Paris 2024 : « Les Jeux Olympiques, une aventure à savourer complètement »

Habab Abdou-Moktar, un jeune sportif très impliqué dans la vie de sa cité, Pamandzi, fait partie des juges-arbitres sélectionnés pour les épreuves d’athlétisme des Jeux Olympiques de Paris 2024, du 1er au 11 août. Il officiera dans les quatre disciplines de lancer, poids, marteau, disque et javelot.

Pour la première de fois dans l’histoire du sport français, un Mahorais sera de la partie aux Jeux Olympiques de Paris 2024. Bien qu’étant un athlète talentueux, Habab Abdou-Moktar, vice-président du Pamandzi Sporting Club, officiera en juillet prochain dans la capitale française en qualité de juge-arbitre national pour les quatre épreuves de lancer de poids, marteau, disque et javelot. C’est se rendant au travail le matin du mardi 19 décembre 2023 qu’un e-mail reçu sur son téléphone portable lui apprend qu’il a été sélectionné par le comité national d’organisation des JO, avec sa convocation et sa lettre de mission. Sportif chevronné, très impliqué dans la vie de sa cité, cet ingénieur en hydraulique d’une trentaine d’années, exerçant dans les locaux de la direction de l’environnement, de l’aménagement, du logement et de la mer (Dealm) à M’tsapéré, se rendra à Paris dans la semaine du 24 juin 2024 pour préparer cette messe mondiale du sport que constituent les Jeux Olympiques. Ce rassemblement précédera le championnat de France d’athlétisme au cours duquel il va pouvoir obtenir un avant-goût de l’exercice de sa charge de juge-arbitre national.

Suite à cette expérience grandeur nature, il reviendra à Mayotte quelques jours avant de s’envoler pour la métropole le 23 juillet 2024, soit trois jours avant le démarrage officiel des jeux olympiques et une semaine avant celui des épreuves d’athlétisme. Depuis l’annonce de sa sélection, le respect que lui vouent ses collègues footballeurs de Pamandzi et Mayotte est monté à un degré supérieur, il figure désormais dans les annales du sport local comme le premier natif du 101ème département français à atteindre un tel niveau de compétence dans une discipline olympique. « L’incompréhension est immense pour nous. Avec cette sélection, Habab est désormais un symbole pour notre génération et celles qui vont suivre derrière nous. Et malgré cela, il n’a eu droit à aucune reconnaissance officielle à Mayotte, ni du Département, ni de la commune », remarque l’un de ses amis du Pamandzi Sporting Club. Il est vrai que ses proches dressent de lui le portrait d’un jeune homme modeste, fonceur, qui ne réclame jamais rien à autrui, toujours prêt à rendre service et à soutenir ses compagnons dans le sport. De son propre aveu, « ces Jeux olympiques restent une aventure au travers de laquelle chaque moment sera à savourer complètement ».

Un parcours de sportif

Comment Habab Abdou-Moktar a réussi à atteindre ce niveau de juge-arbitre national ? Dès son jeune âge, il lui était reconnu des qualités innées d’endurance dans la course. Celles-ci se sont confirmées lorsqu’il est entré au collège et lui ont permis de bénéficier d’une bonne prise en charge par l’Union nationale du sport scolaire (UNSS) et d’enchaîner les places sur les podiums, les médailles et les découvertes dans la grande famille de l’athlétisme français. Lorsqu’il rejoint la métropole pour entamer ses études supérieures, Habab Abdou-Moktar intègre le club Orléans Cercle Jules Ferry au travers duquel il découvre le sport de haut niveau dans l’athlétisme. Il y côtoie des athlètes de renommée internationale et olympique tel que le sprinteur guyanais Amaury Golitin. Il y fait également la connaissance de Djassim Ahamada, spécialiste du saut en longueur et du 100m, porte-drapeau de la délégation départementale aux récents Jeux des Îles de l’océan Indien (JIOI) à Antananarivo en 2023.

À Orléans, Habab enchaîne les performances athlétiques dans le 100 mètres, le 200 mètres et le saut en longueur, trois disciplines dans lesquels il excelle depuis l’âge de 10 ans. Des performances qui lui valurent à l’école le statut aménagé de sportif de haut niveau. Seulement voilà, des couacs surviennent sur le parcours, les résultats scolaires attendus ne sont pas au rendez-vous, s’y rajoutent des blessures à répétition et, un malheur n’arrivant jamais seul, son niveau stagne. Après mûres réflexions, le jeune sportif pamandzien tranche et choisit de privilégier ses études au détriment du sport. Et, question de garder un pied dans l’athlétisme et ne pas complétement couper les liens avec le monde sportif, il décide de passer le diplôme de juge, entraîneur et initiateur (ABC). Un diplôme qui se décline en plusieurs niveaux, départemental et pratique, régional, fédéral, et enfin, juge-arbitre national. Dix années (2013-2023) ont été nécessaires pour aboutir obtenir ce sésame qui lui vaut d’être sélectionné aujourd’hui pour officier aux JO de Paris. « Différents critères interviennent dans la sélection d’un juge-arbitre, le nombre de compétitions qu’il a eu à juger au cours des dernières années, sa fiche d’évaluation (un rapport est dressé sur chaque personne jugée), le niveau de diplômes, l’âge, le dynamisme, le savoir-faire, le savoir-être, le nombre d’années d’expérience, mais aussi des critères géographiques aux fins de ne pas privilégier une région par rapport à d’autres », explique l’heureux vice-président du Pamandzi Sporting Club.

Paré à vivre de l’intérieur le sport-roi de l’olympisme, l’athlétisme, Habab Abdou-Moktar attend le mois d’août avec envie.

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