L’indécision du Département fait prendre du retard à la compagnie Zéna Airlines

Jeudi dernier, Régis et Julien Novou ont présenté leur projet de compagnie aérienne aux élus départementaux. Si ces derniers assurent soutenir la démarche, certains blocages juridiques et financiers empêchent l’envol de Zéna Airlines, qui continue d’avancer parallèlement pour être prête à voler « le plus tôt possible ». Entretien.

Flash Infos : Vous avez eu l’occasion de présenter votre projet de compagnie aérienne aux élus départementaux. Dans quel état d’esprit vous trouvez-vous à la sortie de cette rencontre ?

Régis Novou : Nous avons participé à deux réunions coup sur coup : la première le mercredi après-midi avec le président, Ben Issa Ousséni, et son cabinet. La seconde a eu lieu le jeudi matin avec les élus départementaux. Elles nous ont permis de leur donner le même niveau d’informations et ainsi mettre fin aux bruits de couloir. Nous avons trouvé utile et vital de leur faire connaître l’étude sur la desserte aérienne à Mayotte, réalisée et présentée par Airbus Consulting, ainsi que le projet Zéna Airlines dans sa globalité pour savoir ce qu’ils en pensaient. C’était aussi l’occasion de les rassurer sur les étapes à venir ! Tous sont unanimes sur l’intérêt de lancer une compagnie aérienne 100% mahoraise, qui aura pour répercussion la création de 800 emplois directs, indirects et induits.

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Le Département, par l’intermédiaire de son président Ben Issa Ousséni, a déjà promis deux millions d’euros pour participer à la création de la compagnie aérienne.

FI : Si le Département dit soutenir moralement le projet, il n’est pour l’heure par encore question d’une quelconque participation financière tant que la société ne sera pas officiellement créée. Comprenez-vous cette réticence et quels arguments avez-vous exposé aux élus pour les rassurer ?

R.N. : Nous ne comprenons toujours pas pourquoi la non-création de la société les bloque ! Qui soit dit en passant n’a pas été directement évoqué au cours de notre échange. Nous leur demandons simplement un accompagnement au niveau du capital et nous les attendons sur la deuxième phase de capitalisation. Nous leur avons tout de même réservé une partie de l’actionnariat entre cinq et huit millions d’euros. Mais nous avons besoin de connaître leur position car d’autres investisseurs poussent derrière pour s’engager à nos côtés…

Créer une entreprise, c’est l’affaire de trois semaines, un mois maximum… La rédaction des statuts est déjà en cours d’écriture à l’heure où nous parlons. Nous enverrons notre dossier à un cabinet spécialisé basé à Paris d’ici mardi ou mercredi prochain. Et fin avril, ce sera plié ! Nous remplissons notre part du contrat. Au Département désormais d’affirmer ou non publiquement leur soutien.

FI : Une nouvelle fois, cela démontre bien la complexité de monter un projet d’une telle envergure dans le 101ème département…

R.N. : Nous sommes prêts, nous attendons juste l’avis du Département. Heureusement, il existe des motifs d’espoir : le président, Ben Issa Ousséni, nous a informés qu’il avait fait budgétiser deux millions d’euros sur trois ans pour participer au lancement de Zéna Airlines. C’est une bonne nouvelle, bien évidemment, mais au-delà du volet financier, nous souhaitons que le conseil départemental prenne du pouvoir dans le conseil d’administration de la compagnie pour éviter que certains fonds d’investissement ou des actionnaires extérieurs aient des velléités de rachat dont nous ne pourrions pas maîtriser les conséquences.

FI : En parallèle, avez-vous avancé sur l’organisation des galets (zones de préparation et de stockage des préparations alimentaires), sur le choix des avions ou encore sur l’obtention du certificat de transporteur aérien ?

R.N. : Nous allons partir sur des A321 NEO XLR. Un choix que nous avions précédemment écarté car il leur manquait quelques centaines de kilomètres de rayon d’action pour un Paris-Mayotte en direct de jour. En refaisant les calculs météorologiques et en décidant de voler la nuit, ce problème n’est plus d’actualité ! Pour la cabine, nous sommes en train de finir de réfléchir, toujours avec l’accompagnement d’Airbus Consulting, à la configuration de sièges la plus efficace pour avoir une performance et un confort optimales sur un vol complet, avec un emport de fret systématique.

Pour le certificat de transporteur aérien, nous sommes dans les starting-blocks. Il ne manque plus que la création de la société. Nous ne sommes pas inquiets à ce sujet-là car les équipes d’Airbus vont nous fournir des manuels d’exploitation conformes à la réglementation européenne. Le travail consistera ensuite à les personnaliser par rapport à notre exploitation de lignes. Cette campagne prendra entre trois et six mois et débutera fin mai, début juin.

Par ailleurs, nous sommes en contact avec différents fournisseurs de carburant dans le monde entier puisque nous allons proposer des vols charters qui n’ont jamais été réalisés depuis l’océan Indien.

FI : En janvier dernier, vous annonciez avoir encore le temps de pouvoir voler dès cet été. Visiblement, cela semble de plus en plus compromis…

R.N. : Nous pouvons toujours respecter ces délais avec les manuels d’Airbus, que nous pourrions alors déposer à la direction générale de l’aviation civile. Le souci qui se pose à l’heure actuelle est la disponibilité des avions ! Soit nous débutons avec les deux premiers appareils que nous trouvons sur le marché, soit nous patientons un peu pour avoir deux produits similaires et personnalisés qui correspondent à nos besoins.

Les sanctions économiques à l’égard de la Russie redistribuent les cartes puisque les sociétés de leasing ne peuvent plus livrer les avions commerciaux en construction, qui sortiront de l’usine début 2023, aux compagnies russes. Nous sommes en discussion avancée avec les plus gros loueurs du monde ! Dans l’idée, nous réfléchissons à commencer notre activité avec des machines transitoires, en attendant une flotte flambant neuve l’année prochaine. Le but reste de voler le plus tôt possible pour appliquer nos tarifs sur le marché. Pour autant, ce sera trop compliqué pour cet été ! Nous souhaitons un travail bien fait et prévoyons un premier vol avant les vacances de décembre de cette année.

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