À peine rentrés, les élèves de Poroani ont déjà la tête aux Jeux
Le hurdler Raphaël Mohamed, de passage à Mayotte, est venu rendre visite aux écoliers de Poroani, ce mercredi matin.

Alors qu’une partie d’entre eux s’apprête à partir à Paris pour assister aux Jeux paralympiques, les élèves de Poroani 1 se sont essayés à plusieurs sports sur le terrain de football du village, ce mercredi matin. Ils y ont reçu également Raphaël Mohamed, l’athlète mahorais venu rendre visite à sa famille après son aventure olympique.

Ce dimanche, ils seront une trentaine à prendre le départ de Poroani pour Paris afin de suivre les Jeux paralympiques pendant une semaine. Ces élèves de CM1 à la 6e partiront avec des camarades de Vahibé 2 grâce à un appel à projets intitulé « Ma classe aux Jeux ».  Au programme, outre les compétitions de basket-fauteuil, para-équitation, para-athlétisme ou para-canoë sur les mêmes sites des Jeux olympiques, ils iront dans les musées et au ministère des Outre-mer qui a pris en charge leur voyage. « Pour ceux qui n’ont jamais voyagé, ça va être une aventure incroyable », considère Houlamdjine Soultoine, l’un des professeurs qui accompagnera le groupe et qui a coordonné le projet. Afin que tous ne soient pas lésés, l’école de la commune de Chirongui a décidé d’organiser ses propres jeux paralympiques en initiant les enfants au sport adapté, ce mercredi matin, sur le terrain de football et le plateau sportif du village.

Course à cloche-pied, céci-course, lancer de balle à cloche-pied, les enfants avaient une dizaine de mini-jeux pour s’amuser, pour le plus grand bonheur également du recteur, Jacques Mikulovic, qui a fait plusieurs fois la course avec eux. « C’est une façon aussi de montrer aux enfants qu’il est pour l’instant difficile pour les personnes porteuses d’un handicap de trouver sa place sur le territoire et que cela, il faut le changer. Il faut que tout soit accessible, que l’accès PMR soit généralisé par exemple à l’ensemble des établissements », estime Fahdédine Madi Ali, le directeur du Cros (comité régional olympique et sportif) de Mayotte.

« C’est toi le meilleur ? »

Au cours de la matinée, les enfants ont eu aussi la bonne surprise de voir arriver Raphaël Mohamed. Toujours le sourire aux lèvres, le sportif profite de sa nouvelle notoriété. « J’ai vu le changement dès l’enregistrement à l’aéroport, on me dévisageait et on avait peur de venir me voir. Alors que je n’ai jamais mangé personne », remarque celui qui est arrivé jusqu’à la demi-finale du 110m haies des Jeux olympiques. « Dans mon village (N.D.L.R. sa famille habite à Hagnoundrou), c’est pareil, je ne peux pas faire deux mètres sans qu’on m’arrête. » Si tous les enfants n’étaient pas forcément au courant des exploits de leur invité, cela ne les a pas empêcher d’être curieux et de venir lui poser des questions.  « C’est toi le meilleur ? », demande l’un d’eux. « Au moins au niveau de Mayotte, oui », répond modestement celui qui, de fait, faisait partie des 24 meilleurs mondiaux en atteignant la demi-finale olympique. Habitué maintenant à prendre la pose pour les photos, il s’est dit touché par les pancartes préparées par les enfants et sur lesquelles on pouvait lire : « Merci de nous avoir fait rêver ».

Dorénavant, et alors qu’il a connu une ambiance extraordinaire au stade de France, il n’est pas jaloux de voir les élèves de Poroani et Vahibé vivre également ces Jeux. « On va dire que non, parce que j’en ai déjà beaucoup profité. Donc je peux en laisser aux autres. J’avoue que j’aurais aimé assister aux Jeux paralympiques parce que c’est tout aussi important. Mais le manque des miens et le fait que mes vacances sont très courtes ont fait que je suis revenu à Mayotte », révèle le sportif.