Théâtre : « Elles avant nous », en spectacle à Mayotte

Après une trentaine d’entretiens réalisés avec des femmes mahoraises depuis 2021, Leyla-Claire Rabih présente pour la première fois à Mayotte son spectacle de théâtre documentaire, « Elles avant nous », coécrit avec Morgane Paoli. Ils se jouera au Pôle culturel de Chirongui ces vendredi 22 (pour les scolaires) et samedi 23 mars (tout public).

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Trois comédiennes originaires de Mayotte et des Comores incarneront sur scène les récits d’une trentaine de Mahoraises. Photo Grenier neuf

« La première impulsion c’était : « J’aimerais bien comprendre » », se remémore Leyla-Claire Rabih, metteure en scène en métropole, formée au Conservatoire supérieur Ernst Busch de Berlin. En 2021, elle collabore pour la première fois avec la compagnie Kazyadance sous la direction de Djodjo Kzadi. En déplacement à Mayotte, la spécialisée dans le théâtre documentaire contemporain se pose très vite la question de comment « les jeunes femmes synthétisent les différentes influences historiques et culturelles » dans leurs choix de vie : études, projets, métiers, mariages… Comment elles se définissent et se projettent ? Composent leur liberté, leur autonomie financière… ? Des questions qui aboutissent à la création, en 2024, du spectacle « Elles avant nous », coécrit avec Morgane Paoli. Il sera présenté pour la première fois à Mayotte au Pôle culturel de Chirongui, ce vendredi 22 mars, pour les scolaires, et samedi 23 mars, pour tous.

« Il y a une façon singulière à Mayotte de conjuguer différentes appartenances : à la tradition, la religion, la République française, la modernité », détaille celle qui a contribué, pour faire naître ce spectacle, à interviewer une trentaine de femmes, majoritairement âgées entre 15 et 25 ans, sur deux ans. D’abord au Royaume des fleurs, une école associative de danse, dont la plupart des participantes sont issues du quartier de La Vigie, en Petite-Terre. Et la deuxième étape, en 2022, via un atelier de pratique théâtrale au Pôle culturel de Chirongui, partenaire du projet. « Chacun des récits défaisaient des images toutes faites. Les traditions peuvent aussi être gagnantes de libertés et de pressions à d’autres moments », rend compte la directrice artistique de la compagnie Grenier neuf, implantée à Dijon.

Une résonnance universelle

Ces récits, « tous marquants », sont incarnés par trois comédiennes originaires de Mayotte ou des Comores : Anzmat Ahmadi, Nawoile Said Moulhi et Anturia Soilihi. « Ce ne sont pas des lectures mais un vrai spectacle », prévient Leyla-Claire Rabih, persuadée que les thématiques abordées résonnent plus largement chez « plein d’autres jeunes femmes », comme en banlieue parisienne ou ailleurs en métropole. Il a d’ailleurs déjà été joué sur la scène nationale de Belfort par exemple, mais pas encore à Mayotte. Une seule restitution de récits y avait eu lieu en 2023, lors du festival des Scénographies urbaines, en Petite-Terre : des installations sonores directement placées dans la rue pour faire entendre quelques récits.

« On est très excitées. On est très curieuses de voir la façon dont ça va être perçu, ressenti. On a hâte de discuter le spectacle avec elles », livre la nouvellement nommée directrice de l’Ecole nationale supérieure des arts et techniques du théâtre (Ensatt), qui ne pourra donc être présente à Mayotte en cette fin de semaine. Mais le spectacle, qui mêle aussi des moments de danse, n’a pas fini de vivre : sa forme légère lui permet d’être joué hors-les murs. Comme dans les lycées de Mayotte, envisage la compagnie.

Samedi 23 mars, de 19h30 à 20h30, « Elles avant nous » au Pôle culturel de Chirongui. Réservation en ligne sur le site du lieu culturel.

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