Maxime Rochefeuille, dans la boxe à poing nommé

Il fait partie des meilleurs combattants de l’île et est, de fait, l’une des têtes d’affiches du Challenge de l’océan Indien organisé samedi, à Cavani. Maxime Rochefeuille, 33 ans, est pourtant arrivé tardivement à la boxe puisqu’il a commencé il y a cinq ans maintenant. Sportif et très travailleur, il a progressé à toute vitesse, jusqu’à décrocher le titre de vice-champion de France de low kick en moins de 81 kg, en mars dernier.

Son immense tatouage sur le bras gauche, sa barbe et sa carrure imposante pourraient le faire passer pour un mauvais garçon. Au contraire, Maxime Rochefeuille est poli et posé. Ne vaut, en revanche, ne pas le rencontrer sur un ring. À 33 ans, le vice-champion de France de low kick tape fort et fait la fierté de son club, le Maore boxing Majicavo. Qu’est-ce qui a amené ce Réunionnais à plus de 1.000 kilomètres de son île ? « Je suis venu à la base pour le travail », répond ce fils de policier. Arrivé dans le lagon il y a douze ans, c’est à la police aux frontières qu’il exerce son métier, d’abord au centre de rétention administrative en stage, puis au GAO (groupe d’action opérationnel), cette unité chargée de lutter contre l’immigration clandestine. Un emploi prenant qu’il doit conjuguer avec un entraînement dans un sport qu’il a débuté toutefois très tardivement, en suivant un collègue en 2016. « En fait, la boxe, j’en ai toujours eu envie. J’ai des parents un peu vieille école. Pour eux, les sports de combat allaient me rendre violent », confie celui qui a écumé davantage la plupart des terrains de football de l’île. « Au contraire, ça me permet de me canaliser, d’avoir confiance en moi. »

Jonglant entre le ballon et les gants, il se familiarise peu à peu avec les deuxièmes. « Je n’étais pas régulier, j’y allais au compte-goutte. Je pouvais y aller toute une semaine et arrêter pendant deux mois. C’est vraiment à partir de fin 2018, début 2019, que j’ai commencé à travailler dur. C’est à partir de là que j’ai fait mes premières compétitions », raconte-il. Rapidement champion de Mayotte en kick light, il comprend qu’il a le niveau pour aller plus loin. « J’ai un coach qui m’a fait prendre conscience de mes qualités », fait-il remarquer. Moins expérimenté que ses adversaires et « basique » de son propre aveu, il se distingue par la puissance des coups et sa capacité à les encaisser.

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Fidèle du Maore boxing club, il s’entraîne au gymnase du collège de Majicavo-Lamir.

Une progression basée sur un gros travail

Selon le dicton, « le travail qui paye ». C’est d’autant plus vrai pour Maxime Rochefeuille. Le colosse est un mordu de l’entraînement. Il fait du sport tous les jours et admet ne pas se sentir bien quand ce n’est pas le cas. Pour progresser, il tape même à la porte des autres clubs mahorais afin de trouver régulièrement des camarades d’entraînement de son niveau. « Avec les départs et les arrivées, il n’y en a plus beaucoup au club en ce moment », regrette-il.

Dans le kick-boxing, l’accumulation de matchs permet de passer dans les catégories supérieures. Alors qu’il atteindra son quatorzième match, ce samedi, ce n’est qu’une question de temps avant que cela ne lui arrive. « C’est une progression normale, il va bientôt passer en classe A ((N.D.L.R. une catégorie semi-professionnelle) », confie Thierry Périllo, coach du Maore boxing club, qui ne lui trouve pas de points faibles. « Il n’a que des points forts Maxime », dit-il en riant. Ce changement de catégorie n’est pas sans conséquence puisqu’ils sont sans protections. Un nouveau paramètre qui inquiète le policier. « Il y a davantage de stratégie. Avant de mettre un low kick (N.D.L.R. un coup de pied), tu réfléchis à deux fois. Tu ne sais pas comment tu vas ressentir la douleur quand tu mets un coup ou si tu le reçois », explique le boxeur, qui se laisse encore « deux ou trois ans », avant de bouger du territoire.

L’an prochain, Madagascar organise les Jeux des Îles de l’océan Indien et a décidé d’y intégrer le kick-boxing. Mais est-ce que le Réunionnais se sent prêt à y représenter Mayotte ? « J’en serais très fier », reconnaît-il.

Challenge de l’océan Indien, samedi 27 août, au gymnase de Cavani. À partir de 16h, début des assauts (des confrontations où les coups ne sont pas réellement portés), puis combats dès 18h. Le tournoi se termine par un combat professionnel entre Josué Absalon (La Réunion) et Adam El Hammouchi (Belgique). Tarifs : 10 euros, VIP 30 euros.
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La compétition de ce samedi oppose une quarantaine de combattants au gymnase de Cavani.

 

Challenge de l’océan Indien, un deuxième round à Cavani

Le succès du premier tournoi en juin dernier à Saint-Denis de La Réunion a donné des idées à la ligue mahoraise de kick-boxing, muay thaï et disciplines associées (LMKMDA). Celle-ci organise cette fois l’événement chez elle, en multipliant par deux le nombre de combats. En effet, la ligue réunionnaise a rejoint le mouvement et c’est désormais une vingtaine de combats qui seront programmés. Outre le combat de Maxime Rochefeuille (classe B) contre un combattant réunionnais, d’autres sont prévus en catégorie pro, classe A et kick light. Le seul combat professionnel opposera un Belge face à un Réunionnais. Le seul boxeur de classe A sur l’île étant un membre du régiment de service militaire adapté (RSMA) de Combani, il représentera Mayotte en opposition à un autre boxeur de La Réunion.

Les divers affrontements risquent d’être intéressantes. En juin, Mayotte s’était imposée de peu sur l’île Bourbon (8 victoires à 7). Et il n’y a pas que sur le ring les Mahorais doivent se battre. En coulisses, la préparation d’un tel événement ayant un coût important, la ligue invite les partenaires économiques à la rejoindre. Les financeurs pourraient y trouver leur compte. Avec le succès du match Mayotte-La Réunion, la ligue souhaiterait réitérer ce type d’événements en ouvrant la participation aux boxeurs d’autres îles de l’océan Indien.

Romain Guille est un journaliste avec plus de 10 ans d'expérience dans le domaine, ayant travaillé pour plusieurs publications en France métropolitaine et à Mayotte comme L'Observateur, Mayotte Hebdo et Flash Infos, où il a acquis une expertise dans la production de contenu engageant et informatif pour une variété de publics.

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