La future compagnie aérienne Zena Airlines est sans aucun doute au cœur des préoccupations des Mahorais qui placent beaucoup d’espoir en elle. Alors que se tenait ce mardi la dernière commission permanente du conseil départemental pour cette mandature, le Collectif des citoyens de Mayotte 2018 a semé le trouble en pleine séance pour réclamer la subvention du projet Zena.
Tout avait pourtant commencé dans le calme. Le président sortant du Département, Soibahadine Ibrahim Ramadani a tenu sa dernière commission permanente à l’hôtel de ville de Mamoudzou pour cause de travaux à l’hémicycle Bamana. Mais c’était sans compter sur les membres du collectif des citoyens 2018 qui ont campé dans le hall d’accueil du bâtiment. Le message affiché sur leurs banderoles était sans équivoque. « Le conseil départemental doit faire décoller Zena », pouvait-on lire. Le collectif et la presse avaient eu vent d’une rumeur affirmant que la question de la subvention du projet Zena serait débattue lors de cette dernière séance.
Mais une fois sur place… « Ça n’est pas à l’ordre du jour », a avoué un conseiller départemental. Selon le Département, le financement de la compagnie aérienne ne doit pas être discuté ni voté en commission permanente. « Ce genre de projet ne peut pas être décidé aujourd’hui. Cela doit se faire en assemblée plénière car la commission n’est pas compétente. Le président a proposé de le reporter à une date ultérieure », tempère Ben Issa Ousseni, 7e vice-président du Département, chargé des finances, du développement économique et touristique. Mais à un mois de la fin de la mandature de Soibahadine Ramadani, le collectif a du mal à boire ces paroles.
Durant plus d’une heure, les membres du collectif des citoyens de Mayotte 2018 ont donc patienté au sein de la mairie, réclamant la venue d’un élu du Département pour leur apporter des éléments de réponse. « Ils jouent à la politique de l’autruche. Nous ne voulons pas polémiquer, mais nous voulons une réponse claire. Est-ce que le conseil départemental veut s’engager dans ce projet qui est bon pour les Mahorais ? Si ce n’est pas le cas, ils peuvent dire publiquement qu’ils refusent de s’engager », martèle Hachmia Mdéré, secrétaire générale du collectif.
Des questions rhétoriques puisque les défenseurs du projet Zena Airlines ont déduit un début de réponse. Selon eux, les élus du Département ne veulent pas soutenir le projet puisqu’ils auraient des avantages avec Air Austral. Les militants, qui voient rouge, n’hésitent pas à citer pêle-mêle des exemples des billets gratuits, de réductions ou de voyages en première classe… Ces propos, lancés devant une poignée de conseillers, sont tombés dans le vide. Les principaux concernés n’ont pas osé y répondre.
Discours de sourds et réponse insatisfaisante
Alors que les esprits s’échauffent à l’extérieur de la salle de réunion, les élus, les conseillers départementaux et le président continuent leur séance à huis clos, tant bien que mal. La présidente du collectif tambourine sur les portes pour se faire entendre, d’autres sur les vitres. Mais rien n’y fait, personne n’ose sortir les affronter. Les agents de sécurité postés devant les portes empêchent les manifestants d’entrer. La police municipale de Mamoudzou vient vite en renfort mais rien n’y fait. Les membres du collectif ne décolèrent pas, bien au contraire. « Nous voulons entrer dans cette salle et nous allons entrer ! », crie la présidente du collectif des citoyens de Mayotte 2018, Safina Soula.
Après plusieurs tentatives, et stratagèmes pour semer la police, ils arrivent finalement à se faufiler et font irruption dans la pièce où sont regroupés les représentants du Département. « Honte à vous ! Vous nous ignorez alors que vous savez que nous attendons des réponses de votre part. Si vous ne voulez pas nous parler, dites-le nous clairement, et nous prendrons les mesures nécessaires », s’indigne Hachmia Mdéré. Malgré les accusations, les cris, la colère, le président Soibahadine Ibrahim Ramadani reste impassible. Il ne prononcera aucun mot en présence du collectif. Quant aux autres élus, ils sont tout simplement abasourdis.
Après de longues minutes de grabuge, les membres du collectif sont renvoyés de la salle où se tient la commission permanente. Quelques instants plus tard, Ben Issa Ousseni, vient à leur rencontre pour apporter des éléments de réponse. « Nous sommes sur une demande de prêt d’un million d’euros. Nous devons regarder ce dossier de manière plus approfondie. Même si le cœur a envie de le défendre, il y a des règles qui doivent être respectées. Le fait que ce soit un projet de jeunes Mahorais ne peut pas suffire », déclare-t-il. Selon lui, le dossier ne serait pas assez solide juridiquement et administrativement. Il manquerait des éléments.
« Prétexte ! », répond le collectif. « Ce projet leur est soumis depuis plusieurs mois. Le dossier est complet, les porteurs de projet sont surpris d’entendre cela. Et même si c’était vrai, pourquoi n’ont-ils pas dit cela depuis le début ? », s’interroge Safina Soula. Une chose est sûre, le prochain président du Département est attendu au tournant. Il devra se positionner clairement sur le financement de la compagnie Zena Airlines. Au risque de se faire brûler les ailes.