Circulation alternée : « Nous pouvons dire que les gens sont satisfaits »

Du 19 juin au 20 juillet, les usagers des routes de Mamoudzou étaient soumis à la circulation alternée. Au départ, cette mesure n’a pas fait l’unanimité, mais un mois plus tard, le maire de la ville, Ambdilwahedou Soumaïla, en fait un bilan positif. C’est la raison pour laquelle il a décidé de renouveler le dispositif dès le lundi 28 août.

Flash Infos : Quel bilan faites-vous de ce mois de circulation alternée ?
Ambdilwahedou Soumaïla : Nous avons réuni l’ensemble des partenaires : les usagers de la routes, les représentants des entreprises, la Caisse de sécurité sociale de Mayotte, l’hôpital, la Chambre de commerce et de l’industrie, le SDIS, la sécurité civile, la police nationale et municipale, les syndicats de taxis, les transporteurs, le centre pénitentiaire. On voulait avoir un avis général, un retour d’expérience. Ils nous ont fait comprendre que le bilan global est satisfaisant même s’il y a des choses à améliorer pour mieux fluidifier la circulation. Ils avaient peur que la mesure soit définitive mais on leur a fait comprendre qu’il s’agit d’un dispositif d’urgence. Nous faisons aussi des consultations auprès de la population, et aujourd’hui, nous pouvons dire que les gens sont satisfaits. De plus, même la qualité de l’air s’est améliorée. Mamoudzou, plus précisément la zone Kaweni, avait dépassé le seuil autorisé des particules fines dans l’air. Et les spécialistes nous ont affirmé que pendant le mois de la circulation alternée, le niveau avait beaucoup baissé et ils nous ont encouragé à continuer dans cette lancée.

F.I. : Allez-vous prolonger le dispositif ?
A.S. : Oui. À la rentrée, dès le 28 août, on reprend la circulation alternée à Mamoudzou jusqu’au dernier jour avant les vacances de décembre. En attendant, nous avons décidé d’interrompre le dispositif pendant les grandes vacances scolaires pour mieux nous organiser. On va notamment améliorer les contrôles. Nous voulons mettre des vignettes sur les véhicules qui n’ont pas besoin d’être contrôlés afin de les reconnaître de loin, par exemple pour ceux des habitants de Mamoudzou. On réfléchit aussi à faire des contrôles tout le long de la journée, alors que pour l’instant ils avaient lieu aux heures de pointe et certains en abusaient. Nous allons renforcer la vigilance. Il y aura des contrôles à des
heures et endroits fixes puis d’autres à l’intérieur du périmètre avec des agents en deux roues qui circuleront toute la journée et pourront contrôler. La Cadema (N.D.L.R. communauté d’agglomération Dembéni-Mamoudzou) va aussi étoffer son dispositif de ramassage, notamment pour ceux qui circulent le soir. Elle va déployer des bus qui circuleront au-delà de 19h.

F.I. : Au début beaucoup vous ont critiqué, certains ont essayé de vous arrêter, qu’avez-vous à leur dire aujourd’hui ?
A.S. : C’était normal qu’il y ait ces critiques, normal qu’il y ait ces appréhensions parce que tout changement fait peur. On a fait de la pédagogie et maintenant les gens nous remercient. Ils se sont organisés autrement, et c’est bénéfique pour tout
le monde. Les usagers dorment plus et mieux et quand ils arrivent au travail, ils sont moins fatigués, moins stressés, et sont donc plus productifs. Même les transporteurs scolaires nous ont dit qu’ils arrivent à gagner 20 à 25 minutes de trajet, donc les bus partent plus tard et les élèves peuvent dormir un peu plus. Les pompiers, la police nous indiquent également que les temps de trajets des interventions sont plus rapides. Les chauffeurs de taxis font plus de courses car ils ne sont pas coincés dans les embouteillages pendant des heures. Je suis conscient que la circulation alternée est une mesure contraignante, mais elle était utile pour l’économie, la société, l’écologie, la santé. Ses bienfaits sont plus
nombreux que les contraintes. On estime qu’on rend service aux gens.

Ambdilwahedou Soumaïla, maire de Mamoudzou.

F.I. : La circulation alternée n’est pas une solution pérenne. Que compte faire la ville pour régler ce problème d’embouteillages sur le long terme ?
A.S : Caribus va être la solution. C’est un projet d’aménagement urbain puisqu’en plus des lignes de bus, une tram verte de cinq kilomètres est prévue, il y aura aussi des pistes cyclables. Nous pensons à d’autres alternatives en plus du bus. Au niveau de la ville, nous sommes en train d’affiner les études pour que du nord au sud, les habitants de Mamoudzou puissent rejoindre les deux extrémités de la ville sans emprunter la nationale, c’est ce que l’on appelle des liaisons inter-village. Le tracé est déjà fait, les premiers travaux commenceront l’année prochaine entre le collège de Passamaïnty et le village de Tsoundzou 1. Il y aura également les navettes maritimes qui vont être mises en place par la Cadema depuis Iloni jusqu’au quartier des Hauts-Vallons.

F.I. : Est-ce que la fréquentation des bus de la Cadema ont augmenté en un mois ?
A.S. : Entre le début de la circulation alternée et maintenant, ils ont doublé le nombre de passagers. Nous sommes arrivés à 10.000 voyageurs qui prennent les navettes dans le sud. C’est aussi un gain économique important pour les automobilistes
car ils laissent leurs voitures et économisent donc en carburant, ce qui n’est pas négligeable.

Romain Guille est un journaliste avec plus de 10 ans d'expérience dans le domaine, ayant travaillé pour plusieurs publications en France métropolitaine et à Mayotte comme L'Observateur, Mayotte Hebdo et Flash Infos, où il a acquis une expertise dans la production de contenu engageant et informatif pour une variété de publics.

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