Lancée en novembre dernier, l’école municipale de natation de la Petite-Terre apprend gratuitement aux enfants à nager et leur permet de passer leurs premiers certificats de natation. Des cours sont donnés tous les mercredis après-midi sur la plage du Faré. Nous y avons rencontré les apprentis nageurs, et leur encadrant, Alain Baron, à l’initiative du projet.
« Allez ! Le I… le A… la grenouille ! », déclame Alain Baron de sa voix tonitruante, mimant à ses jeunes élèves les gestes successifs à faire pour nager une brasse réussie. Dans l’eau, une poignée d’enfants, âgés de 7 à 11 ans, tente d’appliquer les consignes, armée de planches et de frites flottantes. Pendant une bonne heure, ce mercredi après-midi, ils mettent la tête sous l’eau, battent des pieds et avancent tant bien que mal successivement en crawl, en brasse et sur le dos. Difficile d’imaginer qu’il y a quelques semaines, la plupart d’entre eux avaient peur de l’eau.
Depuis le mois de novembre dernier, en Petite-Terre, une école municipale de natation accueille gratuitement les enfants désireux d’apprendre à nager. Les cours sont dispensés sur la plage du Faré, par Alain Baron, maître-nageur, et son adjoint Raoui Subra, tous les mercredis. Des stages intensifs sont proposés pendant les vacances.
Initié par le premier, le projet est porté par les deux municipalités de la Petite-Terre, via la l’intercommunalité (CCPT). « Je suis parti d’un constat simple : 13 % de réussite au « savoir-nager » (certificat d’aisance nautique passé par les classes de 6ème et mis en place par l’Éducation nationale en 2015, NDLR) à Mayotte. Pour moi, c’est aberrant d’être entouré d’eau et de ne pas savoir nager ! », estime-t-il, prévoyant d’instruire 900 enfants d’ici la fin du mois d’août. « C’est d’abord une question de sécurité ! » En France, les noyades sont la deuxième cause de mortalité des jeunes enfants, rapporte l’Organisation mondiale de la santé (OMS).
« Une peur de l’eau ancestrale »
« Pour inciter à savoir nager, il faut casser les tabous, car la peur de l’eau est ancestrale ici. On travaille dessus avec les enfants, mais aussi avec les parents. On essaie de leur donner confiance petit à petit », explique le maître-nageur, tout en exerçant le petit groupe. La jeune Laila, 11 ans, reconnaît être arrivée avec de beaucoup d’appréhension. « Mais j’ai vraiment bien progressé », admet-elle, sous l’œil approbateur de l’encadrant. « Maintenant, j’aimerais continuer la natation en club ».
« Soyons honnêtes, l’objectif in fine, c’est de récupérer ces jeunes dans les clubs », abonde le fondateur de cette école, qui y voit un socle de base pour favoriser la structuration de la filière de la natation sur l’île, et un vecteur d’emploi. « Familiariser les enfants avec l’eau dès le plus jeune âge, c’est se donner toutes les chances de former, par la suite, des surveillants de baignade ou des maîtres-nageurs mahorais ! », argue-t-il, plaidant pour une prise de conscience de la problématique par les élus locaux.
Après une bonne heure d’exercices pratiques, la voix d’Alain résonne à nouveau « Allez, tout le monde dehors, c’est terminé pour aujourd’hui ! ». « Oh nooon ! Déjà !? », rouspète le petit groupe, qui serait volontiers resté barboter un peu plus longuement.