Pourquoi tant de vols déroutés ou annulés à Mayotte ?

Entre le 13 et le 15 janvier, les passagers d’un vol Corsair, en provenance de La Réunion, ont vu leur vol annulé à deux reprises. En cause : les intempéries puis l’absence de contrôleur aérien. Des problématiques qui rendent l’aéroport de Mayotte vulnérable.

Le 20 décembre, déjà, un vol Air Austral en provenance de Paris était dérouté vers La Réunion, faute d’agent au sein de la tour de contrôle de Mayotte. Un événement qui perturbait tout le programme de vols de la compagnie. Ces vendredi 13 et samedi 14 janvier, ce sont les passagers d’un vol Corsair, en provenance de La Réunion, qui ont multiplié les déconvenues. « Vendredi, les intempéries nous ont empêchés d’atterrir à Mayotte. On a tourné pendant 30 à 40 minutes au-dessus de l’aéroport avant de faire demi-tour et de retourner à La Réunion », raconte Pascal Pilbout, ce dimanche après-midi, depuis l’aéroport de Saint-Denis. Cet habitant du Lot à la retraite avait prévu de passer un mois à Mayotte avec sa femme, pour rendre visite à une amie. Le couple, comme les autres passagers, ont été logés sur l’île « intense », avant d’être informés que leur vol partait le lendemain à 14h.

Mais samedi, un dysfonctionnement au sein de l’aéroport aurait retardé de deux heures le vol en direction de Mayotte. Après être montés à bord, les passagers ont été informés que l’avion ne décollerait pas, une annulation due à la fermeture de la tour de contrôle de Mayotte, prévue à 17 h ce jour-là. Les passagers ont, à nouveau, été hébergés dans un hôtel, avant de revenir pour la troisième fois dimanche 15 janvier, à l’aéroport de Saint-Denis. Cette fois, leur avion a pu les acheminer jusqu’à Mayotte, avec un retard d’un peu plus d’une heure.

Un manque de contrôleurs aériens

« L’incident de samedi est dû à une journée particulière, un seul contrôleur était en fonction ce jour-là », précise Sabine Delpierre, cheffe de service navigation aérienne dans l’océan Indien, basée à La Réunion. La tour de contrôle de l’aéroport de Mayotte souffre en effet d’un manque d’effectifs depuis quelques mois. « Nous avons eu une démission et les mois de décembre et janvier sont les plus chargés au niveau des programmes de vols », souligne la responsable du service navigation aérienne. Un contexte qui a nécessité un réaménagement du contrôle aérien. « Cela a nécessité plusieurs réajustements des horaires de vols », poursuit-elle.

Le service navigation aérienne de l’océan Indien rencontre en effet des difficultés de recrutement et n’est pas encore parvenu à remplacer la personne ayant démissionné. D’autant que la réglementation impose aux contrôleurs de respecter un temps de travail précis pour assurer la sécurité aérienne. Deux personnes supplémentaires auraient dû être recrutées en 2022. Et actuellement, seulement trois agents se relaient au sein de la tour de contrôle. « A certaines périodes, ils n’étaient que deux », assure Sabine Delpierre. « Alors qu’ils devraient être cinq. » Le manque d’attractivité du territoire serait la principale raison de ces difficultés. Deux nouveaux contrôleurs sont toutefois en phase de recrutement et devraient rejoindre le territoire au premier trimestre.

« Le problème numéro 1 reste la piste »

Mais selon Jules Perreau, directeur régional de la compagnie Corsair dans l’océan Indien, le manque de contrôleur aérien n’est pas la principale difficulté à Mayotte. « Il s’agit d’un aéroport qui demande beaucoup de flexibilité pour les compagnies. Notamment en raison de sa piste d’atterrissage, qui, en cas de fortes pluies, ne permet pas aux avions de se poser. » Ces difficultés, couplées au prix du carburant plus élevé qu’ailleurs sur le territoire pourraient même inciter certaines compagnies à réduire leur programme de vols en direction de l’île aux parfums. « Jusqu’à maintenant, nous acceptons ces problématiques », rassure le directeur régional de Corsair. « Mais plus il y a d’obstacles, plus les freins sont nombreux pour les compagnies. » La suppression de ligne et la réduction de la fréquence des vols ne peuvent donc pas être exclues. Selon le professionnel, « le sujet numéro 1 reste la piste d’atterrissage.Si elle faisait 500 mètres de plus nous n’aurions pas de difficulté pour atterrir lorsque la météo est mauvaise. »  

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