Traverser Mayotte en bus : le rêve de Rassouldine Toumbou Fahar

Relier Bandraboua à Bandrélé ou encore Choungui à Mamoudzou en bus sera peut-être un jour possible grâce à un lycéen originaire de M’tsangamouji. Rassouldine Toumbou Fahar, 18 ans, a établi tout un business plan pour Klandoo, qui, il l’espère, sera le premier réseau de transport en commun à relier les communes au-delà de Mamoudzou.

Des lignes de bus qui traversent tout Mayotte, c’est le projet de Rassouldine Toumbou Fahar, élève de terminale en sciences et technologies du management et de la gestion (STMG). Depuis La Réunion, où il est scolarisé au lycée de Vicendo, le jeune homme travaille depuis six mois sans relâche pour un jour voir naître le réseau de transport en commun qui manque à son île natale. « Quand j’étais petit, mes parents allaient souvent à Mamoudzou depuis M’tsangamouji. Mais comme ils n’avaient pas le permis de conduire, ils devaient y aller en taxi ou en stop, et on ne pouvait pas venir avec eux », se rappelle le lycéen de 18 ans. Actuellement, les réseaux de bus ne permettent pas encore au grand public d’effectuer ces trajets, Caribus ne devant couvrir que le territoire de Dembéni-Mamoudzou et Halo’ étant réservé au transport scolaire.

Au fil du temps, cette frustration a nourri l’ambition de Rassouldine Toumbou Fahar d’offrir à Mayotte son premier réseau de bus inter-communes, qu’il compte appeler Klandoo. Une référence à un reportage qu’il a vu sur les taxis clandestins au Cameroun, surnommés les clandos. Des taxis clandestins présents à Mayotte, que le jeune homme souhaite concurrencer.

Étude de marché, plan de financement, projection des bénéfices sur trois ans, prévision des ressources humaines, cartographie des futures lignes et même montant des amendes en cas de non-présentation de ticketRassouldine Toumbou Fahar s’est privé de nombreuses sorties entre amis ces derniers mois pour avoir d’ores et déjà un document à présenter à de potentiels investisseurs. « J’ai contacté plusieurs organismes qui pourraient donner des subventions, comme la BGE par exemple (association d’appui à la création d’entreprise, N.D.L.R.). J’attends des retours pour la rentrée », indique celui qui doit passer son baccalauréat cette année.

Sept lignes pour faire le tour de Mayotte

Dans les plans du jeune mahorais, le réseau Klandoo devrait comporter à terme sept lignes de bus qui traverseraient Mayotte du Nord au Sud et d’Est en Ouest. Mais pour commencer, il souhaite se concentrer sur une seule ligne, la N2 bis, qui relierait Bandrélé à Bandraboua en passant par Mamoudzou et la baie de Longoni. « C’est là qu’il y a le plus de trafic », justifie le jeune homme qui s’est aidé de données de l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee) pour déterminer les trajets qui seraient les plus demandés.

Un projet très ambitieux, mais auquel Rassouldine Toumbou Fahar croit dur comme fer. S’il compte poursuivre ses études à La Réunion après son bac tout en développant Klandoo, il sait déjà que ses premières économies serviront à l’achat du bus d’occasion qui inaugurera les premiers trajets. « Dès que j’ai un salaire, je fais un crédit à la banque », assure avec détermination celui qui a déjà calculé que Klandoo pourrait être rentable avec un bus de 16 places.

S’il n’en est qu’à un stade embryonnaire, ce projet détaillé donne un exemple de ce que la jeunesse mahoraise a comme rêve pour son territoire. « Il ne suffit pas de se lancer, il faut y croire », insiste Rassouldine Toumbou Fahar.

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