Deux semaines après avoir annoncé son projet de vols à destination de l’île de La Réunion à bas prix, la compagnie aérienne Ewa Air tient sa promesse. Le mardi 21 décembre a eu lieu le premier voyage Dzaoudzi-Pierrefonds. Un évènement qui marque le début d’une nouvelle ère entre les deux îles.
Le nouvel appareil d’Ewa Air, un Boieng 737, porte fièrement les couleurs et symboles emblématiques de Mayotte. Du jaune, du rouge avec des motifs d’ylang-ylang, la compagnie aérienne veut réaffirmer son appartenance à l’île aux parfums et se détacher de sa grande sœur réunionnaise Air Austral. L’avion s’est posé sur le tarmac de l’aéroport de Dzaoudzi à 10 heures ce mardi matin sous le regard emplit de fierté du président d’Ewa Air et de son directeur. À leur côté, certains élus et le préfet qui affichent tous un large sourire. L’appareil est bien plus qu’un simple avion, il représente un renouveau pour Mayotte, un espoir pour les Mahorais qui pourront enfin voyager vers la Réunion, et bientôt l’île Maurice, à des prix plus abordables. « C’est la première fois qu’il y a une compagnie low cost dans la région et c’est Mayotte et Ewa Air la compagnie mahoraise qui l’a instaurée », clame Ayub Ingar, le directeur d’Ewa Air. Les Mahorais étaient demandeurs de prix attractifs depuis de longues années, et ceux proposés par le groupe défient toute concurrence pour le plus grand bonheur des passagers. « Je voulais faire une surprise à ma femme et lorsque j’ai vu l’annonce d’Ewa Air j’ai immédiatement pris les billets ! », se réjouit Namoure Zidini, un voyageur. « Sans cette nouvelle opportunité que nous propose la compagnie on n’aurait pas pu partir en vacances. Je suis contente », souligne une mère avec ses deux enfants. Et qu’importe si ces bas prix entrainent quelques concessions à l’exemple de la collation qui est habituellement proposée dans les autres compagnies entre Mayotte et La réunion. « Pour deux heures ce n’est pas grave. Si c’est le prix à payer pour avoir des billets aux tarifs réduits alors j’accepte », rajoute Namoure Zidini. Cependant, les responsables d’Ewa Air réfléchissent à une alternative, notamment à pouvoir vendre de la nourriture à bord comme c’est déjà le cas dans la plupart des compagnies low cost dans le monde.
Un début d’espoir pour Mayotte et La Réunion
Désormais Ewa Air assurera deux vols par semaine à destination de l’aéroport de Pierrefonds à Saint-Pierre dans le sud de l’île Bourbon et un autre pour Saint-Denis. Le premier, celui du 21 décembre est tout un symbole pour Mayotte mais également pour l’aéroport de Pierrefonds qui était en arrêt depuis presque deux ans à cause de la pandémie du Cornavirus. Alors c’est tout naturellement que le Boieng 737 a été accueilli avec un water salute lorsqu’il s’est posé sur le sol réunionnais. Un comité d’accueil a également fait le déplacement, et des femmes mahoraises étaient présentes pour accueillir les premiers passagers de ce voyage avec des danses et chants mahorais. « Ces voyages futurs arrivent à point nommé, après presque deux ans d’inactivité il fallait relancer l’activité. Je suis très heureux qu’Ewa Air contribue à cette redynamisation de l’aéroport de Pierrefonds », déclare Lucien Guidicelli, le sous-préfet de Saint-Pierre. Ce dernier promet qu’ils feront des efforts de leur côté pour augmenter les fréquences par semaine. Un souhait partagé par le PDG de la compagnie, Marie-Joseph Male. « L’objectif est de passer à un vol quotidien. Mais selon les demandes on verra si on fait plus Pierrefonds ou Saint-Denis », précise-t-il. Pour y arriver il faut surtout réussir à remplir les avions afin de ne pas voler à perte. Si le vol inaugural était quasiment plein, plus de 150 passagers pour 180 places, celui du retour le même jour était pratiquement vide. Seul une petite vingtaine de voyageurs ont embarqué. L’annonce tardive des nouveaux tarifs d’Ewa Air y est surement pour quelque chose. La billetterie a été ouverte le 8 décembre et à cause des prix exorbitants qu’imposent les autres compagnies aériennes, beaucoup de voyageurs prennent leurs billets bien en avance. Mais les dirigeants d’Ewa Air ne sont pas inquiets. « On ne fait pas une omelette sans casser des œufs. Il faut créer l’offre pour susciter la demande. Je suis confiant et optimiste pour l’avenir », assure Ayub Ingar.