Ce mercredi, l’hémicycle Younoussa–Bamana du conseil départemental accueillait la conférence des aidants familiaux, intitulée « Libérez la parole ». Organisée par la fédération Apajh (Association pour adultes et jeunes handicapés), via la Plateforme d’entraide pour l’autonomie, en partenariat avec l’Agence régionale de santé (ARS), cette conférence permettait aux aidants familiaux de libérer leur parole, pour ainsi mieux comprendre leurs besoins et partager leurs expériences.
« A Mayotte, les besoins sont considérables ». C’est avec ces mots que Jean-Louis Garcia, président de la Fédération Apajh, a introduit la conférence des aidants familiaux, ce mercredi matin. Cette matinée d’échanges s’inscrit dans le cadre du plan anti-chutes des personnes âgées, du plan Agir aidants 2022-2024, ainsi que de la Journée nationale des aidants familiaux. L’île compte, depuis février dernier, une plateforme d’entraide pour l’autonomie, proposée notamment aux aidants familiaux, qui, « souvent n’ont pas de solution de répit », admet Faïza Saïd Omar, coordinatrice de la plateforme. Partant de ce constat, l’Apajh a décidé de mettre en place cette conférence, « pour leur permettre de se livrer et de comprendre quels sont leurs besoins pour travailler sur des solutions concrètes et améliorer leur quotidien », complète-t-elle.
Un combat permanent
Cette conférence a donc permis de donner la parole aux aidants familiaux pour un partage d’expérience avec leurs pairs sur leur quotidien, leurs difficultés et leurs succès. « En libérant la parole des aidants, nous pouvons contribuer à construire un avenir meilleur pour eux et aussi pour notre société », reconnait Djamila Mikidadi, secrétaire générale de l’association départementale des aidants familiaux de Mayotte (Adafm). Ainsi, des débats étaient orientés autour de trois thématiques : aidant d’un proche en situation de handicap ; aidant d’un proche dépendant du fait de l’âge ; santé, épuisement, comment concilier ma vie d’aidant et ma vie professionnelle ? Pour le président de la Fondation, être aidant et avoir la possibilité du répit, « c’est un combat permanent, qu’il faut réussir à gagner dignement ». Cet événement permettait également d’échanger sur la question fondamentale qui touche de près de nombreuses familles, celle « du rôle crucial des aidants familiaux dans notre société », explique la représentante de l’Adafm.
Pouvoir « s’occuper de soi »
Différents témoignages ont émergé dans le public, dont celui de la mère d’un enfant non-voyant, revenu à Mayotte il y a quelques années. Elle, qui témoigne que l’accompagnement d’une personne en situation de handicap est « difficile », ajoute que « c’est une souffrance pour nous, les mamans et parents, mais aussi pour les enfants qui restent enfermés », faisant référence aux manques d’infrastructures adaptés aux personnes aveugles. D’autres témoignages ont eu lieu en visioconférence, comme celui d’une mère ayant dû quitter le territoire pour les soins de son enfant en situation de handicap dépendant de tous les actes de la vie quotidienne. Pour elle, pouvoir profiter d’un dispositif de répit permet de « s’occuper de soi, se poser et se dire que notre enfant est en sécurité avec des professionnels ». Cependant, cette mère de famille regrette d’avoir le sentiment qu’« entre les administrations et la réalité des parents, il y a un écart », en évoquant les dossiers à réaliser auprès des instances publiques.
« Les aidants sont épuisés »
D’après la déléguée générale de l’association « Je t’aide », Morgane Hiron, intervenue en visioconférence, 60 % des aidants français sont des femmes. Parmi ces aidants, 70 % sont en activité professionnelle et « ont des enjeux pour se maintenir dans l’emploi ». Les conséquences pour les aidants peuvent être très variés et intervenir sur la santé physique, mentale ou l’isolement, « puisque moins on a de temps, moins on a de temps aussi pour son cercle social et on s’isole », ajoute la déléguée générale. Toujours d’après cette dernière, 75 % des aidants déclarent du stress et de la fatigue dus à leur rôle d’aidant. « Les aidants sont épuisés », concède-t-elle, en précisant que la fatigue varie selon l’aidant
L’un des freins au répit serait « d’accepter d’avoir besoin d’aide et de répit », mais aussi de pouvoir mettre en place l’organisation des solutions proposées.