Pour avoir porté haut les couleurs de Mayotte au Jeux olympiques de Paris, jusqu’en demi-finale, Raphaël Mohamed a eu droit aux honneurs du monde sportif et politique mahorais ce samedi. Il n’en revenait pas, le Cros (comité régional olympique et sportif) a fait les choses en grand pour l’accueillir, à l’aéroport de Pamandzi, mais également dans les jardins du conseil départemental, à Mamoudzou. Il a été ovationné par un public venu le consacrer en « icône » de la jeunesse mahoraise.
Arrivé jusqu’en demi-finale de 110 mètres haies, l’enfant prodigue est de retour sur son île natale. Raphaël Mohamed est arrivé de métropole, ce samedi matin, après avoir pris part aux Jeux Olympiques de Paris 2024. Originaire de Hagnoundrou, dans le Sud, dans la commune de Bouéni, le jeune homme était agréablement surpris, tant la qualité de l’accueil qui lui a été réservé dépassait ce qu’il aurait pu imaginer. C’est en « héros » qu’il a été reçu à l’aéroport Marcel Henry de Pamandzi par une cérémonie d’accueil organisée par le comité régional olympique et sportif (Cros) de Mayotte et de nombreux partenaires. « C’est quelque chose de vraiment incroyable ! Je pensais seulement venir passer tranquillement quelques jours de vacances en famille et je vois un accueil extraordinaire qui m’est réservé depuis l’aéroport jusqu’aux jardins du conseil départemental. C’est franchement quelque chose de très spécial pour moi, d’autant plus que cela se passe à Mayotte, mon île natale, je n’ai pas assez de mots pour remercier l’ensemble des Mahoraises et des Mahorais ». D’un naturel humble, le sportif du Racing club de Mamoudzou avait du mal à cacher ses émotions face au public regroupé devant l’estrade où El-Anrif Assani et Madi Vita (respectivement conseiller départemental de Mamoudzou 1 et président du Cros), lui ont souhaité la bienvenue au nom de l’ensemble de tous les habitants de l’île.
Dans l’assistance, on pouvait distinguer des personnalités politiques, de la société civile et du monde sportif local. Après une courte allocution, El-Anrif Assani lui a officiellement, au nom du Département, remis un chèque d’un montant de 3.000 euros, en guise d’encouragement pour les performances qu’il a réalisées aux JO, sous les applaudissements du public et les caméras de la presse locale. Après un « Merci » appuyé à l’adresse de toutes les personnes présentes, Raphaël Mohamed est revenu en aparté sur ses instants olympiques, auprès de notre journal Flash Infos. « J’ai vécu des moments incroyables, au début, je pensais que j’allais stresser car il s’agissait tout de même de la plus grande compétition au monde. Au final, j’ai quand même réussi à m’honorer personnellement, à honorer la France et à honorer Mayotte à travers cette belle expérience que furent ces Jeux Olympiques de Paris. Sans vous mentir, ce fut pour moi une très belle expérience et j’espère être encore d’attaque pour les prochains rendez-vous et apporter des médailles à la maison ».
« Je réalise que j’ai un grand rôle à jouer »
En ce qui concerne les prochaines échéances qui attendent Raphaël Mohamed, il y a les championnats du monde d’athlétisme à Tokyo en 2025. À la question de savoir s’il avait conscience du statut qui est désormais le sien vis-à-vis de la jeunesse mahoraise, dont il est devenu un modèle à suivre, le jeune athlète a déclaré : « J’avoue que ce n’était pas le cas au début, mais maintenant que je vois tout l’engouement qu’il y a autour de moi, je m’aperçois que je suis devenu un peu une icône à Mayotte, je me pose beaucoup de questions et je réalise que j’ai un grand rôle à jouer pour faire avancer les choses dans notre département. » De son côté, le conseiller départemental de Mamoudzou 1, El-Anrif Assani, a confié à notre journal « toute sa fierté d’avoir à accueillir Raphaël Mohamed à son arrivée dans l’île ». Il a loué les bienfaits du dispositif « Jeunes talents » mis en place par le conseil départemental de Mayotte et dont a pu bénéficier le jeune athlète : « Ça démontre que c’est un outil qui marche, peut-être qu’on peut l’améliorer pour mieux faire, nous allons nous y atteler, faire un bilan pour vérifier ce qui a bien marché et ce qui est nécessaire à revoir afin d’accompagner davantage de jeunes sportifs ».
Selon lui, l’objectif du département est de réussir à dégager plus de moyens financiers pour permettre au territoire d’avoir, d’ici quatre années, encore plus de sportifs de haut niveau, « trois ou quatre autres Raphaël Mohamed qui puissent faire briller les couleurs de Mayotte sur la scène sportive internationale, nationale et régionale. Cela est très important car lorsqu’on observe les performances de ce jeune homme, on voit bien qu’il a du talent, surtout comment il finit les 60 derniers mètres. Je ne suis pas expert dans ce domaine mais on voit bien qu’il a été parmi les meilleurs ». De son côté, Madi Vita s’est dit « très ému par les performances réalisées par Raphaël Mohamed lors de ces JO 2024, des performances qui honorent Mayotte et c’est historique pour le mouvement sportif mahorais parce que ça constitue une première ! C’est pour cela que le Cros a pris les devants, en associant tous les partenaires pour organiser cet accueil populaire ».
Encourager les athlètes mahorais
Madi Vita estime que Mayotte ne sollicite pas assez la participation des partenaires privés dans le soutien des sportifs mahorais de haut niveau. « Nous avons déjà pris rendez-vous avec toutes les institutions pour organiser des sessions de travail, avec des contrats signés à la clé pour Raphaël, mais une telle approche doit être étendue à d’autres sportifs. La question qui se pose à présent c’est comment faire pour contribuer à faire émerger plusieurs Raphaël en vue de prochaines compétitions internationales pour représenter Mayotte ». Le président du Cros estime que c’est une réflexion plus large qui doit être menée pour gérer le sport de haut niveau mahorais dont on ne parle que depuis une dizaine d’années seulement. « Le souci, c’est que jusque-là, malheureusement, on n’y arrive pas, pas plus à l’échelle nationale qu’à l’échelle internationale. Comment faire pour arriver au même niveau que les autres département et régions français qui arrivent à présenter au minimum dix sportifs dans ce genre de compétition ? Nous ne sommes pas encore en situation d’égaler les autres départements à ce niveau-là, mais il est grand temps de se mettre en ordre de marche pour réussir à y arriver un jour prochain ».
Pour Madi Vita, Raphaël constitue un précédent pour Mayotte qui ne saurait rester sans suite. Après cette halte au conseil départemental de Mayotte, le jeune athlète a eu droit à un cortège d’honneur, avec des véhicules arborant le drapeau tricolore pour rejoindre son Sud natal où une autre fête l’attendait. À rappeler au passage qu’Ali Soultoini, un autre athlète mahorais talentueux (également originaire du Sud) est devenu vice-champion du monde Masters 2024. Il s’agissait de sa première participation au championnat de France Masters de javelot. Passi-Kéli, son village natal dans la commune de Kani-Kéli, prévoit de l’honorer par une grande fête programmée pour le 1er septembre au terrain de football du village à partir de 14 h. Pamandzi devrait faire de même pour Habab Chamsidine, le premier juge-arbitre de l’histoire de Mayotte, lequel a officié lors de ces JO 2024 de Paris. Il est, lui aussi, attendu sur le territoire dans les prochains jours.
Journaliste politique & économique