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Plusieurs personnes ont retrouvé les fenêtres de leur voiture brisées et les objets de valeur à l’intérieur, dérobées. Photo d’illustration.

De plus en plus de vols utilisant le même mode opératoire sont constatés à Moroni. Quatre suspects se trouvent déjà en détention provisoire à la prison et sont soupçonnés, entre autres, de dépouiller les voitures pour y dérober des objets de valeur. Plusieurs avancent que les suspects sont des individus ayant été expulsés de Mayotte.

Le 23 juillet, entre 18h et 19h, le cri du cœur venait d’un avocat très connu. Alors qu’il avait garé sa voiture, le temps de faire quelques courses dans un supermarché, situé à quelques mètres de l’Assemblée Nationale, au sud de Moroni, Maître Idriss Mze Mogne a retrouvé la vitre de l’une de ses portières cassée. Le malfaiteur en a profité pour dérober de nombreuses affaires personnelles, dont son ordinateur portable, deux cartes bancaires, des chéquiers, des clés usb et plus de 400 euros. En découvrant cela, l’avocat a lancé un appel sur sa page Facebook, implorant qu’on lui remette au moins le PC. Un mois plus tard, il n’a jamais retrouvé ses objets. « J’avais déposé plainte et laissé au passage mon numéro. Mais je n’ai reçu aucun appel. Je déduis donc qu’il n’y a aucun indice me concernant. En revanche, je compte me présenter à la gendarmerie pour m’imprégner de la situation« , se confie ce lundi l’avocat, qui est loin d’être l’unique victime de ce genre d’actes.

Depuis trois semaines, la brigade de recherches s’est mise au travail et a fini par mettre la main sur un groupe de gens qui pourraient être liés à ces vols qui touchent pour le moment Moroni. Parmi les suspects appréhendés, il y a des refoulés de Mayotte. Le chef du parquet de la République, Ali Mohamed Djounaid, a confirmé à Flash Infos l’arrestation suivie du placement en détention provisoire à la prison de Moroni de quatre personnes. Les prévenus sont visés par quatre chefs d’inculpation : association de malfaiteurs, vol en bande organisée, recel de vol et faux et usage de faux.  « Une information est ouverte pour retrouver tous les coauteurs et complices en fuite« , a ajouté le parquetier. Selon le magistrat, il s’agirait en fait d’une bande de malfaiteurs constituée en trois groupes, dont les similitudes du mode opératoire ont suscité la curiosité.

Les documents de voyage ciblés

Les informations communiquées par le parquet de Moroni, révèlent de surcroît un autre business dont personne ne redoutait l’existence. Il s’avère que l’un des groupes n’était pas seulement chargé de vandaliser les voitures et de cambrioler les objets de valeurs. Ils s’intéressaient aussi aux documents de voyage. « Les autres membres recherchaient par la suite des personnes voulant se rendre en France et recrutaient des gens capables de falsifier les documents au profit des plus offrants moyennant des sommes importantes« , a détaillé le parquetier Ali Mohamed Djounaid. A l’entendre, c’est grâce à deux actes commis en deux jours successifs que les enquêteurs sont parvenus à établir un lien. D’abord le 17 août : vers 11h, une personne a garé sa voiture près de la Meck Moroni, l’une des plus importantes institutions de microfinance du pays, pour y effectuer une opération. A son retour, il a constaté que la vitre de la portière a été cassée et son sac, qui se trouvait sur les sièges arrière, disparu, alors qu’il contenait de l’argent et des documents de voyage. La victime a porté l’affaire devant la brigade de recherches. Le lendemain, vers 19h, cette fois-ci au sud de la capitale, un véhicule a été vandalisé pendant que le propriétaire effectuait la prière du soir dans une mosquée située à côté d’un stade de football pour amateurs. Des sommes d’argent et des documents de voyage français ont, là encore, disparu. Grâce aux investigations menées par les enquêteurs, il a été établi que le modus operandi était celui d’un même réseau. Et les refoulés de Mayotte sont pointés du doigt.

Un nouveau mode opératoire

Ces derniers temps, ces jeunes sont associés à la recrudescence de ces pratiques qui, selon la population, n’existaient pas avant. Le 27 août, dans un entretien accordé au quotidien comorien de service public Al-watwan, un officier de la brigade centrale de police de la capitale accusait ouvertement les jeunes refoulés de Mayotte lors de l’opération Wuambushu d’avoir exporté ces actes. Pour appuyer son argumentation, le chef des enquêtes au sein de la police avait cité les techniques utilisées comme le fait de casser les vitres des véhicules. « Ces actes ne cessent de grimper, des délits qui étaient moins fréquents il y a encore deux ans. Le mode opératoire évolue passant de simples cambriolages à des méthodes plus musclées « , relatait Chaabane Mohamed, qui avait énuméré le cas d’un vol de 8.000 euros, soit quatre millions de francs comoriens. Depuis plusieurs mois, Moroni, la capitale de l’Union des Comores, fait face à une multiplication de vols, devenus de plus en plus récurrents. Ceux-ci visent surtout les voitures garées dans des lieux spécifiques. Le mode opératoire reste le même : des vitres brisées et disparition de tous les objets de valeurs qui se trouvent à l’intérieur des véhicules. Dans la majorité des cas, avant de passer à l’acte, les voleurs attendent que les propriétaires rentrent à la mosquée ou dans les supermarchés, surtout quand il commence à faire nuit. Certains pour protéger les vitres, préfèrent désormais ne pas verrouiller les voitures.