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Une trentaine de personnes étaient présentes, ce jeudi matin, devant les locaux d’Air Austral à Mamoudzou.

Depuis le 14 août, un mouvement s’est formé pour dénoncer le prix des billets d’avion pratiqués par Air Austral, jugés trop élevés. Ce jeudi, après avoir reçu une proposition insatisfaisante de rendez-vous par la compagnie aérienne, plusieurs collectifs citoyens ont fait un sit-in devant ses locaux, à Mamoudzou.

Ils étaient une trentaine, ce jeudi matin, réunis devant les locaux d’Air Austral à Mamoudzou. « Je dois payer 1.400 euros pour un aller-retour Dzaoudzi-Paris. Pourquoi depuis La Réunion, c’est 500 euros ? », dénonce Madi Ahamada, membre du collectif citoyen des habitants de Cavani, venu place Mariage pour protester contre la cherté des billets d’avion émis par la compagnie aérienne. Une manifestation doublée simultanément par une autre à La Réunion, organisée par le Ré-Ma (Résistance Réunion Mayotte en action).

Si ce mouvement s’est initié le 14 août dernier à l’appel de différents groupements de citoyens avec une manifestation à l’aéroport, c’est une invitation à une réunion le 9 septembre de la part de l’entreprise qui a mis le feu aux poudres cette semaine. « On leur a donné un mois, donc jusqu’au 15 septembre pour travailler sur une solution. Là, ils nous convient à une réunion dont on ne connaît pas l’objet, ce n’est pas ce que nous avons demandé », adresse à la presse Safina Soula, la présidente du collectif citoyen Mayotte 2018 qui ne compte pas honorer l’invitation. Elle, Sylviane Amavi, membre du collectif et Ali Djaroudi, représentant l’Autam (Association d’usagers des transports aériens à Mayotte), estiment que la compagnie les « nargue » en ayant pratiqué des prix réduits sur les vols jusqu’à ce fameux 15 septembre, date à partir de laquelle ils avaient appelé au boycott. « Nous, on veut les mêmes tarifs que les Réunionnais tout le temps, pas juste des promotions. Pourquoi on paye cinq fois plus cher qu’eux pour aller en métropole ? », s’insurge la présidente, qui pointe également du doigt les allers-retours à 1.000 euros pour aller sur l’île Bourbon.

Un appel au boycott

Cette situation est intenable pour Sylviane Amavi, qui insiste sur la nécessité particulière à Mayotte de devoir voyager pour avoir certains soins en raison du manque de professionnels de santé sur l’île. Pour elle, les prix actuels transforment les trajets devant être fait en urgence en réel sacrifice financier. « On pense aussi aux étudiants qui doivent aller vivre en métropole ou à La Réunion, isolés de leurs familles », ajoute-t-elle. « On a droit à la continuité territoriale, au même titre que les Réunionnais. Les Mahorais ne sont pas les vaches à lait d’Air Austral ! » La seule réponse valable à cette situation pour les manifestants est une lettre officielle annonçant l’alignement des tarifs sur ceux pratiqués à La Réunion. Et pas question pour eux de voir s’ériger l’excuse des taxes aéroportuaires ou du coût du kérosène à Mayotte. « Ils ne s’approvisionnent jamais ici ! », devance Ali Djaroudi.

Face à la réaction insatisfaisante d’Air Austral, les collectifs ont décidé d’appeler au boycott de la société dès ce jeudi et à l’intensification du mouvement à partir du 15 septembre si la situation n’évolue pas. Devant les bureaux de la compagnie, ils sensibilisent les clients à leur cause et en profitent pour, au passage, leur faire signer une pétition, qui a déjà recueilli une vingtaine de milliers de signatures. « Cette fois, on ne bloque pas, mais on le fera peut-être la prochaine fois si nous n’avons pas de réponse rapidement », avertit Safina Soula.