Le secteur du tourisme peine à se relever après Chido

L’Agence de Développement et d’Attractivité Touristique de Mayotte (ADTM) a organisé une conférence de presse avec les professionnels du tourisme pour faire le point quatre mois après Chido.

Les différents métiers du secteur touristique de notre île ne continuent pas moins à avoir grise mine bientôt quatre mois après la catastrophe naturelle qui a ruiné Mayotte en seulement quelques heures le 14 décembre. S’ils font preuve d’une volonté farouche à être les premiers opérateurs économiques à se retrousser les manches pour sortir la tête hors de l’eau, les professionnels du tourisme n’ignorent pas une chose : sans aides publiques conséquentes, leur combat sera vain. Le désastre qui les a frappé est immense et tout (ou presque) est à revoir, à refaire, s’ils souhaitent réussir un jour prochain à retrouver leur niveau d’activités qu’ils ont connu avant le cyclone Chido.

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Le comité départemental du tourisme à Mayotte à organisé une conférence de presse ce jeudi.

L’Agence de Développement et d’Attractivité Touristique de Mayotte (ADTM) dont les équipes ont été sur le terrain dès le lendemain du cyclone travaille d’arrache pieds avec ses différents partenaires pour dégager des pistes et des stratégies destinées à asseoir des discussions solides avec le département, les services de l’Etat, la Commission européenne, mais également les communes et les intercommunalités, en vue d’obtenir des financements conséquents sans lesquels il sera impossible d’assurer la reconstruction d’un domaine crucial de l’économie du territoire. C’est elle qui a pris l’initiative d’organiser une conférence de presse ce jeudi dans les locaux de la chambre de commerce et d’industrie (CCI) situés place Mariage à Mamoudzou. Autour de la table, Zaounaki Saïndou (sa présidente et conseillère départementale de Tsingoni), Charles-Henri Mandallaz (Président UMIH), mais également Antufaty Hafidhou (Reprséntante du collège des restaurateurs à l’Office de tourisme du grand sud), Inaya Salimini (Présidente de l’Office de tourisme de la CADEMA) et Antoine Tordeur (Président du Cluster tourisme de Mayotte).

« Pour l’ADTM, la relance du tourisme à Mayotte passera par trois phases précises, d’abord des aides d’urgences, ensuite des aides à moyen terme et une phase de reconstruction à plus long terme. Cela suppose plusieurs mesures qui ont été réfléchies avant et mise en place pour pouvoir sortir ce secteur d’activité d’une profonde détresse », a indiqué sa présidente, qui a tenu à rappeler qu’avant le cyclone, le tourisme local venait tout juste de sortir d’une série de crises dont la Covid 19, les mouvements sociaux, les crises sanitaires et hydrique. Autant d’éléments qui ont toujours frappé de plein fouet le secteur touristique d’où la nécessité ressentie par l’ensemble de la profession de trouver des mesures qui leur permettront de pérenniser leurs activités.

« Il nous est essentiel de pouvoir disposer de leviers capables de nous permettre, immédiatement après une crise, d’aider les professionnels à se sortir de la situation », fait observer Zaounaki Saïndou. Pour elle, il n’y a aucun doute sur l’urgence qu’il y a pour tout le monde, Etat, Département, Europe, communes et intercommunalités à se mobiliser pour relancer le secteur. Une mobilisation qui a pris la forme de nombreuses séances de travail avec les services étatiques et départementaux, avant une rencontre jugée capitale cette semaine avec Raffaele Fitto, vice-président de la commission européenne, venu s’enquérir sur place de la situation ce lundi.

Une urgence à réagir

Celui-ci a pris bonne note de l’urgence et du besoin de simplification des procédures européennes en vue de débloquer rapidement les aides financières attendues par les adhérents des différentes chambres consulaires qui étaient représentées lors de cette rencontre. «Oui, il a été question de pouvoir alléger certaines procédures pour permettre aux pêcheurs de pouvoir renouveler leur flotte, aux agriculteurs de s’équiper de façon à retrouver une production rapidement, car le tourisme c’est également plusieurs activités économiques connexes qui nous permettent de nourrir, loger et satisfaire les visiteurs », a conclu la présidente du Comité Départemental du Tourisme de Mayotte (CDTM).

De son côté, le Président de l’UMIH, Charles-Henri Mandallaz, a dressé un bilan chiffré de l’impact de Chido sur le secteur touristique, quatre mois après le passage du cyclone. « Les choses sont compliquées, encore une fois 20 % de restaurateurs confirmés, 40 % qui travaillent en capacité restreinte en mode dégradée, le reste qui essaye de travailler comme il peut avec la clientèle présente sur le territoire. Ils subissent des problématiques d’approvisionnement qui sont monstrueuses, filières pêche et agriculture détruites et de très gros soucis à faire venir du fret durant ces trois derniers mois », explique-t-il. La filière touristique fait face à un autre problème, la saison haute (juin/juillet/août) est très proche alors que la capacité hôtelière a perdu une grande partie de ses possibilités d’accueil, de nombreux établissements ayant perdu jusqu’à 40 % des chambres, et le restant (entre Mamoudzou et Petite-Terre) ont été potentiellement réquisitionné par différents services de l’Etat venus sécuriser et reconstruire l’île.

Le temps est à la reconstruction et à la rénovation des infrastructures impactés, ce qui augure des soucis pour les touristes qui ont programmés de passer l’été sur le territoire. Une autre problématique pointe son nez dans ce décor, la poursuite des formations scolaires et apprentissage en relation avec le Rectorat et ACTO. Les plateaux techniques sont hors d’usage, toute la filière qui est source d’emplois et de formation a besoin de personnel formé, et qualifié sur l’île. Charles-Henri Mandallaz estime que les professionnels du secteur sont les premiers à vouloir le faire, mais encore faut-il qu’ils en soient capables aujourd’hui. Quoi qu’il en soit, il y a urgence à réagir car grand est le risque de voir nos jeunes scolaires entrer en déshérence et ne pas savoir vers quelles filières se tourner si l’on arrive pas à les relever.

Journaliste politique & économique

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