Cette décision de l’agence nationale de l’aviation civile et de la météorologie (Anacm), ne concerne que l’affrètement et la location des monomoteurs pour des fins commerciales. La compagnie Int’Air Ile qui possède son propre un monomoteur peut en revanche continuer à travailler.
Le bruit courrait depuis un moment. Mais c’est désormais chose faite. Les monomoteurs ne peuvent plus effectuer des vols commerciaux sur le territoire comorien. Ainsi en a décidé le gendarme du transport aérien. Dans une décision publiée ce 12 avril, l’agence nationale de l’aviation civile et de la météorologie (Anacm) a officialisé la mesure. » La présente décision a pour objet d’interdire en Union des Comores tout contrat de location ou d’affrètement des avions monomoteurs en transport commercial passagers« , annonce le directeur de l’Anacm Nassur Ben Ali. C’est-à-dire les monomoteurs peuvent seulement faire l’objet de location ou affrètement pour d’autres missions. Deux mois après le crash du monomoteur de la compagnie Ab Aviation, la sortie d’une telle mesure donne lieu à de nombreuses interprétations. Est-ce que cela signifie que la fabrication de l’appareil y était pour quelque chose dans l’accident survenu le 26 février au large de l’île de Moheli et qui a coûté la vie à 14 personnes ? Difficile de donner une réponse puisque l’enquête ouverte pour élucider les causes du drame semble au point mort. Du côté du ministère des Transports pourtant, on ne nie pas l’existence d’un lien entre le crash et cette interdiction. » Les monomoteurs doivent suivre un itinéraire spécial, mais les transporteurs comoriens ne le respectent pas pour des raisons économiques« , soufflera une source du ministère comorien des transports. De son côté, l’Anacm n’a toujours pas donné d’explications sur les raisons qui l’a poussé à interdire les vols commerciaux à bord des monomoteurs. Mais cela n’a pas empêché des spécialiste du domaine de donner leurs avis. Parmi eux, Ezi-eldine Youssouf. Ancien directeur technique de l’Anacm, cet expert en aéronautique fait partie de ceux qui ont salué la nouvelle mesure. S’il reconnait que techniquement les monomoteurs répondent aux normes internationales et sont reconnus partout, ce dernier estime par contre qu’ils ne sont pas adaptés pour un pays comme les Comores. » Imaginez un vol décolle de Moroni à destination de Mutsamudu et qu’en plein vol une panne de moteur survienne. Si c’est un bimoteur, le pilote n’aura qu’à se servir du second moteur pour atterrir en urgence. Par contre pour un monomoteur il sera difficile de faire demi-tour ou se poser urgemment en rejoignant les cotes. Et puisqu’on ne possède pas de dispositifs de recherches et de sauvetages il vaut mieux interdire les mono pour réduire la probabilité des accidents« , plaide cet expert qui par ailleurs collabore avec Rkomor, un des compagnies qui assurent le transport domestique.
Fuir les responsabilités
Pour le moment, seule une compagnie comorienne exploite les monomoteurs : Int’Air Île. Mais un haut responsable de l’agence nationale de l’aviation civile et de la météorologie a assuré que la décision l’épargnera. » On n’interdit pas les monomoteurs pour le moment mais plutôt la location pour transport commercial de passagers. Int’Air Île peut continuer à exploiter le sien« , a clarifié cette source autorisée de l’Anacm. Certes les appareils d’Int’Air Île, dirigée par Seffoudine Inzoudine ne seront pas cloués au sol, mais personne ne doute que les répercussions de cette décision se feront encore ressentir surtout en raison du psychose qui règne depuis le crash du vol d’Ab aviation. Déjà, avant que cette mesure ne tombe, Int’Air Île était confrontée à une sorte de rejet de la part de la population. L’appareil ne transportait que le ¼ des passagers. Ainsi, pour limiter les pertes financières, la direction n’a eu d’autre choix que d’interrompre la circulation du monomoteur, loué pour combler le vide laissé par l’envoi en Afrique du Sud de son principal avion pour maintenance. Même si son Cessna caravan 208 revenait, Int’Air Île va-t-elle pouvoir remonter la pente ? Seul l’avenir nous le dira. Pour certains en tout cas, pointer du doigt le monomoteur est un moyen pour les autorités de fuir leurs responsabilités, elles qui n’ont pas été capables de porter secours aux passagers faute de moyens. Faut-il rappeler que jusqu’à présent les mauvaises conditions météorologiques sont considérées comme la raison du crash du vol d’Ab Aviation ?