L’intersyndicale CGT , FO et CFE/CGC a annoncé cette semaine un préavis de grève au sein de la Caisse de sécurité sociale de Mayotte (CSSM) à partir du 3 avril prochain. Un mouvement qui répond à l’appel des syndicats au niveau national. Les agents mahorais ont plusieurs revendications, mais ils demandent notamment l’obtention de la retraite complémentaire engagement qui avait été prise par l’ancienne direction en 2012 lors d’un précédent conflit social. 5 ans après, la demande est restée lettre morte.
La dernière grève importante des agents de la Caisse de sécurité sociale avait duré deux mois. C’était en 2012. Elle avait bloqué tout le système de remboursement des frais de santé et de versement des allocations. Une situation mettant en difficulté des milliers de familles dans l’île.
Déjà à l’époque ce mouvement social portait en partie sur la retraite complémentaire. Force est de constater que rien n’a changé sur ce pointlà depuis 5 ans au grand dam des salariés de l’entreprise publique. C’est donc la raison pour laquelle, ils menacent aujourd’hui de se mettre en grève afin d’obtenir ce qu’il leur avait été promis dans le protocole de sortie de crise de 2012. Les délégués syndicaux se sont réunis à 4 reprises avec l’employeur depuis le début de l’année sans qu’ils trouvent satisfaction.
La demande des agents est simple : ils veulent la même retraite complémentaire que dans toutes les autres caisses de France. Un besoin d’égalité malheureusement récurrent dans divers domaines à Mayotte. Le rattrapage est en cours, mais lent.
À la caisse de sécurité, le problème repose sur la responsabilité que se renvoient diverses instances dirigeantes. En effet, la direction de la CSSM répond à ses agents que c’est l’Agirc-Arco (Association générale des institutions de retraite des cadres – Association pour le régime de retraite complémentaire des salariés) qui doit les intégrer dans leur fédération pour qu’ils bénéficient de la retraite complémentaire. Mais la fédération quant à elle affirme que c’est à l’Union des caisses nationales de Sécurité sociale (Ucanss) de régler le contentieux. Enfin, l’Ucanss renvoie l’intersyndicale vers une solution au niveau local, autrement dit c’est à la direction de la CSSM de trouver une solution. La boucle est bouclée. “Mais les instances locales ne sont pas compétentes pour régler cette question. Or, elle a la possibilité de négocier avec l’Argic-Arco, mais elle refuse de le faire”, explique El Anzize Hamidou, secrétaire départemental de FO Mayotte. “C’est pourtant la direction de la CSSM qui en 2012 a voulu l’égalité entre Mayotte et la métropole en instaurant enfin la mutuelle santé dans le 101ème département. Mais c’est également elle (NDLR : entre-temps le directeur a changé) qui refuse de régler la question de la retraite complémentaire. Il y a une ambivalence dans ces choix” , ajoute El Anzize Hamidou.
Les salariés, fatigués par ce renvoi de la patate chaude, constatent la rupture du dialogue social et être dans l’obligation de passer la seconde. La grève semble inévitable. “C’est quand même incroyable qu’il faille bloquer à chaque fois pour obtenir nos droits”, s’indigne Mariame O usseni déléguée syndicale CFE/CGC. Les syndicalistes demandent donc la tenue d’une réunion nationale avec l’Ucanss et l’Agirc-Arco pour trouver une solution.”Si est fixé pour le mois d’avril, nous ne suspendrons le préavis », promet l’intersyndicale. Dans le cas contraire, tous les services seront bloqués. Si la grève illimitée s’éternise, les agents n’excluent pas une “radicalisation” du mouvement selon le terme employé par El Anzize Hamidou. Cela pourrait donc se traduire par des barrages sur les axes routiers comme à l’accoutumée dans l’île en cas de conflit social. Concrètement, la retraite complémentaire permettrait aux agents de pouvoir doubler leur retraite de base qui est estimée entre 300 et 500 € suivant la catégorie du salarié. Mais même une retraite de 1 000 € avec la complémentaire semble dérisoire au vu de la cherté de la vie dans le 101ème département. La faute à des taux de cotisation retraite encore très faibles ici par rapport à la métropole. La mise à niveau est prévue pour 2036 soit 19 ans ! En attendant, le rattrapage se réalise lentement mais sûrement avec un taux qui augmente d’année en année.
Les autres revendications des agents
L’intersyndicale demande une nouvelle mutuelle se plaignant de l’actuelle à laquelle a souscrit la CSS M à savoir AG 2R. “On ne peut pas utiliser notre carte en métropole”, explique Mariame O usseni du CFE/CGC . Concernant la prime de transport, l’intersyndicale l’estime “dérisoire” par rapport au prix des taxis. Elle demande également une majoration d’interprète, c’est-à-dire une compensation par rapport à la capacité des agents à pratiquer plusieurs langues. “Certains assurés ne parlent pas français donc il faut leur expliquer les démarches en shimaore ou shibushi”, justifie la déléguée syndicale. Enfin, le dernier point porte sur les salaires. Les grévistes demandent le passage à l’échelon supérieur de certains agents et la revalorisation du point, “une valeur qui n’a pas bougé depuis 7 ans ce qui signifie que les salaires sont gelés depuis tout ce temps”, conclut Mariame Ousseni.
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