Depuis ce lundi 13 septembre 2021, les transporteurs de Mayotte exercent leur droit de retrait pour mise en danger des agents. En cause : les caillassages à répétition des véhicules qui surviennent aussi bien la semaine que les week-ends. Une réunion d’urgence s’est tenue au conseil départemental le jour-même pour tenter de trouver des solutions pérennes à ce problème récurrent.
En première ligne, les chauffeurs de bus mahorais subissent de plein fouet l’insécurité. “Nous sommes la cible de tous les affrontements. Tout le monde connaît le problème des caillassages à Mayotte et nous payons le prix fort. Je ne sais pas quelle est la solution à ce phénomène, mais pour le bien de tous, il faut que cela cesse”, explique Abdallah* qui n’a pas sa langue dans poche. Dimanche encore, alors qu’il ramène des jeunes footballeurs à leur domicile après un match à M’Tsapéré, ce chauffeur de bus se retrouve une fois de plus victime de caillassages. “Des jeunes ont lancé des pierres et c’est loin d’être la première fois que cela m’arrive”, affirme-t-il, exaspéré par cette situation. En effet, le chauffeur de bus avait déjà subi des faits similaires lors d’échauffourées à Cavani. Malgré un nouveau dépôt de plainte à Sada ce lundi, il redoute de reprendre la route. “Les agressions se multiplient, mais je n’ai pas le choix que d’aller travailler si je veux remplir le frigo”, se désole-t-il.
L’UI CFDT aux côtés des transporteurs
Des faits qui se multiplient ces derniers temps, après une rentrée scolaire relativement calme. Exemple vendredi dernier, lorsque des assaillants prennent en otage quatre bus avec 194 élèves à leur bord. Un événement traumatisant pour les chauffeurs comme pour les écoliers. “Cela fait des mois, voire des années que ça ne va plus« , s’agace Yasmina Mabouroukou, membre du conseil syndical UI CFDT, avant d’ajouter : “Les caillassages portent préjudice à tous les usagers de la route. Cet état de non droit n’est plus possible.” Des incivilités qui ont un coût financier non négligeable pour les entreprises de transports mais aussi un coût psychologique et parfois physique pour les conducteurs et les passagers.
Chaque matin, Abdallah* part travailler la peur au ventre. “On ne se sent plus en sécurité”, tempête le chauffeur de transport scolaire. Un sentiment partagé par la syndicaliste. “Nous sommes tous des parents et aujourd’hui, nous nous demandons si nos enfants vont arriver [vivants] à l’école, c’est insupportable. » L’union départementale des associations familiales alerte également par la voix de son président, Ali Nizary, sur les violences répétitives de ces derniers jours à Mayotte. Dans un courrier adressé aux autorités, il dénonce notamment le “mode opératoire” récurrent employé par “les voyous qui ciblent particulièrement les transports scolaires et les automobilistes”.
Suspension du ramassage ce mardi
Face à ce sentiment général d’insécurité, les transporteurs exercent à nouveau leur droit de retrait depuis ce lundi. Réponse du conseil départemental avec une réunion d’urgence pour apporter des solutions concrètes aux transporteurs. D’un commun accord et au regard de la gravité des violences observées, il a été décidé de suspendre les transports scolaires ce mardi 14 septembre. Des mesures concertées seront annoncées très rapidement après la signature d’un protocole d’accord. Reste à savoir si elles seront à la hauteur des espérances des principaux concernés…
* nom modifié