Alors que la motion pour le « désenclavement aérien de Mayotte » présentée au conseil départemental a été rejetée (voir encadré), les créateurs de Zena Airlines ont décidé d’avancer sans l’acteur public. La compagnie aérienne mahoraise vient de dévoiler son logo et devrait entrer en phase de certification d’ici peu pour se lancer officiellement en novembre. Entretien avec Régis Novou, l’un des deux porteurs de projet.
Flash Infos : Depuis plusieurs mois, Zena Airlines attend que le conseil départemental intègre le capital de la compagnie aérienne afin d’assurer sa pérennité sur le territoire. Mais la collectivité ne s’est toujours pas prononcée…
Régis Novou : Intégrer une collectivité locale au sein de l’actionnariat de Zena Airlines permet d’assurer un ancrage local et de défendre les intérêts du territoire. Nous avons attendu longtemps que le conseil départemental se positionne. Début mars, la conseillère départementale Hélène Pollozec a adressé une motion au président du Département mais cette dernière a été rejetée (voir encadré). Nous prenons donc cela comme un refus de la part de la collectivité mais cela ne va pas nous stopper. Aujourd’hui, nous avons réuni assez d’investisseurs privés autour de la table pour financer notre projet de compagnie aérienne à hauteur de 25,2 millions d’euros. Notre capital restera toutefois ouvert ces prochains mois car la part d’actionnaires privés mahorais n’est que de 20 % et nous aurions aimé avoir une majorité d’investisseurs locaux.
F.I. : Vous venez de dévoiler son identité graphique, est-ce que cela signifie que le lancement de la compagnie aérienne est proche ?
R.N. : Il s’agit en effet de la première étape pour nous. Courant avril, nous allons également créer des pages sur les réseaux sociaux, lancer une campagne de crowdfunding pour permettre aux habitants et aux particuliers de prendre part au projet puis nous contractualiserons notre partenariat avec Airbus consulting. Mais surtout, notre objectif est d’entrer en phase de certification afin d’obtenir le certificat de transporteur aérien (CTA), obligatoire pour toute compagnie aérienne. Nous allons donc entamer une phase de recrutement pour embaucher six responsables de services nous permettant de valider les différents manuels nécessaires à cette certification. Cette phase devrait durer six à huit mois et nous permettre de lancer officiellement la compagnie en novembre prochain.
F.I. : Quelles sont les autres étapes à franchir avant le lancement de la compagnie ?
R.N. : En septembre, nous aimerions lancer les recrutements des équipages afin de les former. Nous sommes également toujours en négociation avec les loueurs d’avions. Nous prévoyons d’exploiter des avions A321 Neo XLR, mais ces derniers sont encore en cours de certification jusqu’à la fin du premier trimestre 2024. Pour avoir des avions plus rapidement, nous cherchons donc des appareils de transition, en location. Nous sommes en train de terminer les négociations, elles devraient aboutir cet été.
La motion rejetée le 15 mars
« Mayotte est un territoire insulaire. La population n’a d’autre choix que de prendre l’avion pour jouir de sa liberté de circulation », estime Hélène Pollozec, conseillère départementale de Mamoudzou III, qui a rédigé une motion, le 15 mars, pour le « désenclavement aérien de Mayotte » adressé au président du conseil départemental. Car selon elle, même si les raisons de se déplacer sont nombreuses – études, rapprochement familial, emploi, santé…- le coût moyen de ces déplacements en fait un privilège. La coprésidente du groupe d’opposition a donc demandé au conseil départemental de créer une Société d’économie mixte (SEM) afin de devenir actionnaire de la compagnie Zena Airlines pour assurer la pérennité de la compagnie, sur le territoire. Si la majorité départementale a convenu qu’une nouvelle compagnie est nécessaire, elle a préféré rejeter la motion de l’opposition.