FI - Air Austral
« Les Mahorais de base » exigent un alignement du prix des billets de Mayotte à celui de La Réunion d’ici le 15 septembre sans condition.

La colère monte chez les Mahorais au vu des différences de tarifs pratiqués par la compagnie Air Austral dans l’océan Indien. Une lettre, signée par un collectif nommé « Les Mahorais de base de Mayotte », demande que les vols vers la métropole soient au même prix pour les deux îles.

Ils se disent « fatigués d’attendre un aéroport international en vain, fatigués d’attendre des compagnies aériennes pour faire jouer la concurrence en vain, fatigués de payer un billet d’avion cinq fois plus cher que celui de La Réunion tous les jours ». Le collectif qui se fait appeler « Les Mahorais de base de Mayotte » a envoyé une lettre en ce sens à Air Austral. La dénomination est une référence à une polémique datant de 2018 quand, dans une note interne, la compagnie avait recommandé à ses agents de ne pas vendre « aux Mahorais de base » un tarif avantageux, arguant que les Mahorais ne voyageaient pas sans bagage en soute. Depuis, les relations entre les usagers mahorais et la société créée par les collectivités réunionnaises (devenue à majorité privée en 2023) ne sont pas allées en s’arrangeant, la faute aux prix des billets pratiqués de ce côté-ci de l’océan Indien. En effet, les vols Dzaoudzi-Paris sont généralement plus chers, avec parfois une grande différence avec les Saint-Denis-Paris. « Les Mahorais de base » exigent donc « un alignement du prix des billets de Mayotte à celui de La Réunion d’ici le 15 septembre sans condition ».

Courrier Mahorais de base
Les « Mahorais de base » ont écrit un courrier à Air Austral pour faire part de leurs revendications.

Joint par téléphone, Ali Djaroudi, président de l’Autam (association des usagers du transport aérien à Mayotte) partage le même avis que le collectif et assure que le courrier a été discuté en amont. Ce mardi matin, il fait partie des manifestants qui sont à l’aéroport de Pamandzi pour appuyer les revendications. « C’est incompréhensible de payer l’équivalent de deux mois de salaire pour aller en métropole », s’insurge-t-il. De son côté, Air Austral nous informe qu’un de leurs représentants doit rencontrer les protestataires, ce mardi.

Un mouvement qui pourrait se durcir

La question du prix du billet d’avion est une problématique ancienne à Mayotte. « Ils vont vous dire que le carburant est 75% plus cher, alors qu’ils le prennent ailleurs », fulmine le président de l’Autam, en référence aux escales techniques à La Réunion ou au Kenya. Pour lui, les actions d’Air Austral tiennent davantage du lobby à Mayotte pour garder une situation de monopole. Il prend comme exemple l’absence de vols vers Antananarive, la capitale malgache qui est desservie par toutes les grandes compagnies aériennes mondiales, mais pas Ewa Air, la filiale d’Air Austral qui relie Mayotte aux autres villes de la Grande île. Ali Djaroudi s’en prend aussi aux élus. «  Ils ne se bougent pas assez », regrette-il, citant le manque de visibilité du projet de Département d’une nouvelle compagnie aérienne pour faire baisser les prix (même si cela avance avec Zena Airlines). 

« Les Mahorais de base » indiquent « qu’un mouvement populaire sans précédent contre la compagnie Air Austral s’en suivra jusqu’à l’application de notre doléance ». Ali Djaroudi évoque une action « plus conséquente dans les quinze jours » s’il n’y a pas d’amélioration.