Vendredi 3 septembre, le 101ème département français a franchi une étape dans la lutte contre les violences conjugales. Cinq bracelets anti-rapprochement et autant de téléphones grave danger pourront être mis en service afin de protéger les victimes de violences intrafamiliales.
Lors du Grenelle des violences conjugales en 2019, la mise en place des différents dispositifs, tels que le bracelet anti-rapprochement et le “téléphone grave danger”, constituaient des mesures phares. Deux ans plus tard, ces appareils tant attendus arrivent enfin à Mayotte. “Nous avons des statistiques sur les violences intrafamiliales et ce que nous voyons n’est seulement que la partie émergée de l’iceberg”, affirme le préfet du 101ème département, Thierry Suquet. Avant de poursuivre : “Aujourd’hui, avec [leur] mise en service, c’est une priorité politique que nous traduisons en actes avec le soutien et l’appui des associations qui nous accompagnent. »
En effet, si la machine judiciaire sera l’un des principaux acteurs dans la mise en fonction et le suivi de ce nouveau dispositif, l’association Mlézi Maoré sera largement sollicitée pour évaluer la situation des victimes et les protéger au mieux. “Nous menons d’ores et déjà des actions de sensibilisation et de prévention au sein de notre structure. Dans le cadre des dispositifs de bracelet anti-rapprochement et de téléphone grave danger, nous serons sollicités par la justice afin de réaliser des rencontres avec les victimes pour évaluer leur situation, mais aussi avec les auteurs. Ainsi, nous pourrons estimer le degré de vulnérabilité de la victime et de dangerosité de l’auteur pour adapter aux mieux les actions à mener”, détaille Dahalani M’Houmadi, le directeur général de Mlézi Maoré.
Le procureur de la République, Yann Le Bris, se félicite pour sa part de la mise en fonction de ce dispositif qui permettra selon lui “d’endiguer les violences intrafamiliales, mais aussi de s’inscrire dans une démarche plus globale de lutte contre la violence sur le territoire mahorais”. Afin d’utiliser au mieux ces nouveaux outils, il affirme par ailleurs qu’un magistrat du parquet sera spécialement délégué aux affaires de violences conjugales. Les services de police et de gendarmerie seront également mobilisés pour intervenir le plus rapidement possible et protéger les victimes.
Un périmètre autour de la victime
Voilà pour la partie théorique. Mais concrètement comment fonctionne ce bracelet anti-rapprochement ? “Dans le cadre de faits de violences avérés, l’autorité judiciaire définit un périmètre autour de la victime. Si l’auteur arrive à deux kilomètres de celle-ci, ils sont tous deux avertis via le boîtier. Ce qui permet à la victime de se mettre en sécurité et à l’auteur de rebrousser chemin s’il le souhaite. Si l’auteur continue à se rapprocher et arrive à moins d’un kilomètre de la victime, les forces de l’ordre sont alertées pour mettre la victime sous protection et interpeller l’auteur de violences”, explique à titre d’exemple Anne-Leroy, la directrice du service pénitentiaire d’insertion et de probation de Mayotte. Le défi à l’heure actuelle sera d’adapter ce dispositif sur l’île aux parfums. Car la densité de population et l’étroitesse de l’île pourraient rendre difficile la mise en service du bracelet anti-rapprochement…
De plus, auteurs comme victimes devront s’habituer à recharger et à porter sur eux quotidiennement ce qui ressemble à un cellulaire. Et lorsque ce dernier est utilisé sans le bracelet anti-rapprochement, on parle alors de téléphone grave danger qui permet à la victime d’alerter à tout moment les secours si elle se sent en insécurité. Une phase de test “grandeur nature” est prévue dans les semaines à venir afin de pouvoir mettre en service les premiers bracelets anti-rapprochement et téléphones grave danger de Mayotte.