements et des traumatismes subis depuis plus de quatre mois. « Quand tu dis rien, ça veut dire que tu cautionnes », lui répond avec cynisme son voisin de table.

 

« Se soulever pour dire stop à la haine »

 

Est-ce le signe d’un point de non-retour ? Pas sûr. « En tant que parents et citoyens responsables, on doit se soulever pour dire stop à la haine », expose Anziza. Tous estiment que la rivalité entre les deux villages ne datent pas d’hier. Selon eux, elle remonte même au temps de leurs grands-parents. Seule différence : la violence se résumait à des cailloux découverts au niveau du pont au petit matin, en signe de stigmates d’une nuit agitée. Une autre époque, un autre temps… « Il faut vraiment arrêter de se renvoyer la balle, on agit comme des enfants », tempère Khadafi. « Nous, on reste ici et on fait de la légitime défense. » Leur but : limiter la casse et surtout éviter le pire. « Aucun jeune de Miréréni ne va foutre le bordel à Combani. Et Dieu merci, ils nous écoutent ! », clame haut et fort Zabibou, comme pour rappeler le pouvoir de persuasion des mamas mahoraises. Ne reste plus qu’à espérer que leurs versions soient identiques.

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