Intronisé entraîneur principal de l’équipe première du football club de M’Tsapéré au début du mois d’août, Mansour Ramia ne cache pas sa joie de relever ce nouveau défi. Une mission sportive à laquelle il compte greffer un volet social via son poste de directeur de l’union départementale des confédérations syndicales des familles de Mayotte (UDCSFM). Son objectif : lancer des jeunes du village pour en faire des modèles auprès de la génération en déshérence.
Assis sur le banc de touche du stade du Baobab, Mansour Ramia ne quitte jamais bien longtemps du regard le pré. Intronisé entraîneur principal de l’équipe première du football club de M’Tsapéré au début du mois d’août après des expériences à Dzoumogné, Passamaïnty et Kawéni, le quadragénaire vit « un rêve » depuis son retour au sein de sa formation de cœur. Et pour ses débuts, ses protégés le lui rendent bien, avec un bilan comptable d’un nul et deux victoires, sur les scores sans appel de quatre à zéro.
Mais indépendamment des résultats sportifs, le coach sportif de Moovafrica a une autre idée bien précise derrière la tête. « Je veux retrouver les valeurs que nous transmettaient les aînés lors de mon retour à Mayotte en 2005. » C’est bien là tout l’enjeu de sa nouvelle mission : s’appuyer sur le passé pour façonner l’avenir. Un avenir qui s’inscrit principalement avec « des jeunes du village pour qu’ils deviennent des modèles auprès de la génération en déshérence ». D’où la présence dans son groupe de trois joueurs âgés de seulement 16 ans.
Approcher les copains isolés des jeunes joueurs
Sauf que ce surclassement exige d’être irréprochable à tous les points de vue. « J’entame une relation en amont avec les parents pour qu’ils s’investissent, qu’ils puissent m’avertir si certains relaient de mauvais comportements à l’école, dans le but qu’avec tous les éducateurs du club, nous puissions serrer la vis et tirer dans le même sens dès l’âge de 13 ans. » Un vrai travail d’équipe, souhaité par le président du FCM, qui commence déjà à porter ses fruits : « Ils se donnent à fond ! » Et selon lui, cette exemplarité dans l’effort et cet encadrement peuvent à court terme donner envie à « leurs copains isolés, sans références, de se rapprocher de nous ». Un volet social primordial aux yeux de Mansour Ramia, également directeur de l’union départementale des confédérations syndicales des familles de Mayotte (UDCSFM), qui suit « 40 gamins déscolarisés à Koungou et 30 à Sada ».
Encore faut-il pouvoir bénéficier d’infrastructures dignes de ce nom pour mener à bien cette politique de réinsertion. Sinon, « les jeunes font n’importe quoi ! », insiste l’ancien joueur de Naval au Portugal. « Le sport est l’une des solutions pour lutter efficacement contre la délinquance. Nous ne pourrons y remédier tant que les collectivités et les techniciens haut placés depuis des lustres n’en prendront pas conscience. La priorité des élus est la jeunesse, mais rien n’est fait pour eux sur le territoire… Avoir un terrain de bonne facture, c’est le minimum syndical. En 2021, c’est tout simplement indigne pour le football mahorais de jouer sur un tel champ de patates. » En attendant un quelconque changement structurel, il compte bien jouer « la continuité entre mon rôle d’éducateur au FCM et celui de directeur de l’UDCSFM ». Avant peut-être de prendre les rênes de la sélection à l’occasion des prochains Jeux des Îles en 2023 ? « Je l’ambitionne ! Mais pour cela, il faut que je fasse mes preuves », admet-il, tout sourire, avant de reprendre le chemin de l’entraînement.