Trail : El-Habib Zoubert alias Tecno sur le toit de la Mascareignes 2021

Le traileur El-Habib Zoubert est le première athlète de Mayotte à remporter vendredi l’une des fameuses courses du Grand Raid de La Réunion, la Mascareignes en 8h44’02sec. Un exploit sportif pour le licencié du club d’athlétisme de Mamoudzou qui s’entraîne depuis seulement 2017. Retour sur cette victoire avec le principal intéressé, communément appelé Tecno, et le président de l’association, Michel Latour.

Flash Infos : Vous avez bouclé les 72km et les 3.900 mètres de dénivelé de la Mascareignes 2021 en 8h44’02sec. Comment vous êtiez-vous préparé et comment avez-vous vécu cette course ?

El-Habib Zoubert : J’avais fait pas mal d’entraînements avec mon coach Pascal Blanc malgré le Covid-19. J’ai enchaîné les sorties de trois à sept heures en n’oubliant pas le renforcement musculaire et la vitesse.

Michel Latour : L’un des problèmes pour une telle préparation est que Tecno n’a pas vraiment de sparring-partner… Mais il a appliqué à la lettre les séances envoyés par Pascal Blanc, qui est une référence dans le milieu du trail !

El-Habib Zoubert : J’aime bien courir tout seul, cela ne me pose pas de problème ! Pour ce qui est de la course, j’étais très en forme jusqu’au 62ème kilomètre. Je n’avais aucune douleur. Puis ensuite, ça a commencé à tirer… J’ai eu des crampes au niveau des cuisses et j’ai été obligé de marcher un peu. Je me suis retrouvé avec Romain Fontaine. Nous étions ensemble jusqu’au Colorado, avant que je ne le distance dans la dernière descente !

FI : Quel sentiment vous a traversé l’esprit lorsque vous avez franchi la ligne d’arrivée ?

E-H. Z. : En tant que croyant, j’ai tout simplement remercié Dieu ! C’est pour cette raison que je me suis agenouillé par terre après avoir franchi la ligne d’arrivée. Je me suis dit que tous les efforts avaient fini par payer.

FI : Lors de votre première participation en 2019, vous avez terminé 4ème en 2019. C’est ce qu’on appelle une progression fulgurante…

E-H. Z. : Vous savez, je n’ai commencé le trail qu’en 2017. Cela fait seulement quatre ans que je m’entraîne dur… J’avais notamment bouclé le trail des amis en 2h48 en 2018. Je regarde beaucoup les autres athlètes sur Youtube pour m’améliorer. Toute cette énergie au club m’a donné envie de faire quelque chose de grand. Je connais mon potentiel dans les montées qui me permettent de grapiller quelques secondes sur mes concurrents lors des compétitions.

M. L. : Tecno a surtout des prédispositions naturelles pour le trail. Il mémorise facilement les chemins et il a une technique très impressionnante dans les descentes. Il s’adapte très bien au parcours. Il prend des risques énormes. Des risques qui ont notamment payé face au meilleur descendeur réunionnais lors de la Mascareignes.

FI : À la suite de votre victoire, une polémique a pris le dessus sur l’exploit sportif : à savoir si vous étiez comorien ou mahorais. Qu’avez-vous à répondre à vos détracteurs ?

E-H. Z. : Je suis Comorien, je ne le cache pas. Je suis fier de ce que j’ai fait à Mayotte et d’avoir pu saisir les opportunités que le 101ème département m’a apportées au cours de ces dernières années. Je suis vraiment très heureux d’avoir pu représenter le club d’athlétisme de Mamoudzou à La Réunion.

FI : Si l’on prend un peu plus de hauteur, c’est une grande fierté pour le club d’athlétisme de Mamoudzou…

M. L. : Tout à fait ! Nous sommes très fiers de ce qu’il a réalisé. Cela nous conforte dans l’idée que nous allons dans le bon sens. Nous essayons de mettre les athlètes dans les meilleures conditions, comme nous le faisons avec Tecno, qui a un énorme potentiel, en lui mettant un coach personnalisé à disposition. En plus des deux sponsors qui le suivent, Maydeco et La Cabane à Sara, nous faisons le nécessaire, avec nos « petits » moyens, pour l’accompagner, en lui finançant des billets d’avion et des équipements. Cette victoire à La Réunion nous encourage à continuer en ce sens.

FI : Vous ne semblez avoir aucune limite. Quel est votre prochain objectif ?

E-H. Z. : Mon rêve serait de participer un jour au marathon du Mont Blanc.

M. L. : Nous lui laissons d’abord le temps de savourer sa victoire avant de penser à la suite. Nous allons faire une visio avec son coach pour faire le point. Mais pourquoi pas prendre le départ d’une course à l’étranger ? Avec sa première place à la Mascareignes, peut-être qu’il sera plus facilement invité ! En tout cas, nous ne nous précipitons pas : nous prenons les étapes comme elles viennent, les unes après les autres.

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