De passage à Mayotte, Saïd Larifou, ancien candidat aux élections présidentielles de l’Union des Comores en 2002, est revenu sur les circonstances troubles de la disparition d’Ahmed Abdou, militaire décédé à la suite de son agression envers le président de l’Union des Comores, Azali Assoumani, lors d’une conférence de presse ce mercredi. L’opposant politique condamne les violences de son régime. L’avocat annonce intenter des actions en justice auprès des instances internationales.
Avocat de l’ancien opposant politique devenu Premier ministre de la République du Sénégal, Ousmane Sonko, Saïd Larifou est un opposant politique au régime d’Azali Assoumani, président de l’Union des Comores. De passage à Mayotte, l’avocat et ancien candidat aux élections présidentielles de l’archipel en 2002 a tenu une conférence de presse à l’hôtel Maharajah à Mamoudzou ce mercredi, trois semaines après le décès trouble du militaire Ahmed Abdou auteur d’une agression envers Azali Assoumani.
L’occasion pour le président du parti Rassemblement pour une initiative Démocratique des Jeunes Africains – Parti des Comores pour la Transformation Économique et Sociale (RIDJA PACTEF), de dénoncer les dérives autoritaires du régime comorien : « Le pouvoir en place continue de torturer et de persécuter en toute en impunité. » Le parquet de Moroni, après avoir ouvert une enquête sur les circonstances du décès de l’assaillant, l’a finalement clôturée en « l’absence de blessure ». Une version démentie par la famille. Saïd Larifou demande la réouverture de l’enquête : « Il y a la preuve que ce jeune n’est pas mort naturellement. »
Reconnaître l’autoritarisme du régime comorien
Plusieurs décès sont survenus en détention au sein de l’Union des Comores. En mars 2023, un jeune de 24 ans, nommé Aymane Nourdine, est également décédé pendant sa garde à vue. L’avocat dénombre trente-neuf assassinats commis par le corps militaire, dès l’arrivée au pouvoir d’Azali Assoumani le 26 mai 2016. « Les Comores ne sont pas un pays sûr, on ne peut pas accepter que les juridictions internationales le considèrent comme tel. C’est un pays en plein désordre criminel », tranche le leader du RIDJA PACTEF.
L’avocat souhaite recourir au droit international pour dénoncer le régime. « Il y a des juridictions internationales, il y a des pays qui ont des compétences universelles, tous ces pays-là seront saisis pour dire la vérité. Et nous leur fournirons tous les éléments », ajoute-t-il. Durant ses voyages à Genève (en Suisse) et au Sénégal, il souhaite interpeller l’Union européenne et le Conseil de sécurité de l’ONU et amener des preuves auprès d’ONG comme Amnesty International. Par ailleurs, une rencontre a eu lieu avec le Haut-commissaire des réfugiés aux Nations Unies, Filippo Grandi. « Il faut que les autorités françaises soient vigilantes à cela. On ne peut pas fermer les yeux », déplore Saïd Larifou. Selon ses informations, des gendarmes témoins du drame et des circonstances de la mort d’Ahmed Abdou auraient fui les Comores dans les différentes zones de la région, en Tanzanie, au Rwanda et à Mayotte. « On dit que des jeunes fuient les Comores et viennent à Mayotte, et parfois les autorités françaises pensent qu’il s’agit d’une plaisanterie. C’est une triste réalité », décrit celui qui plaide pour davantage de reconnaissance du statut de réfugié envers les ressortissants comoriens. Une manière de reconnaître le régime autoritaire du président Azali Assoumani sur le plan international. L’avocat attend que sa plainte instruite à la Cour pénale internationale, vieille de trois ans, puisse aboutir.
Journaliste, aussi passionné par les paysages de Mayotte que par sa culture. J’ai toujours une musique de rap en tête.