Les amphidromes Polé et Karihani vont tous les deux subir, tour à tour, un contrôle technique obligatoire de cinq semaines au chantier naval de l’océan Indien à Maurice entre début mars et fin juin. Une opération évaluée à 2.4 millions d’euros, qui va non seulement réduire d’un quart le nombre de sièges dans les barges durant cette période, mais qui met aussi en lumière les carences du service des transports maritimes en termes de maintenance.
C’est une belle galère qui attend les usagers quotidiens de la barge. En cause : l’arrêt tour à tour des deux derniers amphidromes de la flotte départementale. Une annonce tombée dans la soirée de ce lundi 14 février qui fait quelque peu grincer des dents et qui risque bien d’allonger les files d’attente de plusieurs dizaines de mètres… « C’est une sorte de contrôle technique obligatoire qui a lieu tous les cinq ans », dévoile Jean-Luc Davatchi, le directeur technique du service des transports maritimes (STM). Rien de bien particulier en soi. À l’exception près que la visite des coques, des vannes et des organes de sécurité se déroule au chantier naval de l’océan Indien à Maurice, par ailleurs site de construction des deux navires. « Nous tablons sur cinq jours de traversée, mais cela dépend des conditions météorologiques. En fonction des aléas climatiques, le remorqueur est habilité à se déporter. »
En plus de l’acheminement jusqu’à l’île voisine, il faut compter respectivement cinq et six semaines de maintenance pour le Polé et le Karihani. Coût total de ce marché public : 2.4 millions d’euros, dont 800.000 euros pour les simples remorquages. Plus concrètement, le premier sera absent des radars de la semaine 10 à la semaine 17, tandis que le second sera hors service de la semaine 18 à la semaine 25. Tout naturellement, ces absences successives ne sont pas sans conséquence… Des perturbations sont ainsi à prévoir sur le trafic entre Grande-Terre et Petite-Terre, notamment « le matin et en fin d’après-midi ». « Au lieu d’avoir deux barges de 590 places, l’une des deux sera remplacée par le George Nahouda qui n’en compte que 230 », prévient Jean-Luc Davatchi. De facto, l’axe Issoufali-gare maritime va perdre un quart de ses sièges pendant plus de deux mois !
Une cale sèche sous-dimensionnée
Indépendamment des considérations logistiques, cet arrêt quinquennal vient mettre en lumière les carences recensées dans le 101ème département. En ligne de mire : la cale sèche du service des transports maritimes. D’une longueur de 40 mètres, elle ne peut accueillir le Polé et le Karihani, dont les coques font 50 mètres, dans le cadre d’un check-up aussi lourd. Heureusement, ce défaut n’est pas totalement rédhibitoire ! En effet, il est tout à fait envisageable de procéder à des interventions journalières de moindre envergure, comme la visite de routine d’un propulseur. « Nous sommes en capacité de rentrer ces amphidromes, et nous l’avons déjà fait par le passé, mais nous ne pouvons pas fermer la porte », image le directeur technique. Ce qui implique toutefois d’opérer uniquement en marée basse. « Par exemple, nous ne pouvons pas procéder à leur carénage (la révision périodique de la coque, ndlr). »
Ce constat amer dénote ainsi des difficultés opérationnelles du service des transports maritimes. Envisagé il y a cinq ans au moment de la livraison du Polé et du Karihani, le projet d’agrandissement de la forme de radoub se trouve toujours au placard à l’heure actuelle. « L’ensemble du STM est vétuste, il faudrait une remise à niveau globale », concède Jean-Luc Davatchi. Tout cela pour dire qu’en cas d’avarie plus grave, nous sommes obligés de les envoyer à Madagascar, à La Réunion ou à Maurice… » Pourvu que cela n’arrive pas pendant la révision des deux mastodontes !
Deux nouveaux navires livrés en 2023
Bonne nouvelle : le service des transports maritimes s’apprête à recevoir deux barges plus « petites » en janvier et en juin 2023. « Nous travaillons sur cet achat depuis un an en tenant compte des spécificités locales », précise Jean-Luc Davatchi. S’ils pourront accueillir 400 passagers, seuls 160 d’entre eux seront abrités de la pluie. Autre particularité, les deux navires ne pourront dépasser la limite des 700kWh et auront une capacité de transport inférieure à 500 tonneaux afin d’être compatibles avec les brevets des capitaines en poste.