Un clip vidéo pour diminuer les caillassages de bus

La société de transport Transdev s’est associée avec l’artiste mahorais Naid pour sensibiliser, en chanson, les jeunes au « bon voyage ensemble ». Le clip « Halo Licoli » sera disponible le samedi 13 janvier.

Une chorégraphie, des mines réjouies dans des bus et du chant. Et si la musique pouvait aider à calmer les esprits et contribuer à diminuer les caillassages ? C’est le projet auquel croit fermement la société de transport Transdev pour son réseau de bus scolaires halO’. Ce mardi 9 janvier, différents représentants, dont le directeur Frédéric Delouye, ont présenté, en avant-première à la presse, un clip vidéo qui sortira officiellement sur les réseaux sociaux, samedi 13 janvier, pour la rentrée scolaire. La chanson en shimaoré, déjà diffusée sur les ondes, est une composition de l’artiste mahorais Naid, identifié et sélectionné par Trasndev afin de sensibiliser les jeunes au « bon voyage ensemble ». Elle s’appelle « Halo Nicoli » qui veut dire « Allons à l’école ».

« On ne voulait pas faire une action pour taper sur les doigts et rappeler que ce n’est pas bien de caillasser. Cela aurait été mal reçu », détaille Moizari Abdou Madi, responsable clientèle et marketing, en charge du réseau halO’. « On voulait parler aux jeunes. C’est un message de paix pour rappeler que le vivre ensemble est primordial pour aller à l’école en toute sécurité et être bien au quotidien. Ça ne résoudra pas tous les problèmes à Mayotte mais ça peut avoir un impact positif. » Mettre sa ceinture, ne pas mettre la musique trop fort lorsque le chauffeur conduit, être respectueux envers le personnel et ses congénères ou encore ne pas dégrader le matériel, c’est tout ce que rappelle dans ses paroles Naid, 24 ans, déjà connu et suivi par 37.000 followers pour ses vidéos Tik Tok. Ce, sans discours rébarbatif, mais « dans une bonne ambiance positive », décrit l’artiste.

« L’équipe clientèle appréhendait le contact »

Contacté en juillet, le jeune homme fait ainsi officiellement ses premiers pas dans la musique. « Je ne suis pas un artiste engagé. Je fais des vidéos humoristiques et certaines où je m’adresse directement à des jeunes comme moi pour parler des sujets qui nous préoccupent. J’ai commencé la musique en me disant que c’est une autre façon de communiquer. » Sur ce principe, ce diplômé en musicologie a lancé un défi, il y a deux semaines, à sa communauté sur les réseaux sociaux dans une vidéo annonçant cette collaboration : la diffuser en masse et proposer de taguer sa ville en commentaires afin d’être peut-être sélectionnée pour aller à leur rencontre, apprendre la chorégraphie et apparaître dans un autre clip qui sortira le même jour, ce samedi.

Chauffeurs, médiateurs, personnel de l’agence, chanteur et chorégraphe… Une équipe de quinze personnes environ s’est ainsi déplacée en bus dans huit villages entre le 27 décembre et le 3 janvier : Vahibé, Dzoumogné, Bandraboua, Bouéni, Sada, Kawéni, Majikavo, Koungou et Cavani. « L’équipe clientèle appréhendait le contact, mais finalement ils ont découvert une autre facette de ces jeunes », indique Moizari Abdou Madi, chargée de projet. L’enceinte installée, des enfants, collégiens, lycéens se sont prêtés et jeu.

« Ils ont la sensation de ne pas être écoutés »

L’occasion aussi d’entendre ces jeunes. « Il y avait trop de lumière pour filmer à Dzoumogné alors on leur a proposé d’aller à Bandraboua alors que ce sont deux villages rivaux. Ils nous ont dit : « Mais non, on va se faire tabasser ». Et quand on est arrivé, des jeunes de là-bas, nous ont confié la même peur », rapporte Naid. « On a aussi mieux compris leur colère. Ils ont la sensation de ne pas être écoutés, qu’il n’y a rien de fait pour eux », prenant l’exemple d’un jeune fraîchement diplômé du bac venu rapper son histoire et raconter son retour aux champs, faute d’emploi. « Et des plus jeunes qui ont compris le message et demandé pourquoi du mal est fait aux chauffeurs », ajoute la responsable espérant que ceux-là en discuteront autour d’eux. « Voir que l’équipe Transdev autrement, en train de s’amuser, permet aussi de créer un lien », appuie Naid.

Le clip servira de support aux chargés de pédagogie et de prévention de Transdev qui interviennent, tout le long de l’année, dans les établissements scolaires. Coût de cette opération : environ 10.000 euros. En parallèle, la société avait déjà mis en place des dispositifs : la présence de médiateurs aux arrêts de bus pour protéger et accompagner les élèves, qui peuvent à tout moment alerter les forces de l’ordre en cas de caillassages, ainsi que des contrôleurs pour vérifier les cartes de transport et rappeler les conséquences de mauvaises conduites à l’intérieur du bus.

Lien de la vidéo à paraître : www.youtube.com/watch?v=fYwt6hSmWPk

Pour suivre la campagne sur les réseaux : www.tiktok.com/@halomayotte, www.facebook.com/HaloMayotte et www.instagram.com/halomayotte/

Quelques chiffres

Entre le début de l’année scolaire en septembre et le 3 octobre, le réseau de bus scolaires de l’île, halO’, avait comptabilisé 35 interruptions en raison de barrages ou affrontements sur la voie publiques, cent bus caillassés avec une moyenne de quatre bus caillassés par jour.

Entre le 1er janvier et le 31 décembre 2023, 513 caillassages ont été recensés, engendrant deux utilisations de droit de retraits partiels pour des chauffeurs.

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