Les causes de cet accident restent à déterminer, mais les dégâts subis par l’appareil sont importants si l’on en croit les images publiées sur internet. Le 25 avril, l’agence nationale de l’aviation civile et de la météorologie avait exigé une révision supplémentaire de cet appareil avant de se raviser le lendemain.
Plus de peur que de mal. C’est du moins ce que se dit la cinquantaine de passagers qui étaient à bord du vol de R Komor, lequel a dû se poser en urgence dimanche matin après avoir décollé de Mohéli, alors qu’il voulait se rendre à Moroni. Ce dimanche 5 mai, vers 9h18, le Fokker-50 de la compagnie comorienne a fait un accident à l’aéroport de Bandar es Salam, sur l’île de Mohéli. L’avion qui a repris du service début avril, après des travaux de maintenance à Nairobi, a essayé de décoller avant de se poser en urgence. Une manœuvre qui n’a pas du tout été facile dans la mesure où l’aéronef a fait une sortie de piste et s’est retrouvé coincé dans les buissons.
À 17h ce dimanche, on déplorait seulement cinq blessés, dont un grave mais sans que son pronostic vital ne soit engagé, d’après le gendarme comorien de l’aviation civile. Il y avait au total 51 passagers, dont deux bébés, cinq membres d’équipage et une vingtaine de passagers de nationalités étrangères. Une heure après l’accident, le PDG de la compagnie, Shemir Kamoula, avait fait une brève déclaration sans mentionner les causes. Selon lui, il était trop tôt pour s’hasarder là-dessus. L’homme d’affaires a surtout exprimé sa compassion envers les passagers et leur a promis son soutien. « Cela a dû être dur psychologiquement. Normal qu’ils soient choqués, je le comprends« , a déclaré, le PDG de R Komor, qui a annoncé avoir appelé la Gouverneure nouvellement élue de Mohéli pour mettre en place une cellule de crise.
“Après avoir foulé la piste, le vol balbutiait”
Se trouvant à bord, l’ancien maire de Fomboni, capitale de Mohéli, a livré son témoignage sur les réseaux sociaux. » L’avion a essayé d’entamer le décollage mais il n’a pas réussi à prendre la vitesse optimale. À un moment, je pense que le pilote s’est rendu compte qu’il n’allait pas y parvenir. Il a donc commencé à amorcer la descente. Dès que l’appareil a commencé à toucher le sol, j’ai entendu un bruit assourdissant qui doit coïncider avec la crevaison des pneus. Après avoir foulé la piste, le vol balbutiait, comme si nous marchions sur un chemin caillouteux« , a relaté dans une vidéo publiée sur sa page Facebook, Ali Mbaraka Aboul-Kheir, qui a confirmé que le Fokker-50 avait fini sa course dans les buissons à plus de 30 mètres de la piste.
Tout au long de ces évènements, l’ex-édile de Fomboni, qui remercie Dieu de les avoir sauvés, était assis tout près de la portière. » J’entendais les cris des passagers. Dès lors que l’appareil s’est arrêté, j’étais le premier à descendre. Je peux assurer qu’il n’y a pas de morts. Toutefois je lance un appel aux autorités étatiques et aux compagnies qui nous desservent, qu’on nous ramène des vols capables de nous garantir une sécurité. Car, moi-même j’avais peur de prendre ce vol« , a martelé, Ali Mbaraka Aboul-Kheir.
Dans son communiqué publié dimanche vers 16h, l’agence nationale de l’aviation civile et de la météorologie (Anacm), a rassuré que les services de l’aéroport, la sécurité civile, la gendarmerie, la police nationale et les services de santé ont pris les dispositions nécessaires afin de maîtriser la situation et la prise en charge des passagers, des membres d’équipage et les familles des passagers. D’après le secrétaire général de l’Anacm, Ali Mohamed Abdallah, qui lisait le communiqué, une cellule d’assistance psychologique a été mise en place par le ministère des transports auprès de la compagnie R Komor. « Le ministère des transports maritime et aérien a mis en place une cellule de crise pour déterminer les besoins d’urgence, notamment la désignation de l’enquêteur principal de l’accident et l’évacuation sanitaire éventuelle du blessé grave pour des soins appropriés« , a-t-il ajouté.
Trois crevaisons de pneus depuis septembre
Une déclaration qui n’a pas suffi pour taire les interrogations de l’opinion, puisque le 25 avril dernier, la direction de l’Anacm avait interdit à ce Fokker-50 de reprendre les vols, le temps de subir de nouveaux travaux de maintenance. Mais à la surprise générale, l’Anacm s’est rétractée le lendemain en levant la suspension qu’elle a publiée, la veille. Retournement d’autant plus étonnant que le gendarme de l’aviation civile avait cité des recommandations du constructeur de l’avion pour appuyer sa décision. Un autre fabricant d’aéronefs avait conseillé un examen approfondi du moteur. Mais les responsables de R Komor ont très vite crié à l’abus de pouvoir et assuré qu’ils avaient bel et bien procédé aux travaux auxquels le constructeur de l’avion faisait allusion. Voilà que lors de l’accident de ce dimanche, on voit le moteur de l’hélice endommagé.
Des photos montrent des pièces étalées par terre. Depuis septembre 2023, ce Fokker-50 a subi au moins trois crevaisons de pneus pendant l’atterrissage aussi bien à Mohéli qu’à Anjouan. Le dernier incident en date remonte au 19 février à l’aéroport de Ouani, à Anjouan. L’aéronef s’était retrouvé dans les buissons mais l’on ne déplorait aucun blessé. L’Anacm exigea alors des contrôles qui seront réalisés au Kenya, du 27 mars au 6 avril. Un certificat avait été délivré par le centre de maintenance. L’avion ne commencera ses rotations régionales que le 18 avril. Dix-huit jours plus tard, il peine à décoller et frôle le pire. Certains espèrent que cet incident réveillera les consciences des autorités.