Aux championnats de France ou aux Jeux des Îles, Nasrane Bacar est là « pour gagner ! »

En signant le meilleur chrono de sa saison (7’’44), Nasrane Bacar s’est adjugée le titre sur 60 mètres aux championnats de France nationaux en salle, ce dimanche, à Miramas (Bouches-du-Rhône). Une victoire de bon augure pour la sprinteuse licenciée au Racing Club de Mamoudzou, qui se présentera le week-end prochain aux championnats de France Élite – qu’elle avait remportés en 2019 – et lorgne désormais sur les Jeux des Îles où elle devrait s’aligner sur 100 et 200 mètres. Interview.

Flash infos : Que représente pour vous cette victoire ?

Nasrane Bacar : J’étais venue pour gagner ! Je n’étais pas très en forme : j’étais malade la semaine précédente, et je n’avais pas beaucoup de compétitions dans les jambes… Donc ça me soulage de me dire que malgré ces difficultés, j’ai su m’imposer. J’ai également changé de coach l’année dernière, et ça me rassure de voir que le travail que l’on réalise paie.

F.I. : Vous signez le meilleur chrono de votre saison (7’’44), à moins d’un dixième de seconde de votre record personnel (7’’36). Comment analysez-vous votre course techniquement ?

N.B. : Techniquement, c’était mauvais. Dans les trois courses, j’ai fait des bons chronos, malgré des départs catastrophiques. (N.D.L.R. 7’’46 en série, 7’45 en demi-finale et 7’44 en finale). Dans un sens, ça me met en confiance, car je me dis que j’ai mon record dans les jambes !

F.I. : Quelles sont vos prochaines échéances ?

N.B. : Je serai aux championnats de France Élite le week-end prochain (N.D.L.R. le plus haut niveau français). Ensuite, l’objectif, ce sont les Jeux des Îles en septembre, ce qui est très tard pour une saison d’athlétisme habituelle. Je vais donc devoir adapter ma préparation, en la faisant durer le plus longtemps possible. Je ferai sans doute une compétition en avril pour y assurer les minimas qualificatifs, puis j’attaquerai le gros de ma saison à partir du mois de juin. Enfin… pour l’instant, c’est stand-by pour la saison d’été ! On a pour l’instant reçu aucune dotation pour nos compétitions. Tout l’hiver, nous avons avancé nos frais. Un week-end de compétition représente entre 200 et 500 euros de frais pour un athlète. N’importe quel club français, et même à des niveaux inférieurs, les remboursent. Aujourd’hui, j’ai 31 ans. Je continue l’athlétisme avec les Jeux des Îles dans le viseur, mais je n’irai pas me mettre en difficulté financière juste pour ça. Donc j’attends de voir ce qui se passe au niveau des dotations. S’il n’y pas de dotations, je ne ferai pas de saison !

 F.I. : Si vous allez toutefois aux Jeux des Îles, quel y sera votre objectif ?

N.B. : J’y vais pour gagner, sur 100 et 200 mètres ! Je sais que ce sera plus difficile sur 200 mètres car les Malgaches sont très fortes, mais on verra ! Ce sera peut-être mon dernier grand rendez-vous… J’hésite encore à continuer jusqu’aux Jeux olympiques de 2024.

F.I. : Comment considérez-vous votre rôle, en tant que multiple championne de France, pour inspirer et motiver les jeunes athlètes mahorais ?

N.B. : Depuis deux ou trois ans, je cours un peu pour ça ! Quand on a connu plusieurs podiums, qu’on a atteint nos objectifs dans la discipline, on a du mal à garder la même adrénaline. Alors, courir pour montrer la voie, c’est important ! A Mayotte, il y a un bon potentiel pour l’athlétisme ! Beaucoup de jeunes ont des qualités naturelles. Après ça ne suffit pas, il faut travailler… Mais il y a quelque chose à faire !

Zoubert sans succès, Mohamed vise l’élite

Deux autres athlètes représentaient le Racing Club de Mamoudzou ce week-end à Miramas. Kamel Zoubert courait dans la catégorie Espoirs (moins de 23 ans) : disqualifié en demi-finale du 60 mètres pour faux départ, il n’a pas ensuite réussi à montrer l’étendue de son talent sur 200 mètres. Avec un temps de 22 secondes et 18 centièmes, le jeune sprinteur n’a pas réussi à sortir des séries de qualification. Dommage, puisqu’une performance à la hauteur de son record personnel (20’’93, réalisé en juillet dernier à Vénissieux) l’aurait placé largement en tête de la finale – remportée en 21’’37 par Mohammed Badru du Caen Athletic Club. Pour rappel, Kamel Zoubert est nommé dans la catégorie Espoir masculin de l’année à l’élection du Sportif de l’année organisée par la Somapresse.  De son côté, et avec un bond 7m07, Djassim Ahamada s’est classé neuvième du concours de saut en longueur, au cours duquel un autre Mahorais s’est illustré. Moukou Saindou, né à Chirongui et licencié au SCO Sainte-Marguerite à Marseille, a pris la médaille de bronze en sautant 7m44. Enfin, le hurdler Raphaël Mohamed, nommé lui dans la catégorie Sportif de l’année, participait au Meeting de Paris Indoor, signant une performance de 7’’80 en séries du 60 mètres haies. Il est attendu, comme Nasrane Bacar, le week-end prochain aux championnats de France élite.

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