Chefs d’entreprises et représentants des salariés ont participé à un séminaire collaboratif, ce mercredi matin, au siège de la Chambre de commerce et d’industrie de Mayotte, pour poser les bases du futur droit conventionnel mahorais. Des réflexions ont été menées sur cinq secteurs d’activités-clés : le BTP, l’hôtellerie-restauration, le transport routier, la sécurité privée et le commerce de détail.
Si le code du travail s’applique à Mayotte depuis le 1er janvier 2018, les conventions collectives demeurent inopérantes sur notre territoire à ce jour. Ceci est amené à changer, et de premières réflexions ont été menées en ce sens, ce mercredi matin, au siège de la Chambre de commerce et d’industrie de Mayotte (CCIM). Les partenaires sociaux étaient conviés par la direction de l’économie, de l’emploi, du travail et des solidarités (Deets) pour faire émerger les bases des futures conventions collectives mahoraises qui devront « à la fois s’articuler sur le droit conventionnel national et s’adapter aux spécificités de Mayotte », indique le préfet Thierry Suquet, en préambule des travaux. « Ce dialogue doit être un levier pour répondre à la demande d’accélération du processus de convergence sociale », argue-t-il.
La soixantaine de participants – représentants patronaux, syndicaux et institutionnels – a été répartie en cinq ateliers consacrés à autant de filières jugées prioritaires : le BTP, l’hôtellerie-restauration, le transport routier, la sécurité privée et le commerce de détail. Pendant trois bonnes heures, les petits groupes ont planché sur leurs sujets respectifs, sous la supervision d’une équipe de l’agence de design collaboratif nod-A. Le but est de proposer des actions concrètes à mener pour garantir le bon déroulement des négociations collectives ultérieures. En bref, il ne s’agit pas encore de discuter les salaires minimums de chaque branche, mais plutôt de créer les meilleures conditions possibles pour favoriser le dialogue social à l’échelle du territoire.
Former les futurs négociateurs
Plusieurs axes transversaux se sont dégagés des différents travaux. La question de la représentativité dans les négociations a été largement abordée. « Mayotte n’a pas l’habitude de l’action collective. La notion de branche est inconnue. Il nous faut donc structurer les filières en tâchant d’identifier tous les acteurs : les gros et les petits ! », plaide Emmanuel Clerc, le directeur général de la Laiterie de Mayotte, rapporteur de l’atelier dédié au commerce de détail. Charles-Henri Mandallaz, président de l’Union des métiers et des industries de l’hôtellerie de Mayotte (UMIH 976), abonde : « Pendant longtemps, on a considéré que les brochettis n’étaient pas des professionnels du secteur de la restauration, alors qu’ils devraient être autour de la table des discussions ! », illustre-t-il. On comprend donc la volonté de chacun de faire en sorte que tous les concernés puissent être impliqués dans les négociations collectives ultérieures. Ensuite, l’ensemble des filières s’accorde sur la nécessité de sensibiliser et former les futurs négociateurs. « Il s’agit de permettre à toutes les parties prenantes d’avoir le même niveau d’information en matière de droit conventionnel », justifie-t-on du côté du groupe consacré au BTP.
« Ce que vous avez fait aujourd’hui, ce n’est rien de moins que la structuration du futur de l’économie locale », fait observer avec enthousiasme Michel-Henri Mattera, le directeur de la Deets, dont le rôle est d’accompagner les partenaires sociaux dans cette démarche, et l’appui très attendu par l’ensemble des partenaires sociaux. « Nous serons au rendez-vous ! », rassure le directeur.