L’annonce par le PDG de CMA CGM, Rodolphe Saadé, d’une desserte hebdomadaire à compter du mois de novembre, s’apparente à une coquille vide. Selon le syndicat des transitaires de Mayotte, il n’y a que trop peu de conteneurs vides disponibles au départ de la métropole pour l’océan Indien avant début décembre. Ce stop-booking risque bien de créer des pénuries dans le 101ème département.
« Rien n’a changé, même si nous nous félicitons de retrouver des escales plus nombreuses. » À l’autre bout du combiné, le secrétaire du syndicat des transitaires, Marc-Antoine Moles, exprime sa déception à la suite de la venue du numéro 3 de CMA CGM, Ludovic Rozan, en fin de semaine dernière. « La direction n’a pas daigné nous voir ! Elle s’est simplement baladée sur les quais de Longoni vendredi matin et a rencontré Mansour Kamardine (député LR et conseiller départemental à la tête du conseil portuaire) », dit-il, face à ce mutisme et cette absence d’entretien avec sa structure et l’union maritime de Mayotte.
Pourtant, l’optimisme était de mise avant ce déplacement puisque Rodolphe Saadé, le PDG de l’armateur français, avait annoncé le 28 septembre dernier dans un courrier adressé au parlementaire la reprise des dessertes hebdomadaires à compter du mois de novembre. Sauf que l’amont et l’aval n’ont pas le même rythme de croisière… « Effectivement, la compagnie met plus de bateaux à disposition pour récupérer les conteneurs à Jebel Ali. Mais elle manque de conteneurs vides au départ de la métropole… » Un stop-booking, dans le jargon maritime, qui doit durer jusque minimum début décembre. Alors que pour Mayotte, il en faudrait à minima 1.500 d’ici la fin de l’année.
Entre 700 et 1.400 euros supplémentaires par conteneur
Conséquence : les transitaires chargeurs au départ doivent se rabattre sur la concurrence, à savoir MSC (Mediterranean Shipping Company), qui a de son côté mis en place une peak season surcharge (PSS) sur tous les chargements depuis le 15 septembre en raison de l’importante demande sur le marché. En d’autres termes, cela correspond à une taxe de l’ordre de 700 euros pour un conteneur de 20 pieds et de 1.400 euros pour un 40 pieds. « Elle fait comme Air Austral : plus les avions sont pleins, plus il y a de de demandes, plus le montant des billets explose. »
Sans surprise, cette politique tarifaire aura des répercussions « évidentes » sur les prix. « Plus le fret est cher, plus les produits sont chers !. » Pour faire simple : soit les clients accepteront de payer, soit ils attendront que tout rentre dans l’ordre pour passer leurs commandes. En clair, les risques de pénuries et/ou d’inflation existent bel et bien, aussi bien à Mayotte qu’à La Réunion. Et pour Marc-Antoine Moles, la situation générale ne devrait pas « se résoudre avant la fin du premier, voire le début du second trimestre 2022 ».
Déjà mise à mal par ce que l’on appelle « la vie chère », la population mahoraise se retrouve une nouvelle fois au pied du mur. Il suffit de regarder la pauvreté des étals dans les supermarchés pour envisager le pire… Comme si un parfum de crise pendait au nez du 101ème département !