La propriétaire d’un logement situé rue Pasky à Mamoudzou, Anissa Mohadjy louait son bien au syndicat national des territoriaux CFE-CGC depuis 2021. N’ayant reçu aucun versement du loyer depuis mars 2024, elle déplore être laissée sans solution, avec le matériel de l’association sur les bras. De son côté, le syndicat évoque des délais administratifs longs.
D’où part le conflit ?
Depuis mars 2024, le syndicat national des territoriaux (SNT) CFE-CGC n’a pas versé de loyers à la propriétaire des lieux, Anissa Mohadjy. Il louait les locaux situés au centre de Mamoudzou, tandis que le contrat de location de trois ans devait prendre fin le 31 décembre 2024. Mais la trentenaire déplore une mauvaise entente et des retards de paiements. Alors qu’elle logeait chez une amie, avec ses trois enfants, elle décide de récupérer les clés de son logement fin juillet. « Ils ne m’ont même pas remis les clés eux-mêmes, j’ai reçu un appel du commissariat pour venir les récupérer », déplore la mère de famille. Le syndicat indique pourtant avoir voulu remettre les clés dans les règles, en les déposant contre signature à la police municipale à la demande de la trentenaire.
Dans quel état a-t-elle récupéré son bien ?
Lorsqu’elle regagne sa maison, elle est surprise de voir que le SNT CFE-CGC y a laissé du matériel : photocopieuse, chaises de bureau, armoire… Après un mois de travaux, lassée de voir le panneau du syndicat accroché à son balcon, elle se décide à réunir les affaires : « j’ai tout mis dans cette pièce, qui devait être la chambre de mes deux filles. Voilà que maintenant, je fais dormir mon ainé dans le salon parce qu’une des chambres est encombrée ». Les nombreux échanges qu’elle a avec le syndicat sont vains et elle finit par faire appel à des huissiers. Le secrétaire général du SNT CFE-CGC, Imran Mahamouda Imourana, souligne pour sa part « avoir quitté les lieux sur demande d’Anissa Mohadjy ». Face à une communication compliquée, ils ont tenté « d’arranger la propriétaire en quittant le local le plus rapidement possible fin juillet », affirme-t-il, laissant leurs affaires derrière eux.
Pourquoi le syndicat ne paie pas ?
En retard de paiement de loyer depuis mars, le syndicat dépend des subventions allouées par le conseil départemental. Celui-ci a accordé 66.960 euros de subventions pour le fonctionnement de la section syndicale, lors d’une délibération tenue le 10 juillet 2024. La convention de paiement a été signée le 23 juillet. Le syndicat a reçu l’argent dans la foulée. « La propriétaire est au courant depuis le début du contrat que des retards de paiement peuvent subvenir. Nous dépendons des subventions de fonctionnement. Au début de chaque nouvelle convention et le temps que le budget soit voté, il y a des délais dont elle était parfaitement au fait », justifie Imran Mahamouda Imourana, qui se dit peiné par la situation. « On a toujours collaboré, y compris avec les huissiers » insiste-t-il. Surtout, les affaires laissées n’appartiennent pas directement au syndicat. Mais Anissa Mohadjy se questionne : « s’ils ont les subventions, pourquoi ils ne paient pas ? ». Contacté, le Département indique ne pas avoir d’informations à ce sujet.
Quelle solution ?
Le syndicat souhaite d’abord trouver un autre endroit où stocker ses précieuses affaires laissées dans le local de la rue Pasky, avant de verser les sommes demandées. De son côté, la propriétaire déclare avoir proposé plusieurs solutions, dont la location de conteneurs. « Nous faisons le nécessaire pour trouver un nouveau local. Nous ne pouvons pas nous permettre de prendre des logements par défaut, disponibles rapidement certes, mais très chers », précise Imran Mahamouda Imourana. Le syndicat a organisé un conseil d’administration extraordinaire pour donner l’autorisation au président de la SNT CFE-CGC, Askandari Allaoui, de stocker le matériel pour libérer le local le plus rapidement possible. « Il n’y a aucune résistance, il n’y en a jamais eu et nous sommes totalement transparents », souligne le secrétaire général, qui indique que le versement sera probablement effectué au moment de la récupération du matériel, dont la valeur est supérieure au montant du loyer dû. De son côté, la propriétaire n’exclut pas la possibilité d’attaquer en justice l’organisme.
Fraîchement arrivée sur l’île, je suis journaliste à Mayotte Hebdo et Flash Infos. Passionnée par les actualités internationales et jeunesses, je suis touche-à-tout. Mon allure lente et maladroite à scooter vous permettra de me repérer aisément.