Le vieillissement de la population, un enjeu à anticiper dès maintenant

Avec 112 établissements et services aux quatre coins de la France, le groupe SOS Seniors réfléchit à s’implanter dans les Outre-mer. Sa directrice, Maryse Duval, s’est rendue la semaine dernière à Mayotte en compagnie de Maxime Zennou, le directeur du groupe SOS Jeunesse, pour connaître les dispositifs d’accompagnement des personnes âgées. Ils mènent également une réflexion autour de l’implantation d’Ehpad sur le territoire.

Flash Infos : Quel état des lieux pouvez-vous donner sur la prise en charge et l’accompagnement des personnes âgées dans le 101ème département ?

vieillissement-population-enjeu-anticiper-maintenantMaryse Duval : Aujourd’hui, la problématique des séniors n’est pas forcément prioritaire à Mayotte, car la population âgée fragile représente 6% des habitants de l’île. Toutefois, il faut savoir se projeter avec l’augmentation du niveau de vie et le réel phénomène du travail des femmes. Cette émancipation professionnelle empêche de pouvoir garder les grands-parents à la maison, qui peuvent connaître des soucis de transfert, de mobilité… S’ils restent dix heures tout seuls, qui va s’en occuper ? Une réflexion est actuellement engagée par le Département sur les services de soins et d’aides à domicile. Mais dans toute réponse logique de parcours gérontologique et gériatrique, il faut peut-être envisager d’autres solutions. Il existe déjà les accueillants familiaux, mais ils ne sont pas en capacité de prendre en charge les personnes âgées grabataires. Ce ne sont pas des soignants…

FI : En plus des cinq futures unités de vie qui doivent voir le jour, une réflexion est actuellement menée par les autorités pour ouvrir une structure médicalisée. Que pouvez-vous nous dire à ce sujet ?

Maryse Duval : Nous avons répondu à un appel à projets sur la constitution de cinq petites unités de vie, pouvant accueillir entre trois et cinq personnes. Cela correspond à une petite maison en colocation au sein de laquelle nous greffons des services d’aides et de soins à domicile. Ce qui correspond à une réponse plus structurée, mais relativement limitée. Ainsi, le Département et l’Agence régionale de santé (ARS) se posent la question à terme de lancer un appel à projets pour un établissement médico-social de type Ehpad (établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes) pour répondre à une certaine demande de la population. Mais il faut compter à peu près quatre ans entre son lancement et la remise des clés… Il faut se projeter sur le vieillissement de la population. Ce sont des sujets à la main des institutions. Notre volonté est d’apporter notre expertise de l’accompagnement des séniors, avec l’ancrage territorial et l’assise que représente Mlézi Maoré pour pouvoir structurer ces projets. Nous sommes là pour offrir d’autres alternatives et participer au changement culturel de ces sujets.

FI : Pour une fois, les autorités compétentes semblent faire preuve d’une certaine anticipation…

vieillissement-population-enjeu-anticiper-maintenantMaxime Zennou : Les autorités ont conscience des évolutions sociologiques. Ainsi, la question du vieillissement est bien présente dans la réflexion. C’est bien qu’il y ait cette anticipation à travers les groupes de travail déjà formés. Au Département, le directeur du pôle autonomie est lui aussi dans une analyse assez fine des enjeux du territoire. Nous nous sommes accordés, d’un côté comme de l’autre, sur l’idée d’apporter une pluralité de réponses dans les logiques de parcours. Et surtout, il ne faut pas plaquer les modèles métropolitains d’il y a vingt ans, ce n’est ni envisageable ni souhaitable. Il faut prendre en compte les spécificités de l’île et se projeter dans les approches modernes : la robotique, la télémédecine… Sans oublier l’alimentation, la mobilité, l’animation !

Maryse Duval : Après, le projet d’Ehpad n’est pas encore dans les cartons. C’est plutôt une vision du Département et de l’ARS. Nous commençons à trouver quelques personnes âgées isolées. De facto, des problèmes liés au vieillissement émergent. À terme, la structure médicalisée sera sans doute la solution la plus adaptée.

FI : Par contre, il va falloir réussir à trouver du personnel compétent dans les domaines du social et du médico-social, qui subissent une crise sans précédent en termes de recrutement… Preuve en est, Mlézi Maoré a actuellement 170 postes vacants…

Maxime Zennou : Les compétences ne sont pas toujours à la hauteur des besoins. Il faudrait largement amplifier les volumes d’étudiants stagiaires à nos métiers au sein de l’institut régional du travail social (IRTS). Le dispositif de formation doit suivre les évolutions en termes de développement des politiques publiques. En parallèle de la réflexion sur les équipements nécessaires sur le département, il faut anticiper le recrutement des professionnels de santé de demain.

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