Pour cette semaine olympique et paralympique commune aux établissements scolaires, les professeurs de sport du collège de M’gombani, à Mamoudzou, ont initié leurs élèves à plusieurs handisports. Ce jeudi midi, c’était au tour du cécifoot (un football qui se joue les yeux bandés) au nouveau gymnase Jean-François Hory. Score final, 1-1 entre les élèves et leurs enseignants.
Bing ! Deux collégiennes se percutent dans un grand éclat de rire. Elles soulèvent toutes les deux leurs bandeaux pour voir avec qui elles se sont cognées. Comme elles, une centaine d’élèves du collège M’gombani ont pu essayer le cécifoot, une pratique handisport destinée aux non ou malvoyants. La balle, qui ressemble à un ballon de foot classique, contient des grelots pour que les joueurs aux yeux bandés le repèrent. Et ce jeudi midi, l’initiation est compliquée, les accompagnateurs sur le bord de la touche ont dû mal à se faire entendre à cause des échos du nouveau gymnase Jean-François Hory. Changement de règle, les guides ont le droit de rester à proximité de leurs camarades aveuglés pour donner des consignes. Le ballon, envoyé souvent avec force par les joueurs, rebondit alors sur tout le monde.
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— Mayotte Hebdo (@MayotteHebdo) April 7, 2023
Sur l’autre terrain, où on a vu les premiers buts malgré les gardiens en capacité de voir, un autre groupe de collégiens de tous niveaux confondus rentre sur le demi-terrain pour une dernière initiation avant le grand match. « Tu vois quelque chose là ? – Oui, je vois. – Tu vois quoi ? – Je vois tout noir ! – C’est bon alors », échangent un professeur et l’un de ses élèves en train de mettre son bandeau. Des éclats de rires et quelques ballons partis en touche plus tard, les cinq enseignants se couvrent à leur tour les yeux. C’est désormais aux élèves de donner les consignes à leurs professeurs. « Le ballon est là-bas ! », dit une des jeunes filles en pointant son doigt vers le jeu, oubliant que l’adulte qu’elle accompagne est complétement aveuglé.
Mieux entraînés, ce sont les élèves qui arrivent le plus souvent à taper dans le ballon. Ils finissent même par marquer, informés par leurs guides qui sont les premiers à sauter de joie. Loin de se décourager, les professeurs incluent une grande collégienne dans leur équipe. Celle-ci ne met pas trente secondes à se procurer la première occasion. Elle conclut d’ailleurs le match par une frappe puissante, comme si c’était naturel de viser sans qu’on puisse voir son propre pied. 1-1, l’honneur est sauf des deux côtés.
Sarbacane et basket-fauteuil
Ce match ne sera pas le dernier entre les élèves et leurs professeurs. Ce vendredi, ils passent au goal ball, une discipline où c’est le gardien qui ne voit pas. « Lundi, c’était tennis de table adapté. Et mardi, on a fait de la sarbacane. Il y avait d’ailleurs beaucoup de professeurs qui sont venus essayer », raconte, ravi, Geoffrey Terrasse, l’un des deux professeurs de sport du collège à l’initiative de ces activités (avec Audrey Boishus). Si la semaine olympique et paralympique est commune à tous les établissements, la façon dont elle est organisée dépend de chaque équipe pédagogique. A M’gombani, la semaine a commencé en avance avec la réalisation de banderoles en arts plastiques. « Les classes ont réalisé des torches qui ont été exposées et soumises au vote toute la semaine », indique le prof de sports. Lui et ses onze collègues n’ont proposé que de l’handisport en cours d’EPS toute cette semaine, aidés en cela par le matériel prêté par le Cros et le collège de Passamaïnty. Pour le basket-fauteuil par exemple, ils ont joué avec des fauteuils roulants spécialement conçus pour ça.
« Tous les élèves ont ainsi pu essayer », déclare fièrement Geoffrey Terrasse.