Après un week-end encourageant (douze médailles), la délégation mahoraise a piétiné sur le plan comptable avec seulement deux breloques supplémentaires pour la journée de lundi. L’entrée en lice de l’athlétisme, ce mardi 29 août, a apporté un nouveau souffle, grâce notamment à l’énorme performance de Soyifidine Saïd sur le 400 mètres haies.
« Faut pas lâcher ! » À peine la ligne d’arrivée franchie, Soyifidine Saïd exulte en ce mardi 29 août. Le jeune homme originaire de Kawéni sait qu’il vient de débloquer le compteur de Mayotte, ce mardi matin, avec sa victoire sur le 400 mètres haies dans ces onzièmes Jeux des Îles de l’océan Indien. Et par la même occasion de permettre au 101e département de pousser un grand ouf de soulagement, bon dernier jusque-là au classement des breloques. « Je n’ai pas les mots… », dit-il encore essoufflé après sa course – supersonique – en 51’55 (son temps de référence s’élève tout de même à 50’76). « Je suis très heureux de ramener cette première médaille, cela va motiver les autres athlètes. »
Dans les rangs de sa sélection, les sourires sont sur tous les visages. « Il m’a dit qu’il n’avait jamais autant stressé, mais il a très bien géré », confie le président du comité départemental d’athlétisme de Mayotte, Sébastien Synave. Hasard ou non, le héros du jour se voit revêtir d’or par la vice-présidente du conseil départemental en charge des sports, de la culture et de la jeunesse, Zouhourya Mouayad Ben, qui n’hésite pas à l’applaudir au moment de lui passer la médaille autour du cou. Un joli clin d’œil !
Qualifiée facilement en finale du 100 mètres (11’77) un peu plus tôt dans la matinée, Nasrane Bacar prend quant à elle l’argent pour seulement deux petits centièmes sur la Mauricienne Oceanne Moirt (11’83 contre 11’85). Pas forcément ravie de ses sensations, la championne du France du 60 mètres en salle à Miramas en 2019 se sent frustrée, « même si la Malgache (Claudin Nomenjanahary) était imbattable (première en 11’42) ». « Techniquement, c’était dégueulasse », lâche la trentenaire, attendue les 31 août et 1er septembre sur le 200 mètres.
Le sprint masculin dans le brouillard
Cette première journée sur la piste du stade Alarobia symbolise également l’entrée en lice du porte-drapeau mahorais, Djassim Ahamada. En manque de compétition et de rythme, celui-ci ne réussit pas à se qualifier pour la finale du 100 mètres. « Je n’ai pas su me relâcher, mais je me sens quand même en forme. » Rassurant en vue de sa participation au saut en longueur (champion en 2015 à La Réunion) et au 4×100 mètres.
Concernant ce relais, une autre inconnue subsiste du côté de Kamel Zoubert. À cause d’une déchirure de trois centimètres aux ischios contractée le 4 juin dernier, la pépite de l’athlétisme mahorais ronge son frein. « Il n’est pas toujours remis », regrette Sébastien Synave. « On le préserve. En tout cas, il ne sera pas aligné sur le 200 mètres. » Mayotte perd là une belle chance de podium, sur une distance que le licencié du Racing Mamoudzou maîtrise parfaitement.
Raphaël Mohamed en favori
Indépendamment de ces pépins physiques, les autres chances de médaille reposent sur les épaules de Raphaël Mohamed, engagé sur le 110 mètres haies. « Sur le papier, c’est le meilleur parmi les engagés, surtout depuis le forfait du concurrent mauricien. » Ainsi que sur Hazir Inoussa, inscrit sur le 400 mètres. « Face à lui, il y a du lourd… On verra ce qu’il fait en série. »
Engagé sur le 4×400 mètres mixte ce mardi en fin d’après-midi avec Nasrane Bacar, Soyifidine Saïd et Chloé Combes (septième du 10.000 mètres couru le matin-même en 40’29’’), le spécialiste de la distance prend ce relais avec philosophie. « J’avais une grosse envie de courir, c’était un moyen de rentrer dans la compétition sachant que demain (ce mercredi 30 août), l’ambiance sera autre. Aujourd’hui, c’était comme des interclubs. J’ai fait du mieux pour mes camarades. » Classée sixième devant les Comores, Mayotte peut toutefois se satisfaire d’avoir présenté une équipe au départ et d’avoir concouru.
Toujours est-il que ces premiers pas restent encourageants pour l’athlétisme mahorais. Surtout que Soultoini Ali (champion en titre au lancer de javelot à Maurice) doit lui aussi faire son apparition dans l’arène ! « Vive Mayotte et let’s go, faut croire en vous », répète Soyifidine Saïd. Un message plein d’ambition qui risque, à coup sûr, de transcender ses coéquipiers, mais aussi de faire déjouer les pronostics de Sébastien Synave qui prédisait entre quatre et cinq médailles pour ses protégés. Le reste appartiendra à l’Histoire.