Mayotte s’est positionnée pour l’organisation des Jeux des îles de l’océan Indien en 2027 et sa candidature a été jugée recevable par le Conseil international des Jeux. Une formidable opportunité pour construire et rénover des infrastructures sportives, dans le double objectif d’accueillir cet événement régional mais aussi de permettre à la population de jouir d’équipements aux normes internationales.
Une piscine, un stade d’athlétisme et un dojo pour les sports de combat. Voici a minima les équipements sportifs qu’il faudra construire dans l’optique des Jeux des îles de l’océan Indien (JIOI) en 2027, que Mayotte s’est proposée d’accueillir. Aucun équipement sportif de l’île n’étant aux normes pour une compétition internationale, il sera également nécessaire de rénover en profondeur l’existant. En effet, deux disciplines sont obligatoires (natation et athlétisme) et les autres sont au choix (handball, football, basket-ball, tennis, etc.) – l’occasion d’utiliser les nombreux plateaux polyvalents du territoire qui méritent une véritable remise aux normes internationales.
Le dossier que le 101ème département français a déposé chiffre à un peu moins de 100 millions d’euros le montant de cet effort de construction et de rénovation. Mais l’enveloppe totale s’élève à 150 millions puisqu’il faudra également travailler sur le réseau routier, les capacités de prise en charge sanitaire et d’hébergement : l’accueil des 2.000 participants pose particulièrement problème, 1.000 lits seulement étant disponibles sur l’île hippocampe à ce jour.
Un véritable parcours du combattant
Le chemin vers l’acceptation de la candidature de Mayotte ne fut pas sans embûches. Les Comores l’ont évidemment toujours rejetée, arguant que le département n’était pas membre à part entière du Conseil international des jeux. « Faux« , ont contredit les autres pays qui ont validé la candidature de l’île aux parfums. En outre, pour pouvoir se porter candidate à l’accueil des JIOI, l’île au lagon avait besoin de l’aval de l’État. Or, pour 2023, ce dernier avait estimé que le département ne serait pas prêt en termes d’infrastructures. Mais pour 2027, l’île bénéficie non seulement du soutien de l’État mais également du conseil départemental, et compte solliciter les fonds structurels européens (notamment le Feder voire le FSE) sur la prochaine programmation.
Pour Madi Vita, président du Comité régional olympique et sportif (CROS), ces Jeux sont une formidable opportunité de développement car « c’est à travers [ce genre d’évènement] qu’on acquiert les infrastructures« . Le responsable donne un exemple simple : avant 1979 et les premiers JIOI à Saint-Denis, « il n’y avait pas grand-chose à La Réunion, pas même une piscine« . C’est dire si cet évènement, qui se déroule tous les quatre ans et qui réunit sept délégations (les Seychelles, les Comores, Madagascar, Mayotte, La Réunion et les Maldives), constitue une opportunité inespérée de structuration d’un territoire. Ainsi, l’objectif est double : être compétitif face à des îles qui remportent des centaines de médailles lors de ces Jeux en raison d’un taux d’équipement leur permettant de se positionner en haut du podium, comme les Seychelles. Mais également construire et mettre aux normes internationales les infrastructures sportives existantes.
Des lacunes à combler
Car le potentiel existe sur l’île aux parfums : les Mahorais excellent particulièrement dans les sports collectifs (football, handball et surtout basket-ball), certainement grâce à la construction dans les années 80 des premiers plateaux polyvalents, avance Madi Vita. « On n’a jamais pu développer réellement le haut niveau« , regrette-t-il cependant. Ceci en raison d’un manque d’infrastructures, d’une part – le député Mansour Kamardine (LR) a d’ailleurs rappelé dans sa dernière proposition de loi de programme que le taux d’équipement sportif est 20 fois inférieur par jeune de moins de 20 ans à la moyenne nationale. Mais aussi, d’autre part, en raison de l’absence de certains organes comme, encore récemment, le CREPS. L’application tardive de certaines réglementations (le code du sport n’a été applicable à Mayotte qu’à la fin des années 2000, par exemple) a également porté préjudice au département.
Fort heureusement, les choses évoluent. La formation commence à se déployer : par exemple, tous les ans, ce sont 20 diplômés d’un brevet professionnel de la jeunesse, de l’éducation populaire et du sport (BPJEPS) qui viennent grossir les rangs des animateurs. Autre exemple de l’évolution positive du sport à Mayotte : les femmes, peu représentées dans le sport il n’y a pas si longtemps, combattent petit à petit les préjugés et s’adonnent de plus en plus à une activité physique. « Les femmes qui font du sport sont mal vues, mais c’est de moins en moins vrai« , se réjouit le président du CROS. « C’est affolant comme d’une génération à l’autre, ça va vite« , se rassure-t-il encore. Mayotte saura après les Jeux de 2019 si sa candidature à l’accueil des JIOI de 2027 est retenue ou non.
Les JIOI en 2019
Avant 2027, Mayotte participera aux Jeux des îles de l’océan Indien 2019. La délégation mahoraise se rendra donc sur l’île Maurice du 17 au 30 juillet. Cette compétition présentera 14 disciplines dont l’athlétisme, le basket-ball, le cyclisme, le football, le judo, le rugby, le volley-ball et le tennis de table. Ce sera la quatrième fois que Mayotte participera aux Jeux avec sa propre délégation. L’objectif, cette année, selon Madi Vita : terminer cinquième. L’écart entre les pays ayant un taux d’équipement sportif important, comme les Seychelles et les autres, se calcule « en centaine de médailles« , regrette le président du CROS. Pourtant, en 2015, Mayotte a remporté des médailles « dans à peu près toutes les disciplines où elle a concouru« . Preuve que le potentiel est là.
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