Une piscine olympique avant les JIOI 2027 : Mayotte entre dans le grand bain ?

Le super bassin devrait voir le jour en 2025. Et pourrait alors appuyer la candidature du 101ème département dans l’organisation des Jeux des îles 2027. Si tout se passe comme prévu…

Jeux des îles, neuvième édition. Alizée Morel bat un nouveau record sur le 800 mètres nage libre en bassin de 50, face aux redoutables Seychelloises Alexus Laird et Felicity Passon. Elle a à peine 20 ans et la jeune nageuse réunionnaise vient de rafler à elle seule pas moins de 8 médailles d’or. Carton plein pour l’athlète ! Et pour son île natale, c’est la consécration. L’île Bourbon finit cette édition 2015 en tête de podium avec un joli palmarès de 209 breloques, dont 84 en or et 72 en argent. “À l’époque, cela avait marqué tout le monde”, se souvient Madi Vita, le président du comité régional olympique et sportif (CROS) de Mayotte. La délégation mahoraise, elle, s’envolera de l’île voisine avec un maigre bilan de 13 médailles…

Pour ce défenseur des couleurs mahoraises aux Jeux, c’est d’ailleurs là “toute l’importance d’une piscine olympique pour le territoire”. “Ce n’est pas normal qu’à Mayotte, en 2020, nous n’ayons toujours pas de bassin municipal ou olympique. Les autres Outre-mer en sont pourvus et à chaque fois que je suis en visite, je le dis : c’est une honte pour notre département”, martèle-t-il. Alors l’annonce officielle par le conseil départemental de la livraison du futur complexe aquatique, à Kawéni, à côté du centre Kinga, pour 2025, répond à ses plus folles espérances. “C’est une très bonne chose pour Mayotte, notamment parce que la natation, c’est une discipline qui n’existe pas aujourd’hui chez nous, et nous n’avons jamais été représenté pour ces épreuves aux Jeux des îles. Et quand on sait qu’un seul ahtlète peut vous rapporter 8 médailles…”, salue le passionné de sport.

 

Les JIOI 2027 dans la lunette

Surtout, cette piscine olympique, si elle est livrée à temps, viendra appuyer la candidature de Mayotte pour accueillir la compétition en 2027, qui réunit sept îles de l’océan Indien – Maurice, les Seychelles, l’Union des Comores, Madagascar, Mayotte, La Réunion et les Maldives. C’est d’ailleurs clairement l’objectif affiché par le conseil départemental. “Nous nous battons justement pour que cela puisse être pris en compte”, confirme Mustoihi Mari, le directeur des services techniques de la collectivité, en charge de l’aménagement. À la bonne heure ! Car il s’agit même d’une condition sine qua non, la natation figurant en discipline obligatoire pour cette compétition multisports. “Le fait même d’avoir cette infrastructure va faire que nous serons pris au sérieux pour l’organisation des Jeux”, assure le président du CROS.

Un complexe de 7.000m2

Alors au charbon ! Pour l’instant, trois cabinets d’architectes ont été retenus pour le projet. Ces groupements métropolitains voire internationaux ont désormais trois mois pour proposer leurs esquisses. Et pour espérer décrocher le gros lot, ils devront répondre à un cahier des charges bien précis, dont Mustoihi Mari dévoile les grandes lignes. En tout, l’équipement regroupera trois bassins : un premier de 50 par 25 mètres, disposera de 10 couloirs ; un autre, de 25 mètres sera dédié à l’entraînement/récupération ; et un dernier aux enfants. Sans parler des gradins, avec 500 places, et bien sûr des vestiaires, des salles de présentation ou de cours collectifs… En tout, pas moins de 7.000 mètres carrés, sur un terrain dont le Département a la maîtrise. “Cela nous permettra d’aller plus vite”, souligne le DGS.

Faire naître des vocations

“Nous avons aussi demandé l’intégration de toboggans pour les petits”, poursuit-il. Car la piscine, en plus d’être un atout pour les compétitions sportives, constitue un vrai plus pour le territoire, et notamment pour les plus jeunes. La natation est en effet une discipline scolaire obligatoire. Et le complexe devrait permettre d’accueillir simultanément six classes, soit 240 créneaux par semaine en fonctionnement plein. Avec ça, si les jeunes mahorais ne sont pas comme des poissons dans l’eau !…

De quoi peut-être faire naître des vocations ? “Bien sûr !”, s’exclame le président du CROS. “Tous les entraîneurs, sélectionneurs ou directeurs techniques nationaux qui sont de passage ici le disent : les Mahorais sont très disposés au sport. Il ne reste plus qu’à créer la discipline”, défend-il. Pour ce faire, il faut en premier lieu lancer des formations diplômantes, en mettant en place une ligue affiliée à la fédération nationale. Un indispensable, si Mayotte ambitionne en effet d’accueillir un jour dans son bassin tout neuf des athlètes internationaux. “Il nous faudra non seulement nos athlètes, mais aussi des arbitres et des chronométreurs qualifiés. On ne peut pas imaginer avoir la structure sans les gens qui vont avec.” De là à atteindre l’objectif avant 2027, il y a un sacré mouvement de brasse. Rien que pour l’haltérophilie, dont les infrastructures sont moins lourdes, le CROS table sur cinq ans – la démarche a été enclenchée en 2019, après les Jeux des Îles – pour lancer ces formations diplômantes qui permettront, un jour peut-être à ces sportifs Mahorais d’atteindre les podiums.

Le défi de la gestion

Avant d’en arriver là pour la natation, encore faudra-t-il que l’infrastructure émerge. Les premiers travaux d’étude doivent se tenir entre 2021 et 2022, pour un lancement des travaux en 2023 et 2024. Et une livraison en 2025, donc. “Mais si vous prenez le stade Cavani par exemple, cela fait depuis 2008 qu’on attend sa rénovation…”, rappelle Madi Vita. Sans compter les autres défis, d’ordre financiers qui pèsent sur l’avenir du bassin olympique. Car en plus des 25 millions d’euros de travaux estimés pour le faire sortir de terre – financés en partie par le contrat de convergence, par les fonds propres du Département et peut-être des crédits du Centre national pour le développement du sport (CNDS), et des subventions européennes -, il faudra aussi compter au moins 1 à 2 millions d’euros pour assurer sa gestion sur le long terme. En tout cas, c’est la part qu’est prêt à financer le conseil départemental. À charge, maintenant, de trouver l’entreprise qui acceptera de récupérer le bébé. Avec l’eau du bain ?

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