Les professionnels du tourisme et de la restauration emboîtent le pas aux ministres et parlementaires qui se succèdent à Mayotte depuis le cyclone Chido. Le célèbre chef français, Thierry Marx, est actuellement sur l’île, sur invitation de ses collègues syndiqués de l’Umih. Il sera, à Paris, le porte voix de l’intersyndicale du patronat mahorais qui vient de voir le jour.
Lui aussi a fait le déplacement sur l’île pour se faire une idée personnelle de l’ampleur des dégâts causés par le cyclone Chido. Chef cuisinier de renommée internationale, Thierry Marx est aussi le président national de l’Union des Métiers et de l’Industrie Hôtelière (Umih). Il est venu témoigner de sa solidarité et de son soutien à ses collègues mahorais, adhérents de son syndicat. « Je suis venu voir physiquement l’état de Mayotte, il était important que je vienne regarder avec mes confrères, ce qui est possible de faire pour faire remonter au plus vite les besoins au niveau des hautes autorités à Paris« , a déclaré Thierry Marx lors d’une conférence de presse tenue au restaurant Le tour du monde à Dzaoudzi vendredi 17 janvier . « J’ai compris qu’il y a un sujet humanitaire qui est nécessaire de travailler, mais je suis tout à fait en harmonie avec ce qui est dit (par mes confrères), reconstruisons au plus vite un moteur économique pour que Mayotte redémarre dans de bonnes conditions « , a déclaré Thierry Marx dans son intervention.
Le chef veut que l’on arrête avec l’expression « reconstruction de Mayotte « . Pour lui, la situation de crise que vivent les Mahorais est évidemment très dur, néanmoins, il estime qu’il faut profiter de l’opportunité (post Chido) difficile, brutale, violente pour construire une Mayotte avec une vision plus sereine, économique, dans une prospérité partagée par tous.Thierry Marx assure que tel sera son combat et qu’il attend une relation extrêmement étroite, avec une véritable cellule à Paris pour remonter à chaque fois, au plus près des plus hautes autorités françaises, une réaction active sur les solutions à apporter à Mayotte.
Une intersyndicale pour parler d’une seule voix
« Je crois en l’île, elle peut être une destination touristique extrêmement intéressante. Tout est à construire à Mayotte, ensemble », a déclaré Thierry Marx, lequel a tenu à rappeler que l’activité touristique est “une industrie qui a un impact social et environnemental. » Le président du syndicat estime qu’en sa qualité de citoyen, il ne saurait se contenter de dire qu’on va « re reconstruire » quelque chose qui, déjà, avant n’avait pas de fondations suffisamment solides pour pouvoir aller plus loin. Il promet de retranscrire, tout ce qui lui sera rapporté au cours de ce déplacement dans le département, et le rapporter aux plus près des hautes autorités de façon constante, « parce que je pense qu’il faut faire régulièrement le point avec elles pour qu’elles comprennent que oui, il faut accélérer les choses au niveau de l’humanitaire, de la santé publique, de l’assistance au logement, mais qu’il est aussi impératif de relancer partiellement et rapidement un modèle économique« . Il prend pour exemple le fait qu’un salarié à Mayotte fait vivre à lui seul 8 personnes pour justifier l’impérieuse nécessité d’une relance économique.
Selon Marcel Renaldi, un opérateur économique très connu de l’île, à la demande de ses adhérents de Mayotte, Thierry Marx entend se faire également le porte voix de l’intersyndicale patronale dans le département (constituée de la CCI, la CMA, la CAPEB, la CGPME, l’UDP les Jeunes agriculteurs, les formateurs) mise en place avec la cellule de gestion de crise. Une intersyndicale qui a essayé de regrouper un maximum d’acteurs dans le but de porter des revendications communes, notamment sur les aides d’urgence qualifiées d’insuffisantes et de construction durable du territoire.
Charles-Henri Mandallaz, président local de l’Umih, a dressé un état des lieux de la profession sur le territoire après le passage du cyclone Chido. Un bilan apocalyptique : « l’ensemble des établissements sont partiellement ou totalement détruits, 70 % de la capacité hôtelière est impactée, 90 % des restaurateurs ont fermé à ce jour, nous rentrons dans une phase de résilience. Comme d’habitude à Mayotte, nous avons cette ultra capacité à faire le dos rond, à absorber les problèmes et essayer de ressurgir plus fort qu’avant« . L’Umih souhaite être intégré dans le mécanisme de préparation de la future loi « Mayotte debout » et entend dans cette optique présenter , 19 amendements portant sur des aspects de la situation économique locale non pris en compte selon eux dans le projet de texte rendu public. En outre, le syndicat défend la mise en place de formations qualifiantes assurées par des professionnels du secteur de l’hôtellerie et de la restauration, seul à pouvoir déterminer les embauches prochaines et les besoins concrets de la profession.
Journaliste politique & économique