À l’occasion du 4ème forum économique de Mayotte, le directeur de l’agence d’attractivité et de développement touristiques est revenu sur l’élaboration de la nouvelle stratégie marketing pour faire du 101ème département une destination inédite dans la région océan Indien. Entretien avec Michel Madi.
Flash Infos : Le 17 septembre dernier, le comité départemental du tourisme est officiellement devenu l’agence d’attractivité et de développement touristiques de Mayotte dans le cadre de l’évolution du contexte législatif et organisationnel du secteur touristique mais aussi en raison de la nécessité de réussir la mise en œuvre des objectifs et des actions du schéma régional de développement du tourisme et des loisirs, validé en octobre 2020. Concrètement, qu’est-ce que cela change ?
Michel Madi : Avant, le comité départemental du tourisme était uniquement cantonné sur de la promotion touristique, qui est désormais du ressort des offices de tourisme. Avec l’abandon de certaines missions, telles que l’accueil, l’information touristique et l’animation du territoire, qui nous étaient confiées par le conseil départemental, notre principal bailleur de fonds, l’agence nous ouvre d’autres champs de compétence. Nous développons cinq métiers pour apporter une plus-value : l’observation touristique ; l’ingénierie en termes d’accompagnement de projets et d’aménagement ; le marketing territorial pour brasser d’autres domaines que le tourisme, à l’instar de l’économie et de l’environnement ; l’attractivité ; le conseiller de séjour pour produire une offre sur-mesure lorsqu’un tour opérateur veut monter un programme sur l’île.
FI : Aujourd’hui, l’agence d’attractivité et de développement touristiques souhaite prendre de la hauteur par rapport à la précédente structure en place. Comment comptez-vous vous y prendre alors que l’offre touristique n’en est encore qu’à ses balbutiements ?
M. M. : C’est justement le type de travail que le comité du tourisme ne pouvait pas entreprendre par le passé. Avec l’agence, nous sommes en train de mettre en place une stratégie marketing qui va nous donner les clés et les outils pour aller chercher le touriste à l’extérieur du territoire. Et en parallèle, nous développons une stratégie d’offres qui inclut des activités touristiques et de loisirs mais aussi de la qualité et de la formation que nous n’avions pas auparavant. Lorsqu’une offre existe, encore faut-il pouvoir accompagner nos opérateurs en termes de montée en gamme de leur produit.
Nous allons donc mener ces deux missions en lien avec notre environnement régional et concurrentiel. Maurice, c’est le tourisme de luxe, La Réunion, c’est ce que nous appelons du tourisme pays, les Maldives, c’est une île paradisiaque… Mayotte doit aussi trouver son positionnement. Comme je le disais, nous sommes en train de travailler sur le plan marketing qui sera ensuite adopté par les offices de tourisme pour qu’il y ait une cohérence dans le développement touristique de Mayotte.
FI : Justement, face à cette concurrence régionale, comment Mayotte peut-elle tirer son épingle du jeu pour convaincre le touriste de venir sur son territoire plutôt qu’à Madagascar ?
M. M. : Nous avons des pistes qui ne sont pas encore arrêtées. L’objectif est d’être opérationnel sur toutes ces stratégies en début d’année prochaine ! Sur le plan marketing, nous savons comment nous devons nous différencier de la concurrence régionale. Cette différenciation viendra de l’offre que nous allons développer et proposer, en mettant en avant ce qui fait la particularité de Mayotte : la culture, l’identité, le lagon, la gastronomie… Il faut valoriser toutes ces ressources et tous ces atouts !
FI : D’où votre participation au salon IFTM Top Resa, qui s’est tenu à Paris-Porte de Versailles du 5 au 8 octobre, pour enclencher la machine ?
M. M. : Il était en effet important d’être présent pour nous montrer et faire parler de Mayotte. Il était intéressant de mettre en lumière notre nouvelle dynamique auprès des partenaires. Nous avons eu l’opportunité d’expliquer la mise en place de l’agence et la montée en opérationnalité des offices de tourisme. Et croyez-moi, notre logo et notre identité ont fait sensation à Paris !
FI : Qui dit brassage plus large, dit structuration de la filière hôtelière pour accueillir le grand public. Cela sous-entend d’inciter les pouvoirs publics à engager la construction d’infrastructures…
M. M. : Exactement, c’est tout le travail que nous faisons en ce moment même ! Pas plus tard que la semaine dernière, j’étais sur le terrain pour rencontrer les intercommunalités et les offices de tourisme. Très prochainement, nous allons prendre part à un séminaire avec les élus du Département pour leur rappeler leur importance en termes de support, d’aménagement du territoire et de finances publiques. Après nous avons en tête, à chaque fois que cela sera possible, de proposer une offre portée par un privé pour avoir une viabilité économique, synonyme de création d’emplois.
FI : Pensez-vous réellement que le tourisme puisse devenir une véritable plaque tournante de l’économie mahoraise ?
M. M. : Totalement ! Tout simplement parce que des destinations comme Maurice sont arrivées à maturité et se demandent comment elles vont repositionner leur produit. Avec le Covid-19, les touristes cherchent des produits identitaires, ancrés localement, et non plus simplement du luxe et des plages… D’une certaine manière, notre retard peut aujourd’hui être vu comme un avantage. Nous avons tous les éléments en notre possession pour mettre en place notre destination touristique et l’offre souhaitée en fonction de notre stratégie. Le développement et l’activité touristiques à Mayotte, en tant qu’activité économique porteuse, sont devant nous !