Après un mois de négociations, le syndicat des contrôleurs et la direction de l’agence pour la sécurité de la navigation aérienne en Afrique et à Madagascar n’ont visiblement pas pu trouver un terrain d’entente. Un statuquo qui risque d’entraîner des perturbations dans le ciel de 11 pays, dont celui des Comores.
Sauf compromis de dernière minute comme ce fut le cas la dernière fois, les contrôleurs aériens comoriens, à l’instar de leurs collègues des autres pays africains, devraient observer une grève de 48 heures à partir de vendredi. Un mois après avoir accepté de sursoir son mouvement, l’union des syndicats des contrôleurs aériens de l’Agence pour la sécurité de la navigation aérienne en Afrique et à Madagascar brandit à nouveau la menace d’un arrêt de travail.
Dans un communiqué datant du septembre, le bureau exécutif annonce la réactivation de son préavis de grève. Plusieurs raisons comme « la non-conciliation entre les deux parties lors des négociations des 29 et 30 août, à Dakar, due à un sabotage orchestré par la direction générale, ajouté à la multiplication des attaques administratives et judiciaires contre l’Usyaac et de ses membres » expliquent cette décision d’après l’organisation syndicale. Est-ce une manœuvre orchestrée par certains États visant à décrédibiliser l’Usyaac ? En effet, on constate ces deux dernières semaines que des pays comme les Comores commencent à hausser un peu le ton probablement pour dissuader les contrôleurs.
Interdiction du ministre comorien des transports
Contrairement à son homologue malgache qui a accusé réception du préavis, ministre comorien des transports aériens et maritimes, Bianrifi Tarmidi, a interdit dans un communiqué signé le 14 septembre dernier tout mouvement de grève, mettant en avant l’insularité du pays et le caractère régalien du secteur. Le 4 août, le district d’Abidjan, après saisine de l’Asecna et du ministère ivoirien des transports, a pour sa part refusé de délivrer le récépissé reconnaissant la modification des organes du syndicat des contrôleurs.
De son côté, le directeur des ressources humaines de l’Asecna, Guelpina Ceubah, s’est adressé au personnel de l’agence via une note datant du 5 septembre dans laquelle il rappelait que l’organisation syndicale des contrôleurs aériens n’est pas reconnue dans tous les 17 pays où opère l’Asecna. « Fort de cette situation, les dirigeants de l’Usyaac ne disposent d’aucune sorte de légalité et s’exposent à des sanctions disciplinaires sévères pour toute action qui serait portée contre les intérêts de l’agence », a prévenu le DRH. Poursuivant sur la même ligne, le Nigérien, Mohamed Moussa, directeur général de l’Asecna, a réagi lui aussi avant-hier. Ce dernier, dans un ton un peu plus autoritaire a accusé le syndicat d’être à la solde des lobbies internationaux et d’organisations concurrentes qui chercheraient à faire éclater l’Agence continentale.
Une chute de redevances
« L’Asecna est un organisme public international assurant une mission de sécurité de la navigation aérienne. L’agence gère des États membres mais aussi des espaces aériens confiés par l’organisation de l’aviation civile internationale », a-t-il rappelé. Avant d’enchaîner : « Nous ne cèderons jamais à la dictature d’une minorité agissante et sournoise. On va recourir à la loi et aux autorités des États membres pour faire face à cette attaque injuste et mafieuse qui instrumentalise quelques agents égarés par l’appât du gain et qui se croient indispensables », a assuré le numéro 1 de l’Asecna.
Pour limiter les dégâts, l’agence pourrait faire appel aux chefs de service dont certains sont des contrôleurs de formation. « D’ailleurs, il existe une entité régionale qui gère les espaces aériens supérieurs », a fait savoir un connaisseur qui craint un retour de bâton si jamais la grève était maintenue. En termes d’impacts, un arrêt de travail des contrôleurs entraînerait une diminution des vols, qui signifie une chute des redevances que reviennent aux acteurs tels que l’Asecna, l’Anacm… « Tout serait chamboulé même si à Hahaya, le flux n’est pas important comparé aux autres pays. Possible que l’Asecna puisse tenir une semaine en cas de grève mais jamais au-delà », a conclu notre source.
La grève de deux jours prendra fin le dimanche 25 septembre à 7h59. Si les revendications ne sont pas satisfaites, la contestation pourrait perdurer selon le bureau du syndicat. Pour rappel, les contrôleurs ont adressé à leur hiérarchie plusieurs doléances : réforme du plan des carrières, prime des licences pour les contrôleurs en formation, revalorisation des heures de nuit… Pendant la période de grève, les contrôleurs de la circulation aérienne cesseront toute fourniture de services dans tous les aéroports et espaces aériens à quelques exceptions près. Néanmoins, les vols des chefs d’État et de gouvernement ainsi que des militaires ne seront pas concernés tout comme les missions humanitaires et sanitaires de sauvetage. Malgré ce climat, tout le monde reste convaincu qu’un compromis sera trouvé. On attend donc la réaction du ministère comorien des transports.