Les primes de la délégation y compris les trente athlètes estimées à 19 millions de francs comoriens, soit 38.627 euros, ne sont toujours pas versées alors qu’ils ont pourtant brillé lors de ces jeux de la jeunesse en ramenant de Maurice 14 médailles dont deux en or. Un mois après, le ministère des Finances et celui des Sports se renvoient la balle.
La douzième édition des jeux de la Commission de la Jeunesse et des Sports de l’océan Indien (CJSOI) qui se tenait à l’île Maurice a pris fin le 11 décembre 2022. La délégation comorienne est rentrée au pays, deux jours après, la tête haute puisque les athlètes ont remporté lors de ce rendez-vous régional 14 médailles. Mais, malgré ces prouesses, saluées de toutes parts, les ambassadeurs comoriens n’ont jamais vu la couleur de leurs indemnités. Une situation qui passe mal notamment, chez l’opinion publique, laquelle ne digère pas le traitement réservé à ces braves jeunes sportifs qui ont défendu vaillamment leur pays. En effet, les Comores avaient été représentées dans huit disciplines sportives dont l’athlétisme, la natation et la pétanque. Sur les quatorze médailles décrochées, une première, les athlètes de l’Union en comptent deux en or en handisport (100 et 200 m auditive), une médaille en argent et onze de bronze. Malheureusement, le non-versement des primes de participation sonne comme un manque de reconnaissance à l’endroit de ces trente athlètes. Pour payer les ambassadeurs, les autorités ont besoin de la modique somme de 19 millions de francs comoriens, soit 38.627 euros.
Prime de 100 euros
La presse nationale a dénoncé ce silence des ministères concernés, en premier lieu celui des sports. Mais force est de constater que le gouvernement n’a toujours pas bougé le petit doigt et s’est mué au contraire dans le silence. Un mois après la fin de la compétition, les 82 membres de la délégation attendent le paiement des primes, dont pour certains ne dépassent pas les 100 euros. Jusqu’à présent, tous les yeux sont pointés vers le ministère des Sports qui avait présenté le 21 septembre en conseil des ministres un budget de plus de 70,5 millions de francs comoriens. Interrogé sur les raisons de ce blocage, l’institution se défend et renvoie la responsabilité au ministère des Finances. « A ce jour, malgré plusieurs relances du ministre Djaanfar Salim Allaoui auprès de son collègue des Finances, ce dernier n’a toujours pas donné son visa pour que le trésor public débloque le reliquat de 18.589 millions de francs comoriens restant sur les 70.564.500 », s’est justifié, Taoufik Ahmed, conseiller privé du ministre comorien des sports qui représentait le ministre à Maurice. A l’entendre, les primes et de la délégation n’ont pas été remises uniquement parce que le Trésor n’a pas eu l’autorisation de procéder au décaissement. Nous avons tenté d’avoir la version du ministère des Finances en contactant le directeur de cabinet, mais ce dernier n’a jamais donné réponse.
Sprinteurs disqualifiés
Notons qu’à cause de ces retards de déblocage des 19 millions de francs, qui normalement auraient dû être versés pendant la compétition, les sprinteurs des 100 et 200 m n’ont pas couru. Une partie de l’argent des primes était destinée à l’achat des équipements, notamment des pointes. « Dans la délégation, il y avait aussi des médecins, des conseillers et autres personnalités qui ont tout laissé pour leur amour du sport. Qu’ils ne soient pas payés un mois plus tard est choquant », a réagi, le journaliste d’Al-watwan, Elie-Dine Djouma, l’un des meilleurs chroniqueurs sportifs du pays. Ce qui est inhabituel. Dans l’histoire des jeux de la Commission de la Jeunesse et des Sports de l’océan Indien, a-t-il souligné, les athlètes comoriens ont toujours touché leurs indemnités à temps. On retiendra enfin que cette douzième édition a aussi été marquée par des factures impayées s’élevant à neuf millions de francs comoriens. Cet argent devait initialement payer les frais de déplacement et la restauration des athlètes originaires d’Anjouan et Moheli. Déçu, Ahamed Assoumani, coach en athlétisme handisport, dénonce la mauvaise organisation de la commission qui pourtant avait promis de prendre toutes les dispositions. Depuis leur retour, cet entraîneur se doit de remonter la morale des athlètes qui se demandent encore quand est-ce qu’ils vont enfin percevoir leurs dûs.