« De plus en plus de cas d’enfants isolés sur le territoire »

Découvrir le parcours d’un mineur non-accompagné à Mayotte, tel était le but de la journée portes ouvertes organisée ce mercredi matin à Mlezi Maoré. Cet événement, à destination des partenaires de la protection de l’enfance et des acteurs du territoire en contact avec les jeunes, a permis de montrer en toute transparence l’articulation des différents dispositifs du territoire.

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L’objectif de cette matinée d’échanges était de mieux comprendre le parcours d’un mineur non-accompagné et ses différentes étapes.

Le cas des mineurs non-accompagnés est un thème récurrent sur l’île, étant même parfois accusé d’être l’une des sources de la violence que connaît l’île. Un mineur non-accompagné est, par définition, une personne âgée de moins de 18 ans qui se trouve en dehors de son pays d’origine, seul, sans parents, ni représentant légal. Ils sont alors pris en charge par les services de protection de l’enfance. Dans le 101e département, ils proviennent en partie de l’Afrique des Grands Lacs et des Comores. Le conseil départemental de Mayotte est « le donneur d’ordre sur la thématique des mineurs non-accompagnés, car c’est cette institution le chef de file de la protection de l’enfance sur le territoire », explique Chacrina Moussa, directeur du pôle jeunesse de Mlezi Maoré.

Six dispositifs dans la prise en charge

L’objectif de la mise en place de ces six dispositifs est de « réussir, de manière logique et en toute souplesse à articuler un parcours sans rupture, pour permettre à l’enfant de continuer à se développer et de s’épanouir correctement », affirme le directeur de pôle, qui admet « qu’il y a de plus en plus d’enfants en situation d’isolement sur le territoire ».

Le parcours débute par la cellule de recueil des informations préoccupantes (CRIP), de la direction de la protection de l’enfance du conseil départemental de Mayotte. Cette cellule recueille, traite et évalue les informations préoccupantes concernant les mineurs en danger, ou risquant de l’être. En 2022, à Mayotte, 2.300 informations préoccupantes ont été transmises à cette cellule. Parmi elles, 800 concernaient des mineurs non-accompagnés. Ces informations préoccupantes peuvent notamment venir de la permanence sociale de l’association au centre de rétention administrative, qui, en 2022, en a transmis 211.

Évaluation, accompagnement et réunification familiale

L’étape suivante est l’évaluation de la situation de ces mineurs via le service d’évaluation de l’association Mlezi Maoré, qui a évalué 440 mineurs non-accompagnés en 2022. Cette étape permet de « savoir s’ils répondent bien aux trois critères d’isolement, de danger et de minorité », ajoute Chacrina Moussa. Pour lui, l’évaluation est rendue complexe par la peur du mineur « d’être institutionnalisé ». En cas d’orientation en situation d’urgence, le mineur non-accompagné est dirigé vers une mise à l’abri durant 23 jours réglementaires, dans un établissement spécialisé. Une fois réalisée, cette évaluation est transmise à la CRIP, qui statue sur la future prise en charge. « Les équipes de l’association travaillent alors à évaluer et à travailler sur une orientation plus pérenne. Cela peut être un placement en famille d’accueil, en foyer, chez des proches accueillants, un retour familial ou encore le suivi en milieu ouvert », explique le directeur. Lorsque le mineur non-accompagné est inclus dans le dispositif d’accompagnement, est alors mis en œuvre un suivi socio-éducatif pendant douze mois. A la fin de cette période, des préconisations sont rendues, qui peuvent aboutir sur une demande de prolongation, de tutelle, de délégation de l’autorité parentale, de désignation de tiers de confiance ou encore de fin d’accompagnement.

L’un des objectifs de l’association, dans la procédure de prise en charge de mineurs non-accompagnés est de développer le projet de réunification familial, qui a pour but in fine de « réunir les conditions qui permettent un retour des mineurs dans leur famille dans leur pays d’origine », affirme le directeur de pôle.

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