Zena Airlines : les pourparlers avec le Département de Mayotte poussent à l’optimisme

Depuis décembre dernier, Régis et Julien Novou avancent progressivement leurs pions dans l’espoir de faire décoller leur compagnie aérienne locale, dénommée Zena Airlines, au cours du premier semestre 2022. Reste à concrétiser les premiers échanges fructueux avec la nouvelle majorité du Département, qui semble vouloir prendre le projet en vol et qui pourrait rebattre certaines cartes. Mais en cas de soutien de la collectivité, il faudra alors trouver un équilibre financier avec les actionnaires privés.

Près de deux mois après la présentation de leur projet en collaboration avec Airbus Consulting, les frères Novou reviennent sur le devant de la scène. Deux mois passés loin des radars à bûcher et à enchaîner les rendez-vous professionnels sur l’île aux parfums comme en métropole. Et celui avec la nouvelle majorité du conseil départemental, le 18 août dernier, peut donner quelques motifs d’espoir quant à l’implication économique de la collectivité dans le projet Zena Airlines. « Elle prendra sa décision finale en son âme et conscience, mais les questions étaient trop pertinentes à mes yeux pour que ce soit un simple entretien de courtoisie », résume Julien Novou, entouré ce jour-là de Cris Kordjee, la chef de file de l’association des usagers des transports aériens de Mayotte. « Le président m’a assuré qu’il soutenait toutes les initiatives permettant le désenclavement du territoire. Nous avons tous les deux saisi nos besoins respectifs ! »

Un bon point de départ pour les instigateurs de cette nouvelle compagnie aérienne 100% mahoraise. Reste à concrétiser ces premiers échanges pour le moins fructueux. Trois options s’offrent alors au Département : subventionner, rentrer au capital et/ou se porter caution. Sauf qu’une réponse positive pourrait rebattre certaines cartes… Et aussi faire grincer des dents. « En cas de partenariat, il va falloir trouver un équilibre financier avec nos investisseurs privés qui nous font confiance et qui nous suivent depuis le début de cette aventure », précise Régis Novou, désireux d’entendre les élus se positionner depuis juin sur ce dossier, qui agite régulièrement l’opinion publique et la sphère politique.

Changement du curseur stratégique

Alors oui, si « [ces] discussions changent quelque peu le curseur stratégique », le jeu en vaut la chandelle. En devenant actionnaire, la collectivité peut par exemple permettre de faire baisser de « 20 à 25% » le prix de location des avions. Une aubaine qui aurait des conséquences avantageuses sur le tarif des billets… Mais attention : l’heure tourne ! « Avec la fenêtre de tir actuelle, il faut agir de suite. L’aérien redécolle crescendo, de moins en moins d’appareils se retrouvent cloués au sol. » Autre bénéfice institutionnel à exploiter ? Le rôle de facilitateur du conseil départemental, notamment auprès d’entreprises telles que Total, l’unique fournisseur de carburant sur le territoire. Un élément à prendre en considération sachant que le kérosène représente « 30% des coûts variables ».

Peu importe la décision finale, les frères Novou assurent suivre leur calendrier initial. « Nous avons toujours pour ambition de pouvoir voler avant le début de la haute saison 2022 à destination de l’Hexagone et de La Réunion » Avant de relativiser le projet de coopération commerciale entre Air Austral et Corsair, annoncé le 17 août. « Cela fera de nous le seul concurrent », s’amuse Régis Novou. « Des partenariats, nous pouvons aussi en tisser », renchérit son cadet, en référence à la multitude de compagnies aériennes qui desservent l’île Bourbon. Même sens de l’ironie lorsqu’il s’agit d’évoquer le positionnement d’Ewa Air sur la ligne régionale convoitée par Zena Airlines. « Nous sommes ravis de ne pas encore exister et de déjà servir d’exemple. » En soi, aucune turbulence à l’horizon pour les deux spécialistes de l’aéronautique.

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