Ayub Ingar, directeur d’Ewa Air : « Nous n’avons réalisé que 14% de notre programme initial en 2021 »

Fortement dépendante de ses liaisons avec Madagascar, la compagnie aérienne Ewa Air ronge son frein depuis plus d’un an. Le directeur général, Ayub Ingar, espère une réouverture progressive et définitive des frontières en avril dans l’espoir de relancer son activité, qui tourne au ralenti depuis de longs mois. Entretien.

Flash Infos : Le ciel malgache devait réouvrir le 5 mars dernier. Pour autant, les liaisons entre Mayotte et Nosy-Bé, Majunga, Diego et Antananarivo n’ont toujours pas repris. Quelles explications avez-vous reçu de la part des autorités ?

Ayub Ingar : Le 5 mars dernier, le gouvernement malgache avait simplement dit, sans donner beaucoup plus de précisions, qu’il allait rouvrir les frontières sous certaines conditions. Cela a été le cas pour Antananarivo et Tamatave. Malheureusement, Mayotte n’était pas concernée… Il s’agissait de vols en provenance de La Réunion et de Paris. Toute les demandes que j’ai adressées sont restées sans réponse ! Après le remaniement ministériel (officialisé le 16 mars), il a été question d’inclure le 101ème département. Maintenant, il faut attendre que les aéroports soient remis aux normes pour accueillir les voyageurs.

Ewa Air desserre trois provinces, Nosy-Bé, Diego Suarez et Majunga, mais ces destinations sont pour l’heure toujours fermées. Pourtant, une compagnie italienne est autorisée à se rendre à Nosy-Bé une fois par semaine depuis le mois d’avril.

FI : Qu’en est-il de votre demande pour effectuer plusieurs vols commerciaux en avril, via un importateur privé ?

A.I. : Nous avons fait la demande pour transporter du fret ! Hier [ce dimanche 3 avril], nous avons réalisé le premier vol en provenance d’Antananarivo. Deux autres vols sont par ailleurs prévus cette semaine : mercredi et jeudi. Cela permet effectivement de mettre du beurre dans les épinards, de faire tourner les avions et de faire travailler le personnel navigant de la compagnie. Mais nous attendons toujours le feu vert et une date définitive pour y voir plus clair…

FI : Depuis la nouvelle fermeture des frontières malgaches en janvier 2021, qu’avez-vous mis en place pour garder la tête hors de l’eau ?

A.I. : Nous avons développé plusieurs activités annexes, comme la supervision des avions d’Air Austral. Nous avons aussi procédé à quelques vols spéciaux, notamment six évacuations sanitaires sur La Réunion, mais aussi à l’acheminement de matériel médical de La Réunion à Moroni pour le compte de la plateforme d’intervention régionale de l’océan Indien. C’est un peu maigre, vous vous en doutez ! Même si nous faisons deux à trois aller-retours hebdomadaires sur Moroni depuis juillet dernier, nous n’avons réalisé que 14% de notre programme initial en 2021 !

FI : Entre temps, vous avez lancé votre offre low-cost vers La Réunion. Quel premier bilan pouvez-vous dresser ?

A.I. : Il est encore trop tôt pour tirer les premières conclusions, l’exercice s’est terminé le 31 mars. Une chose est sure, nous ne sommes pas mécontents de cette nouvelles destination, cela va dans le sens de nos prévisions.

FI : Quid des voyageurs qui avaient réservé des billets chez vous et qui sont restés sur le carreau ?

A.I. : Nous avons proposé des remboursements ou des avoirs pour permettre à nos clients de s’orienter vers d’autres destinations. Si les frontières réouvrent demain, nous aurons une très forte demande car bon nombre de Mahorais ont des attaches à Madagascar. Certains d’entre eux n’ont pas pu voir leurs familles depuis bientôt deux ans… Dès la fin du Ramadan, nous risquons d’être sous pression pour répondre aux desideratas des voyageurs qui veulent se rendre sur place !

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