Impraticable depuis plusieurs années, le stade départemental de Pamandzi doit être fermé. Décision irrévocable pour le Département de Mayotte qui peine à trouver un autre lieu d’entraînement pour les footballeurs du Pamandzi sporting club (PSC).
Les jeunes footballeurs de Pamandzi lancent un cri d’alarme, ils risquent d’être privés de lieu d’entraînement face l’imminence d’une fermeture de leur stade par le département de Mayotte. « La probabilité d’une fermeture prochaine de cet équipement sportif n’est pas un sujet tabou dans nos services. Il n’est plus praticable depuis 2021 et il présente actuellement des soucis d’hygiène et de santé publique », indique Abdoul–Karime Bamana, directeur du service de la jeunesse et des sports au conseil départemental de Mayotte. Dans la commune, les responsables du club du Pamandzi Sporting club ne font aucun mystère sur cette situation. « Ce problème n’est absolument pas nouveau, quand bien même nous ne sommes arrivés en responsabilité que l’année dernière. Il date de plusieurs années et différents clubs ont eu à le subir. Nous encadrons toutes catégories de pratiquants, de gamins de cinq ans aux vétérans. Les parents de ces gosses se plaignent à juste titre de l’impact de la poussière sur la santé de leurs progénitures en particulier ceux souffrant de certaines pathologies tel que l’asthme ou les maladies cardiovasculaires. Nous ne savons plus quoi faire étant donné que le Département de Mayotte et la commune se renvoient sans cesse la balle pour se dédouaner de leurs obligations en avançant chaque fois des problèmes, tantôt techniques, tantôt financiers », déclare Habab Abdou-Moktar, vice-président du PSC. Il explique que les deux clubs de football de la ville sont réduits à faire du lobbying à différents niveaux et à attirer l’attention des médias sur cette situation qu’ils traversent. « Le pire pour nous, c’est que nous n’avons aucune perspective quant à l’avenir de nos activités. Nous ignorons toujours si une solution palliative nous sera proposée un jour et quand elle pourra-t-elle nous être proposée. » La question se pose avec force car à Pamandzi, le football est également vecteur d’insertion sociale, d’encadrement et de prise en main de jeunes désœuvrés. Habab Abdou-Moktar souligne que si la pratique de cette discipline perdure encore dans la ville c’est grâce à la volonté de certains de ne pas jeter l’éponge malgré toutes ces difficultés citées.
Le terrain du lycée comme alternative
À l’instar du Département, la commune de Pamandzi, par la voix d’Arbabidine Chanfi (adjoint au maire chargé de la jeunesse et des sports), admet que ce stade n’est plus praticable depuis plusieurs années, qu’il est effectivement laissé à l’abandon, les deux clubs utilisateurs ne disposant pas de moyens suffisants pour assurer son entretien. Pour la bonne compréhension de tous, ce stade fut à l’origine un projet communal. La municipalité étant dans l’incapacité de faire face aux frais importants d’entretien, a préféré céder le stade au Département au travers d’une convention entérinée en 2022. Précision au passage, c’est l’ensemble du complexe sportif (terrain de football, gymnase et cours de tennis) qui a été donné en gestion aux services départementaux. Un statut qui, toute fois, n’empêche pas la commune d’intervenir parfois – avec l’aval du CD – et à travers l’intercommunalité de Petite-Terre, pour financer certains travaux, comme le remplacement de l’éclairage ou encore l’arrosage de la pelouse naturelle. Un arrosage qui n’est plus assuré depuis belle lurette, admet Arbabidine Chanfi, en raison d’un dysfonctionnement du système de pompage de l’eau du puits spécialement creusé à cet effet. Si la décision de fermer le stade de Pamandzi n’avait pas une implication politique, il aurait été effectif depuis un moment reconnaît-on dans les couloirs de la collectivité départementale. En effet, quid du site de repli pour les footballeurs pamandziens ? « Répondre à cette question est loin d’être chose aisée. J’ai cru comprendre que le stade Alain–Poher à Labattoir est saturé et il me paraît très difficile d’imaginer les sportifs pamandziens se rendre quotidiennement en Grande–Terre pour s’entraîner. Cela supposerait mettre en place une logistique très huilée. Or, ils manquent déjà de moyens financiers. »
Du côté de la commune, on fait valoir le fait que cette préoccupation est prise en considération depuis longtemps, que des discussions ont été engagées avec les services de l’État via le rectorat de Mayotte afin d’obtenir l’usage du terrain de football jouxtant le lycée de Pamandzi. « L’idée fait son chemin même si nous n’avons pas encore abouti à un accord. Nous aimerions arriver à mutualiser les moyens avec l’Education nationale afin de parvenir à une bonne cogestion de l’outil, soumis là aussi, aux contraintes actuelles du manque d’eau pour l’arrosage de la pelouse », avance Arbabidine Chanfi. Le stade de Pamandzi fait partie des équipements retenus par le Département de Mayotte pour être reconstruits en vue des Jeux des Iles de l’océan Indien (JIOI). Le Département assure que dès qu’une solution de repli sera trouvée pour les footballeurs pamandziens, le stade sera fermé pour plusieurs années afin d’être reconstruit et remis aux normes.
Seul bémol, le rythme de réalisation qui différera de celui impulsé l’année dernière, le territoire ayant espéré jusqu’au dernier moment voir sa candidature retenue pour l’organisation des JIOI de 2024. L’urgence n’étant plus de mise, l’assemblée départementale va examiner les arbitrages budgétaires dans le calme et la sérénité.