Sur Facebook, Direct Trafic 976 publie de nombreux posts sur les embouteillages et les faits de violence au cours de la jounée. Une page suivie par des dizaines de milliers d’internautes qui est devenue un réflexe avant de prendre la route. Explications avec l’un de ses trois administrateurs, Saifa Hamada, qui se plie en quatre pour offrir toujours plus de réactivité et de véracité dans l’intérêt général de tous.
À Mayotte, les pages d’informations pullulent sur les réseaux sociaux. Délinquance, embouteillages, petites annonces… Le lot de publications affole la toile quotidiennement. Parmi les lanceurs d’alerte, Direct Trafic 976 apporte sa pierre à l’édifice depuis le 3 décembre 2017. À sa tête : Saifi Hamada, Said Yasmine et Brahim Nabil dont le leitmotiv consiste à diffuser les aggressions et les bouchons en cours « pour rendre gratuitement service à la population ».
Policier municipal dans la commune de Chirongui, le premier des trois n’abuse pas pour autant de sa position. « Je fais la part des choses quand je suis au boulot pour préserver le secret professionnel. » Pas question donc de jouer sur deux tableaux dans l’optique de faire le buzz. Par contre, une fois sa tenue de civile sur les épaules, il se met en branle et sillonne personnellement les routes, du Nord au Sud, « 3h ou 5h le soir », voire même « des demi-journées entières ». Commence alors un long travail de fourmis, qui peut s’avérer parfois dangereux, notamment lorsqu’il se retrouve en plein milieu d’un caillassage. « J’avise la police ou la gendarmerie du secteur qui n’est pas forcément au courant pour les renseigner sur le degré des affrontements et leur permettre d’intervenir en conséquence. »
La réactivité, le maître mot
Mais Saifi Hamada n’est pas le seul à mouiller la chemise, puisque le groupe recense plus de 32.000 membres, plus ou moins actifs. « N’importe qui peut poster un message. La réactivité est le maître mot. S’il se passe quelque chose à 7h et qu’il faut attendre 2h pour partager l’information, ce n’est plus d’actualité. » Toutefois, l’ancien militaire du 8ème régiment de parachutistes d’infanterie de marine à Castres joue la carte de la prudence et fait appel à ses contacts dans les communes concernées pour confirmer ou infirmer les dires. « Nous faisons notre possible pour ne pas relayer de fausses rumeurs. Sinon, cela peut donner une mauvaise image ! »
Car le Combanien d’origine le sait, leur mission à tous les trois répond largement à l’intérêt général. « La page est devenue indispensable aux yeux des Mahorais. Nous recevons énormément de témoignages de soutien et de félicitation. À chaque fois qu’un habitant quitte son habitation, il consulte automatiquement les conditions sur les routes. Nous pouvons dire qu’à notre niveau, nous sauvons des vies », dit-il en toute humilité. Heureusement, Saifi Hamada concède que ce n’est pas non plus continuellement l’anarchie aux quatre coins de l’île. « Il y a des jours plus tranquilles que d’autres », sourit-il. « Quand c’est calme, nous faisons des rappels sur la sécurité routière ! » Comme cela devrait être le cas ces derniers jours, confinement oblige… « La circulation a baissé sur Mamoudzou, cela se ressent sur Tsararano et Vahibé. Mais nous avons noté une multiplication des violences urbaines. »
Le pratico-pratique sur Mayotte
D’où l’idée aussi de « balancer » d’autres informations pratico-pratiques, comme l’installation de bornes EDM, les bulletins de l’agence régionale de santé en cette période de crise sanitaire ou encore les communiqués de la préfecture. Un job presque à plein temps qui demande des moyens humains toujours plus conséquents, comme en témoigne le « recrutement » de trois nouveaux modérateurs – Assani Abdallah, Batouli Omar et Zalia Bacar – pour « supprimer certains posts qui ne rentrent dans la ligne directrice et éviter des commentaires haineux ». Aux yeux de Saifi Hamada, un seul objectif prédomine : « Être toujours dans la vérité ! »